Covid-19 : ce que l'on sait de la situation en Moselle, où plusieurs centaines de cas de variants ont été identifiés ces derniers jours
Trois cents cas de contamination aux variants apparus en Afrique du Sud et au Brésil ont été recensés en quatre jours dans le département. Plusieurs voix s'élèvent pour réclamer des mesures immédiates, dont un confinement local.
Nouveau foyer d'inquiétude. Après Dunkerque (Nord) et sa région touchées par une accélération des contaminations due à la présence du variant identifié en Angleterre (B.1.1.7), la Moselle est scrutée avec attention. Trois cents cas de contamination aux variants du coronavirus identifiés en Afrique du Sud (B.1.351) ou au Brésil (B.1.1.248) ont été recensés en quatre jours dans le département. Franceinfo fait le point sur cette situation "plus inquiétante", comme l'a qualifiée Olivier Véran, jeudi 11 février.
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Une explosion des cas soudaine...
"Nous avons identifié dans ce département de la Moselle plus de 300 cas de mutations évocatrices de variants sud-africain et brésilien ces quatre derniers jours, et (...) il y avait déjà 200 cas supplémentaires identifiés les jours précédents", a indiqué jeudi le ministre de la Santé au cours d'une conférence de presse.
Le nombre de cas de variants a grimpé en Moselle pour représenter 35% des personnes testées positives, rapporte Le Républicain Lorrain. Ce pourcentage grimperait même "à près de 40%" des cas positifs pour le variant B.1.351, rapporte Patrick Weiten, président du conseil départemental de Moselle, toujours auprès du quotidien régional.
Le ministre @olivierveran indique qu'en moselle on détecte 300 cas évocateurs de variants BZ et SA. L'incidence dans ce département est élevée et en hausse. https://t.co/T0e9upjWH9 pic.twitter.com/Ox85KXlXwT
— GRZ - CovidTracker (@GuillaumeRozier) February 11, 2021
Les autres départements français sont beaucoup moins touchés par ces deux variants, avec entre zéro et "près de 40 cas" (en Dordogne), et une proportion "de l'ordre de 4% à 5%" de l'ensemble des cas positifs à l'échelle du pays, a précisé jeudi le ministre de la Santé. Ces deux variants touchent "essentiellement l'Est du département, la région de Forbach et Saint-Avold", détaille à franceinfo François Braun, président du Samu urgences de France et chef du pôle urgences et du Samu du CHR Metz-Thionville. Il constate que "les patients présentent des pathologies tout à fait semblables à celles de la souche initiale et ils sont traités exactement de la même façon".
Face à l'urgence, Olivier Véran se rend sur place vendredi pour "évaluer la situation, échanger avec l'ensemble des élus du territoire, les acteurs de santé, le préfet, les responsables de l'Agence régionale de santé, et mener une concertation afin d'anticiper les réponses qu'il nous faudra trouver collectivement." Concrètement, la présence de ces deux variants a déjà entraîné la fermeture d'une dizaine établissements scolaires en Moselle, indique France Bleu.
... mais encore inexpliquée
"On ne peut en tirer aucune conclusion, on n'en est qu'à la constatation", a assuré jeudi sur franceinfo François Grosdidier. C'est "bien trop prématuré" pour expliquer cette forte présence des variants B.1.351 et B.1.1.248, selon le maire LR de Metz. "On l'a remarqué, on le sait, on le voit. Les autorités sanitaires ne nous ont livré aucune analyse non plus", explique-t-il. Il n'y a "pas d'explication claire" à cette présence accrue, abonde François Braun. Parmi les pistes évoquées, "la proximité avec le Luxembourg et l'Allemagne peut en être une", avance-t-il.
Une hypothèse réfutée par l'élu de Metz. "Ce n'est pas le cas chez nos voisins luxembourgeois et sarrois", nuance François Grosdidier. "Personne ne peut affirmer d'où proviennent ces contaminations. Le Luxembourg teste et vaccine massivement, y compris les frontaliers", insiste Patrick Weiten dans les colonnes du Républicain Lorrain. Lors de sa conférence de presse, Olivier Véran a lui-même indiqué que ces cas ne peuvent pas tous être reliés à des clusters, à des voyages à l'étranger ou à des contacts avec des personnes ayant voyagé.
