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L'Afrique face à une série de tests démocratiques

En l'espace de cinq jours, coïncidence des dates, le continent africain va vivre trois élections qui ont valeur de tests démocratiques.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les deux candidats finalistes à Madagascar lors d'un débat en décembre 2018.  (GIANLUIGI GUERCIA / AFP)

Trois scrutins vont se dérouler dans trois pays francophones africains dans les prochains jours, et il y a beaucoup d’inquiétude à la clé. Premier scrutin, ce sera mercredi 19 décembre, à Madagascar, la grande île du Sud Est de l’Afrique qui compte 25 millions d’habitants. C’est le second tour de la présidentielle. Face à face les frères ennemis de la classe politique malgache, tous deux anciens présidents : le riche homme d’affaires Marc Ravalomanana et l’ancien disc-jockey Andy Rajoelina. Ils sont arrivés largement en tête au 1er tour après avoir arrosé les électeurs de cadeaux clientélistes : des machines à coudre, des motos, des kits d’écolier, etc. Le tout avec des moyens indécents au regard de la pauvreté qui frappe l’île : Madagascar est l’un des 20 pays les plus pauvres du monde. Il n’y a pas de crainte particulière sur le déroulement du vote à proprement parler. En revanche, comme les deux hommes se détestent, il est possible que le vaincu ne reconnaisse pas sa défaite. Avec un vrai risque de violence à la clé. Paris va surveiller avec attention, car il y a près de 20 000 Français et 750 entreprises françaises à Madagascar.  

Frères ennemis à Madagascar et boycott au Togo

Jeudi 20 décembre, nouvelle élection, cette fois au Togo : et là, autant le dire franchement, ça ne se présente pas bien. Le Togo, 8 millions d’habitants, petit pays du centre de l’Afrique qui donne sur le golfe de Guinée. Là encore, l’un des pays les plus pauvres de la planète. Il s’agit d’élections législatives et l’opposition boycotte le scrutin. Elle estime, non sans raison, que la transparence du vote n’est pas assurée. Plusieurs incidents violents ont émaillé la campagne, les derniers en date ont vu la mort de 4 personnes le week-end dernier. Il est fort probable que l’Union Européenne et l’ONU ne reconnaissent pas les résultats du vote. Il faut dire qu’au Togo, le président Faure Gnassingbé contrôle tous les leviers du pouvoir. Il a succédé à son père en 2005 et il entend conserver ses fonctions jusqu’en 2030. Il n’a que faire de la limitation des mandats que réclame l’opposition. Imaginez que 90% des Togolais n’ont jamais connu que la famille Gnassingbé au pouvoir. C’est une caricature.  

Opportunité historique pour la RDC

Enfin dimanche 23 décembre, le troisième scrutin ce sera l'élection présidentielle dans la vaste République Démocratique du Congo. C'est l’enjeu symbolique le plus fort. D’abord parce que la RDC est très peuplée : plus de 80 millions d’habitants, c’est le plus grand pays francophone au monde. Et surtout parce que c’est une occasion unique d’une transition pacifique. Depuis l’indépendance, il y a près de 60 ans, ça ne s’est jamais produit en RDC. Cette fois, deux ans tout de même après la fin théorique de son mandat, Joseph Kabila a choisi de ne pas se représenter. Il a quand même désigné un dauphin, son ancien ministre de l’Intérieur. La mise en place de machines à voter a jeté une certaine suspicion sur le scrutin et les violences ont fait six morts ces trois derniers jours. Mais l’opposition a, globalement, pu mener campagne, et elle présente plusieurs candidats solides, notamment Martin Fayulu. Dimanche, toute l’Afrique va donc regarder avec attention la République Démocratique du Congo.    

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