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"Shrinkflation" : une enquête de la Répression des fraudes confirme que plusieurs entreprises réduisent les quantités sans informer les consommateurs

La Répression des fraudes a détecté des anomalies dans 11% des commerces visités et dans sept des 31 usines contrôlées.
Article rédigé par Sophie Auvigne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (MARTIN ROCHE / OUEST-FRANCE / MAXPPP)

Une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) confirme que plusieurs entreprises réduisent les quantités de certains produits sans baisser le prix ou sans en informer les consommateurs, a appris mercredi 18 janvier franceinfo auprès du cabinet d'Olivia Grégoire, ministre déléguée au Commerce et à la consommation, confirmant une information du MondeCe procédé marketing, appelé "shrinkflation", (contraction du mot anglais shrink, rétrécir, et d'inflation) n'est pas nouveau, mais tend à s'amplifier, alors que les industriels voient leurs coûts de production s'envoler. 

>> Shrinkflation : "10% des établissements n’avaient pas fait changer le prix au kilo quand la quantité du produit avait diminué", indique Olivia Grégoire

La Répression des fraudes a ouvert une enquête en fin d'année 2022 dans des usines de conditionnement. Elle a pu comparer les quantités indiquées sur les emballages et le poids réel des produits. L'enquête a aussi été menée dans les magasins d'alimentation afin de s'intéresser aux étiquettes de ces produits.

La Répression des fraudes a détecté des anomalies dans 11% des commerces visités et dans 7 des 31 usines contrôlées. Ces anomalies concernent surtout des tablettes de chocolat, des produits ménages et d'hygiène, mais aussi des yaourts, de la farine, du café, du sucre, des charcuteries, des pâtes, du lait et des frites. Selon Bercy, contacté par franceinfo, ne sont pas concernés les plats préparés ou l'alimentation animale.

Deux pistes étudiées par Bercy   

Ces pratiques relèvent surtout de "négligence nuisant à la bonne information des consommateurs", selon Bercy. En effet, quand le nouveau poids est indiqué, mais pas mentionné comme étant une nouveauté, certains clients ne remarquent pas ce changement de format. En revanche, lorsque la nouvelle quantité réduite n'est pas du tout signalée, la plupart des marques se défendent de toute tromperie. Elles expliquent ne pas indiquer ces changements de poids en raison des coûts de modification des étiquettes ou des emballages.

Pour remédier à ce manque de transparence, le ministère de l'Économie étudie deux pistes : compléter le site signalconso.gouv.fr avec une application mobile afin de permettre aux consommateurs de dénoncer un problème en temps réel. L'autre idée dans les tuyaux est de demander à la grande distribution d'afficher clairement les modifications de poids ou de quantité.

L'association Foodwatch réclame "plus de transparence"    

Il faut "informer en toute transparence le consommateur quand il y a un changement de format" des produits "pour qu'il puisse faire ses achats en conscience", plaide mercredi le responsable de campagnes chez Foodwatch, Camille Dorioz, qui salue l'enquête réalisée à la fin de l'année 2022 par la DGCCRF.

Il dénonce à travers cette pratique une "inflation masquée". "Changer le poids en catimini, pour augmenter le prix au kilo sans changer le prix à l'unité, ça énerve le consommateur", lance-t-il.

Foodwatch réclame donc "un affichage clair sur les produits lors du changement de format". "Il faudra sûrement passer par quelque chose d'obligatoire, par de la réglementation", estime le responsable de campagne. Il considère que "la transparence aura la vertu de donner aux consommateurs le choix de continuer à consommer ce produit ou à se tourner vers la concurrence".

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