"Il faut analyser ce qui se passe [en Moselle]. A ma connaissance, pour l'instant, cela [les nombreux cas de variants] ne s'accompagne pas d'une augmentation du nombre d'hospitalisations", a tempéré Alain Fischer, vendredi sur franceinfo. "Mais il faut suivre ce qu'il en sera, parce que c'est le meilleur paramètre sur la maladie." Le président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale estime qu'il y a deux possibilités concernant l'évolution de l'épidémie dans le département : "Soit c'est un rééquilibrage dans la compétition entre les virus, et le variant sud-africain gagne du terrain sans que cela ne change quoi que ce soit au développement de l'épidémie. Soit cela s'accompagne d'un excès de cas, ce qui n'est pas du tout la même chose. C'est ça qu'il faut analyser".
Des divergences sur les mesures à adopter
Comment lutter contre cette propagation inquiètante ? Les avis, comme les solutions, divergent. "Cela fait des semaines que je demande un confinement, un vrai, comme en mars-avril", clame François Grosdidier, qui juge le couvre-feu à 18 heures "sans bénéfice sanitaire". Sur franceinfo, il a appelé à un confinement "limité dans l'espace et dans le temps, mais qui soit fort". Selon lui, "les collégiens, les lycéens devraient rester à la maison, on aurait dû anticiper les vacances scolaires", alors que celles-ci ne commencent théoriquement que le 20 février dans l'académie de Nancy-Metz (zone B).
Metz subit "une explosion des cas chez les 10-20 ans", avance le maire au Républicain Lorrain. "Je comprends les risques liés au décrochage scolaire, mais il faut bien reconnaître qu'il est très difficile de faire respecter les gestes barrières dans nos écoles, collèges et lycées. Et aujourd'hui, nous n'avons plus d'autre choix que de les fermer", a-t-il plaidé.
Le reconfinement du département proposé par le maire de Metz est, en revanche, plus discuté. Le président du conseil départemental prône sur franceinfo la mise en place de mesures intermédiaires "indispensables". "On parle d'avancer d'une semaine les vacances scolaires dès ce soir [vendredi]. Cela fait partie des propositions et on attend que le ministre nous donne des informations cet après-midi. Le deuxième point, c’est un couvre-feu le week-end dès samedi à 14 ou 16 heures", indique Patrick Weiten. "D'un point de vue sanitaire, bien sûr, on sait que le reconfinement fonctionne, observe pour sa part François Braun sur franceinfo, mais on sait bien qu'il y a d'autres considérations, économiques."
"La Moselle est un département frontalier, qui travaille beaucoup avec le Luxembourg. Beaucoup de Mosellans travaillent au Luxembourg tous les jours. Est-ce que dans ces cas-là, il est possible de ne confiner que le département ? Ça me semble assez compliqué."
François Braun, chef du pôle urgences et du Samu du CHR Metz-Thionvilleà franceinfo
Quant à fermer la frontière avec le Luxembourg, c'est une option compliquée "parce que le système de santé luxembourgeois s'appuie sur énormément de professionnels de santé qui vivent en Moselle". Le député LREM Ludovic Mendes a évoqué "des mesures de freinage" qui seront prises "en concertation avec les élus locaux", le préfet et le ministre de la Santé vendredi.
La circulation des variants & en #Moselle est inquiétante.
— Ludovic MENDES (@ludovicMDS) February 11, 2021
300 cas de mutations ont été détectés ces 4 derniers jours.
Des mesures de freinage seront prises, en concertation avec les élus locaux, @Prefet57, et @olivierveran dès demain. https://t.co/LMjXx448CZ
Pour Patrick Weiten l'issue passe par une vaccination massive. "Il n'est pas normal que la Moselle en soit aujourd'hui comme les autres territoires à 3% de sa population vaccinée. Il faut prendre en compte notre situation sanitaire, notre spécificité géographique (...) et notre forte population d'un million d'habitants (...) La solidarité nationale doit jouer à plein si on veut enrayer au plus vite cette situation", clame-t-il au Républicain Lorrain.Toutefois, les deux variants qui se répandent dans le département pourraient également être "moins sensibles à certains vaccins disponibles" et "échapper aux anticorps fabriqués" par les personnes guéries du Covid-19, a souligné Olivier Véran.
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