Pizzas Buitoni : "Moisissures, souillures, mites", des manquements d'hygiène signalés depuis 10 ans
Le groupe Nestlé avait déjà écopé d'un "avertissement" de la part de la Répression des fraudes en 2020 après plusieurs "manquements" d'hygiène constatés à l'usine Buitoni de Caudry au coeur d'un scandale à la contamination à la bacterie E. coli qui a causé la mort de deux enfants mi-février.
L'usine Buitoni de Caudry (Nord), au coeur d'un scandale sanitaire depuis la mi-février et la mort de deux enfants infectés par la bactérie Escherichia coli, avait fait l'objet de différentes alertes depuis dix ans. Selon des rapports révélés mercredi 15 juin par le média d'enquête Disclose et que franceinfo a pu consulter, la Répression des fraudes a pointé des "manquements" d'hygiène en 2012 et 2014, avant d'adresser en 2020 un "avertissement" au groupe Nestlé, propriétaire de la marque Buitoni et de ses pizzas Fraîch'up mises en cause.
À chaque fois, les agents de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) du Nord rattachée à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) alertent sur la présence de "moisissures", de "rouille", ou encore de "souillures marron" du sol au plafond. De la glace se forme autour des portes de congélateurs suspectées de ne plus être "hermétiques" et des "mites alimentaires" grouillent sur la ligne de production des pizzas.
Selon un porte-parole de la DGCCRF à l'AFP, le couperet a fini par tomber en septembre 2020 avec un "avertissement" suivi d'une contre-visite en mars 2021. Le géant suisse de l'agroalimentaire semblait alors s'être mis en conformité avec les règles d'hygiène.
Des contrôles pas si inoppinés que Nestlé l'affirme
Le 31 mars dernier pourtant, deux semaines après avoir finalement été identifié comme la source du scandale sanitaire qui a fait deux enfants morts, la direction de Nestlé France assurait que les photos de sols jonchés de déchets alimentaires et de cuves débordant de pâte qui circulaient sur internet "ne représente pas l'état normal, habituel ou acceptable de l'usine" et que les derniers contrôles, inopinés selon elle, de la DDPP n'avaient d'ailleurs rien relevés d'anormal. Les rapports révélés mercredi montrent le contraire. Par ailleurs, selon la DGCCRF, le contrôle de septembre de 2020 et la contre-visite de mars 2021 n'avaient rien d'inopinés. Ils avaient été annoncés 48 heures à l'avance à la direction de l'usine de Caudry en raison du télétravail lié à la crise sanitaire.
En mars 2022, lorsque les inspecteurs sont retournés dans l'usine de pizzas après le scandale, ils constatent "une très nette dégradation des conditions d'hygiène" par rapport à leurs deux passages précédents. La préfecture du Nord a fini par interdire l'activité par arrêté du 1er avril. Une information judiciaire est en cours à Paris notamment pour homicide involontaire et blessures involontaires.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.