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Ebola : les résultats "très prometteurs" d’un vaccin testé en Guinée

La revue médicale britannique The Lancet a publié ce vendredi les résultats "prometteurs" de tests d’un vaccin contre le virus Ebola. L’essai clinique débuté le 7 mars dernier en Guinée s’est révélé "très efficace" selon l’OMS.
Article rédigé par Leticia Farine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (L’autorité nationale de réglementation des produits médicaux et le Comité national d’éthique de la Guinée ont approuvé la poursuite de l’essai clinique en Guinée. © Maxppp)

En mars 2015, l’Organisation mondiale de la santé annonçait la mise en place d’un essai clinique en Guinée "pour tester l’efficacité théorique et réelle du vaccin VSV-EBOV"  contre le virus Ebola. Ce dernier a été mis au point par l’Agence de la santé publique du Canada avant que le vaccin ne soit donné sous licence aux laboratoires américains Merck & Co et NewLink Genetics Corp . Ce vendredi 31 juillet, la revue médicale britannique The Lancet dévoile les résultats très prometteurs de cet essai. Une bonne nouvelle et une avancée historique dans le combat contre le virus Ebola, que l'OMS a tenu à partager sur son compte Twitter :

4.000 bénévoles guinéens ont participé à l’essai

Défini comme un essai clinique de phase III, il devait se faire sur un grand échantillon de patients représentatifs de la population de malades à laquelle le traitement est destiné. Ainsi, c’est dans la région de Basse Guinée - qui a dénombré le plus grand nombre de cas du virus - que s’est déroulée la vaccination.

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Des milliers de bénévoles guinéens ont décidé d’y participer. "A ce jour plus de 4.000 contacts proches de près de 100 patients atteints du virus Ebola, dont des membres de la famille, des voisins et des collègues, ont volontairement participé à l’essai" , indique l’OMS vendredi dans un communiqué. "C’est le cadeau de la Guinée à l’Afrique de l’Ouest et au monde" , a déclaré le Dr Saboka Keita, coordinateur national de la riposte à Ebola en Guinée.

La méthode de "vaccination en ceinture"      

Basée sur la stratégie d’éradication de la variole, la méthode adoptée pour l’essai est celle de la "vaccination en ceinture" . Alors, de quoi s’agit-il ? "Notre hypothèse de base est qu’en vaccinant toutes les personnes qui ont été en contact avec un sujet infecté, on crée une ‘ceinture’ de protection qui permet d’enrayer la propagation du virus" , décrypte John-Arne Rottingen, président du groupe de pilotage de l’étude et directeur de la division de la lutte contre les maladies infectieuses à l’Institut norvégien de santé publique.

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L’attribution du traitement s’est faite de manière aléatoire (par randomisation) pour éviter toute erreur lors de la sélection des sujets à vacciner. Une telle erreur conduirait à ce que les sujets observés ne constituent pas un groupe témoin représentatif de la population de malades à laquelle le traitement est destiné. Afin que tous les contacts de patients soient vaccinés pendant l’essai, la moitié des "ceintures"  a été vaccinée peu de temps après l’identification d’un cas et l’autre, au bout de trois semaines, précise le communiqué. En parallèle de ce vaccin, le directeur de Médecins sans frontière Bertrand Draguez, souligne qu'un essai à l'attention des intervenants en première ligne pour aider et s'occuper des malades est en train d'être mené. 

Un vaccin à l’efficacité de 100% ?

Les premiers résultats révélés dans la revue The Lancet , dévoilent que le vaccin VSV-ZEBOV a montré une efficacité de 100% au cours des 10 jours suivant son administration chez une personne en contact avec des malades, mais non-infectée. "C’est une avancée très prometteuse (…) Un vaccin efficace sera une arme supplémentaire très importante dans la lutte contre l’actuelle flambée d’Ebola et les flambées futures" , a commenté vendredi lors d'une conférence de presse Margaret Chan, directrice générale de l’OMS. Cette dernière a souligné l'importance de la coopération internationale qui a permis de développer un tel vaccin. De plus, elle a ajouté que des procédures internes étaient à l'œuvre pour répondre plus rapidement à toute urgence qui pourrait se déclarer. 

Néanmoins, l’organisation se veut prudente et déclare qu’il faudra attendre de disposer de "données plus concluantes pour savoir si le vaccin peut conférer une ‘immunité collective’ à des populations entières" . L’épidémie d’Ebola s'était déclenchée en décembre 2013 au sud de la Guinée, elle a fait plus de 11.279 morts sur plus de 27.748 cas recensés, dont la majorité venant de Guinée, Sierra Leon et du Liberia, d’après les chiffres de l’OMS. 

 

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