Venezuela : Nicolas Maduro, ce président qui donne le tournis à la diplomatie occidentale

Plongé dans une crise politique et économique, le Venezuela était le mauvais élève de l'Amérique du Sud depuis plusieurs années. Aujourd'hui, le pays riche en pétrole est de nouveau fréquentable et son président, Nicolas Maduro, redevient un interlocuteur possible. Mais pour combien de temps ?
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Pancarte tenue lors d'une manifestation soutenant l'Ukraine, à Caracas, le 4 mars 2022. Le président Maduro vient d'accepter des élections en 2024 tout en s'apprêtant à annexer un territoire voisin. (FEDERICO PARRA / AFP)

Depuis 2019, la situation politique au Venezuela était des plus confuses. Avec une réélection frauduleuse du président Maduro qui avait soulevé l'opposition, le pays, en pleine crise économique, s'est retrouvé avec un deuxième président "par intérim", Juan Guaido. Dépourvu de tout véritable pouvoir, ce dernier était néanmoins soutenu par les États-Unis et fut reconnu par plusieurs pays dont la France, après un vain ultimatum de refaire les élections.

Le droit et le pétrole

Mais voilà qu'Emmanuel Macron a téléphoné au président Nicolas Maduro, mercredi 29 novembre. Il l'a encouragé à mettre en œuvre l'accord du 17 octobre dernier, signé avec l'opposition et qui prévoit enfin des élections en 2024. Dans cet accord, il est aussi demandé à ce "cher Président" vénézuelien de libérer les personnes détenues pour des raisons politiques. En échange, la France fera d'ailleurs un petit chèque au fonds social en faveur des populations civiles, géré par les Nations Unies. Emmanuel Macron a rappelé qu'avec le respect de cet accord, l'Union européenne pourrait progressivement lever les sanctions qui avaient été mises en place en 2019.

À l'époque, quand le Venezuela s'était retrouvé avec deux présidents, la bataille était constitutionnelle et Nicolas Maduro s'était mis les démocraties à dos. Cela a entraîné des sanctions et la paralysie de toutes les relations avec son pays pendant plusieurs années. Cette situation a perduré jusqu'à la guerre en Ukraine. À ce moment-là, on s'est souvenu que le Venezuela était un producteur de pétrole. Dans ces conditions, il ne valait mieux pas se fâcher durablement avec lui, surtout en constatant que le prix du baril explosait.

Les démocraties et les annexions

Cependant, ce retour du Venezuela dans les "nations respectables" pourrait n'être que de courte durée. La raison est assez simple : le pays va organiser, dimanche 3 décembre, une sorte de référendum dans le but d'annexer toute une partie du Guyana, pays frontalier qui dispose de réserves de pétrole immense. Le territoire disputé représente quand même 160 000 km2, l'équivalent d'un tiers de la France. Le Venezuela envisage donc de reprendre par la force toute cette région, ce qui pourrait à nouveau créer des tensions.

Le président Emmanuel Macron a évoqué le sujet, lors de sa conversation téléphonique, hier avec le président Maduro. Il a rappelé l'attachement de la France à la paix et à la sécurité dans la région, en évoquant le respect des principes de souveraineté et d'intégrité territoriale. On le voit, l'ami Venezuela n'est pas facile à gérer et semble donner le tournis aux diplomates occidentaux. À peine réintégré dans les pays fréquentables, il pourrait vite redevenir le paria que l'on connaissait.

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