Mesures du gouvernement contre le narcotrafic : "Je note quelques points positifs, mais on n'est clairement pas à la hauteur", juge la maire d'Echirolles Amandine Demore

"Le deal, aujourd'hui, n'est plus du tout sous contrôle. Et on est quelque part sous un narco-État", déplore l'élue PCF, vendredi sur franceinfo.
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La maire PCF d'Échirolles (Isère), Amandine Demore, le 21 août 2024. (MAXIME GRUSS / AFP)

"Je note quelques points positifs, mais on n'est clairement pas à la hauteur", a jugé vendredi 8 septembre sur franceinfo Amandine Demore, maire PCF d'Echirolles (Isère), après les mesures annoncées par les ministres de la Justice et de l'Intérieur pour lutter contre le narcotrafic. Didier Migaud et Bruno Retailleau ont appelé vendredi à Marseille à "faire front commun" et à agir "vite" dans la lutte contre le narcotrafic, érigée en "cause nationale". Les deux ministres ont dévoilé leur plan contre la criminalité organisée dans la cité phocéenne, théâtre d'une guerre de territoire sanglante entre gangs de narcotrafiquants. 

"Je suis quand même un petit peu déçue, avoue Amandine Demore. Ce que je retiens de cette conférence de presse, c'est un aveu d'échec des actions qui ont été menées ces dernières années", constate l'élue de l'Isère. "Le deal, aujourd'hui, n'est plus du tout sous contrôle. Et on est quelque part sous un narco-État." Elle entend rappeler que les élus locaux sont "en première ligne". "On subit les conséquences et les habitants et habitantes subissent les conséquences aujourd'hui." Depuis le début de l'année, une vingtaine d'épisodes de violence par arme à feu liés au trafic de drogue a été recensée sur le territoire de Grenoble et d'Echirolles.

Le trafic de drogue, une "pieuvre"

À Marseille, les ministres ont indiqué que la lutte contre le narcotrafic serait très longue et que cela prendrait plusieurs années. "Je ne sais pas si c'est un très bon message d'envoyer ça aux habitants et habitantes qui le subissent au quotidien, quand on parle de 10, 15 ou 20 ans", délai estimé par le ministre de l'Intérieur, déplore Amandine Demore. Elle note qu'il y a la volonté de "renforcer les moyens dédiés". Mais ce que les élus locaux demandent "sur le terrain, ce sont des effectifs supplémentaires, c'est de retrouver cette police de proximité, de retrouver aujourd'hui des agents de terrain. 

"Et là, je n'ai vraiment rien vu de bien concret dans ce qui a été annoncé."

Amandine Demore, maire PCF d'Échirolles

sur franceinfo

Bruno Retailleau a notamment comparé le trafic de drogue à une "pieuvre" partant de Marseille qui est en train "de conquérir des villes moyennes partout en France". "Je ne sais pas si tout part de Marseille, parce que je ne suis pas une grande spécialiste nationale. Mais ça part de plein d'endroits", estime de son côté la maire d'Echirolles. "Oui, il y a aujourd'hui une organisation du trafic de stupéfiants. C'est une structure très mafieuse, très tentaculaire. Sur le constat, je partage complètement."

Amandine Demore salue "certaines mesures", annoncées par les ministres comme "l'interdiction de paraître sur les points de deal", mesure "déjà en cours" sur le territoire d'Échirolles. "C'est une très bonne mesure, mais on voit qu'avec le système d'organisation aujourd'hui du trafic de stupéfiants, cela a ses limites, vu le mode d'organisation aujourd'hui."

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