Crise au Venezuela : le président Nicolas Maduro s'accroche au pouvoir et adopte une loi pour museler l'opposition

Soupçonné d'avoir fraudé pour être réélu en juillet 2024, le président Nicolas Maduro fait face à des manifestations qui ne faiblissent pas. Après des émeutes mortelles suivies d'une répression violente, le président durcit les lois autour de la liberté d'opinion.
Article rédigé par Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'opposition vénézuélienne derrière la cheffe de file Maria Corina Machado participe à une manifestation contre les résultats officiels de l'élection présidentielle à Caracas, au Venezuela, le 17 août 2024. (MIGUEL GUTIERREZ / MAXPPP)

Au Venezuela, le président Nicolas Maduro, qui revendique la victoire à la présidentielle du 28 juillet, tente par tous les moyens de s'accrocher au pouvoir. Mardi 20 août, il a décidé de faire adopter par le Parlement un projet de loi "contre le fascisme", un texte jugé liberticide par les défenseurs des droits de l'Homme.

Réprimer les opinions contestataires

Le pouvoir explique que ce texte reprend "le meilleur des lois européennes relatives au phénomène du nazisme et du fascisme". Ce même pouvoir promet aussi, dans les jours qui viennent, une loi concernant les réseaux sociaux. Le réseau X a même été suspendu 10 jours et le président Maduro a lancé un boycott de la messagerie WhatsApp, accusant les deux réseaux d'incitation à la haine.

Le camp au pouvoir s'accroche avec force, et sort l'artillerie lourde avec l'arme de la répression. En effet, l'opposition campe sur ses positions et revendique toujours la victoire. L'opposant Edmundo Gonzalez Urrutia était donné largement gagnant juste avant les élections, et les autorités ont proclamé la victoire du président sortant avec 52% des voix, sans fournir de décompte exact, ni de procès-verbaux des bureaux de vote, assurant avoir été victime d'un piratage informatique.

Edmundo Gonzalez Urrutia "prêt au dialogue" pour reprendre le pouvoir

Edmundo Gonzalez Urrutia continue de revendiquer la victoire avec un suffrage remporté à plus de 60% des voix, selon lui. Il s'est dit "prêt au dialogue" avec le pouvoir en place, proposant de négocier avec Maduro en vue d'une transition démocratique. Il explique que les Vénézuéliens souffrent de vivre dans un pays en crise et sans liberté. Il estime enfin que Maduro ne fait qu'exacerber les souffrances du peuple en s'accrochant au pouvoir.

De plus, le pays a déjà vécu la scène récemment, en 2019. La bataille à l'époque s'était jouée entre le président Maduro et le président de l'Assemblée nationale qui s'était proclamé président par intérim : Juan Guaido. L'opposition s'était finalement usée, peu aidée par les pays occidentaux, qui avaient fait évoluer leur soutien en fonction de la crise pétrolière. Soutenant l'opposition au début de la crise, ils se sont rapprochés petit à petit du pouvoir en place, notamment après le début de la guerre en Ukraine. Le Venezuela a du pétrole et possède quelques-unes des plus grandes réserves au monde.

Une marée noire à gérer

Le sujet est d'ailleurs gravement d'actualité, avec une énorme marée noire qui affecte actuellement la côte nord-ouest du Venezuela. Elle s'étale sur 225 kilomètres carrés, ce qui représente 37 000 terrains de football ! Visible grâce aux images satellites, elle a des conséquences sur la pêche et le tourisme. Les images sont impressionnantes, on peut voir un océan noir longer les côtes et des boulettes énormes envahir les plages de sable.

Résidus d'hydrocarbures sur la plage de Boca de Yaracuy, dans l'État de Falcon, au Venezuela, le 19 août 2024. (GABRIELA PEREZ / AFP)

La compagnie pétrolière publique Petroleos n'a pas fait de commentaire pour le moment. Mais ce n'est pas la première fois que le Venezuela est confronté à ce genre de crise. La vétusté des installations est en cause, ainsi que la mauvaise gestion et la corruption. La production a chuté de 3 millions de barils par jour, il y a plus de dix ans, à 1 million de barils jour aujourd'hui.

Dans ce contexte, on peut se demander si l'urgence pour le pouvoir n'est pas de gérer cette crise écologique qui s'étend sur son rivage, plutôt que de museler une opposition et surtout d'oppresser une population usée par des années de répression et de dictature.

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