: Témoignage "Je me suis dit que c'était un copier-coller" : un père s'indigne d'avoir reçu une lettre du rectorat de Versailles semblable à celle reçue par les parents de Nicolas
Le rectorat de Versailles est une nouvelle fois pointé du doigt pour un courrier adressé à des parents. Cette fois, l'affaire concernant un animateur périscolaire accusé d'agression sexuelle par une élève de 11 ans à Andrésy (Yvelines). Après avoir signalé les faits au rectorat, Antoine, le père de la petite fille, s'était étonné dans un mail du manque de réaction de la part, notamment, de la direction de l'école. Il a reçu une réponse du rectorat, deux mois après. Dans ce courrier, les mêmes mots que ceux de la lettre envoyée aux parents de Nicolas, cet adolescent harcelé qui a fini par se suicider début septembre. Antoine a accepté de témoigner, vendredi 22 septembre sur franceinfo. Il dénonce "le côté systémique de ce genre de réponse, le côté absurde, inhumain" et assure qu'à aucun moment, il n'avait "proféré de menaces".
Dans cette lettre, le rectorat de Versailles enjoint à nouveau les parents à "adopter une attitude constructive et respectueuse", envers les personnels de l'Éducation nationale. Des courriers du même type ont été envoyés à d'autres familles, a reconnu le ministère auprès de franceinfo.
franceinfo : Comment se sont passées les choses pour vous ?
Antoine : Mi-mai, je reçois un courrier de l'Académie de Versailles. C'est celui qu'ont reçu les parents de Nicolas, à la différence près qu'ils ont gommé "harcèlement" et mis à la place "attouchements sexuels". J'ai une très grosse incompréhension à la première lecture parce qu'ils indiquent qu'il est apparu que la procédure en vigueur, dans ce cas de figure, a été totalement respectée. Mais selon moi, non, elle n'a pas du tout été respectée, puisque nous n'avons pas été avertis que notre enfant a été interrogé par une personne extérieure à l'école, sous la responsabilité de la directrice. La police n'est pas avertie, le procureur n'est pas averti, la hiérarchie de l'Éducation nationale n'a pas été avertie, donc selon moi, il y a un problème.
"Dans un premier temps, je ne comprends pas cette lettre. En relisant, je me rends compte qu'elle est très vindicative, que ce sont des menaces à peine voilées de poursuites pour protéger le personnel."
Antoineà franceinfo
À quel moment, avez-vous fait le rapprochement avec la lettre envoyée aux parents de Nicolas ?
Quand elle a été diffusée il y a quelques jours. J'ai entendu la lecture d'un certain nombre d'extraits et c'est mot pour mot ce que j'ai dans ma lettre. Cela a rouvert un certain nombre de colères. Je me suis dit que c'était un copier-coller, qu'ils faisaient ça à la chaîne. Ils ne réfléchissent pas à la situation, il n'y a aucune empathie, aucune humanité, on ne cherche pas à savoir où est la faute, où est le problème, les difficultés. Vous, parents, restez à votre place et taisez-vous !
À qui en voulez-vous ?
J'en veux au rectorat de ne pas s'être mis dans notre position et de ne pas comprendre que face à ce genre d'événements, au manque d'explications, on ne peut que ressentir de la colère, du moins de l'énervement. Je n'ai pas proféré de menaces contre la directrice. J'ai simplement dit que pour moi, il y avait non-assistance à personne en danger et que j'allais déposer une plainte contre X pour faire la lumière là-dessus. J'en veux indirectement à la directrice. Je peux comprendre que dans ce genre de situation on puisse paniquer, ne pas se sentir à l'aise avec le sujet, ne pas savoir quoi faire. La directrice nous aurait appelés pour nous dire qu'elle ne savait pas quoi faire, qu'elle avait paniqué, qu'elle aurait dû nous appeler, pour moi, il n'y avait pas besoin d'autres explications et on passait à autre chose.
Que signifie ce courrier pour vous ?
Cela dénote d'une légèreté assez folle, d'une non-prise en compte des situations personnelles. Je pense que c'est fait à la chaîne : une personne reçoit ça dans sa boîte mail et fait des copier-coller. Il n'y a peut-être pas de moyens, d'agents et pas de temps pour enquêter, ou appeler les parents pour essayer d'avoir des explications. J'ai cherché à contacter le médiateur, mais je n'ai pas eu de retour. Le témoignage que je fais, ce n'est pas à titre personnel, c'est pour démontrer le côté systémique de ce genre de réponse, le côté absurde, inhumain. On n'est pas les seuls parents à avoir ce genre de courrier, je pense que c'est un courrier type qui est envoyé dès qu'un parent ose poser une question.
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