Témoignages "Il y a une confession qui est proposée, mais elle n'est pas obligatoire" : face à la polémique, des élèves de l'école Stanislas racontent

D'après un rapport de l’Éducation nationale, le groupe privé Stanislas, où sont scolarisés les enfants d'Amélie Oudéa-Castéra, ne respecte pas son contrat avec l'État et flirte avec l'intégrisme catholique. Franceinfo a donné la parole aux élèves.
Article rédigé par Boris Loumagne
Radio France
Publié Mis à jour
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L'entrée du collège privé Stanislas, dans le 6e arrondissement de Paris, le 17 janvier 2024. (THOMAS SAMSON / AFP)

Le très chic établissement catholique Stanislas, à Paris, est au cœur de la polémique ces derniers jours, depuis que la nouvelle ministre de l'Éducation, Amélie Oudéa-Castera, a indiqué y scolariser ses trois enfants. Depuis, surtout, la publication d'un rapport très critique émanant de l'inspection générale de l'Éducation nationale. Ce document, révélé par Mediapart et dont franceinfo a eu connaissance, pointe des "dérives homophobes et sexistes" au sein du groupe scolaire. L'établissement est accusé également de ne pas respecter certaines conditions du contrat le liant avec l'État. Les élèves ont-ils observé eux aussi ces dérives ? 

Des cours de catéchisme obligatoires, pas d'homophobie selon les élèves

En France, aucun établissement privé sous contrat ne peut obliger ses élèves à assister à des cours de religion. Ils doivent rester facultatifs. Or, d'après le rapport de l'Éducation nationale, le catéchisme est obligatoire au collège et au lycée Stanislas."Oui, c'est obligatoire, confirme une collégienne, c'est dans notre emploi du temps, on a une heure par semaine. Il y a des personnes dans ma classe qui sont athées, soit elles n'écoutent pas parce que ça ne les intéresse pas, soit elles débattent."

"Même parfois on s'intéresse aux autres religions. On n'est pas que fixés sur nous."

Une collègienne de Stanislas

à franceinfo

Une obligation, donc, qui n'a toutefois pas l'air de gêner Timothée, en terminale. "Je ne trouve pas ça choquant, surtout qu'à aucun moment on nous oblige à en parler, à nous confesser. Il y a une confession qui est proposée, mais on n'est jamais obligés de faire ça", contrebalance-t-il.

C'est toutefois lors d'un de ces cours qu'un intervenant a tenu des propos homophobes, d'après le rapport. L'homme a été écarté de l'établissement depuis. Pour les élèves, cet épisode relève du "dérapage" personnel. "Dans mon expérience de trois ans au lycée, je n'ai jamais assisté à ça. Moi je n'ai pas du tout vu cette homophobie. Je pense que ce sont des cas isolés et qu'en tout cas ce n’est pas une généralité sur les intervenants", assure une lycéenne.

Lors de ces cours, des débats de société peuvent aussi avoir lieu. Paul se souvient, lui, d'une discussion autour de la procréation médicalement assistée (PMA) : "Le seul truc dont je me rappelle, c'était l'intervenant sur l'ouverture de la PMA pour toutes qui était clairement marqué contre cette proposition de loi. Après cela, on a eu un temps en classe où on a été divisés en groupes, et des avis contradictoires ont pu s'exprimer. Il y avait un droit et un esprit de critique. Je n'ai pas trouvé ça si dérangeant", conclut-il. Le rapport de l'Éducation nationale préconise tout de même un meilleur encadrement des intervenants lors des cours de catéchisme.

Un exemple de discrimination sexiste

Autre recommandation : mettre fin à ce que les inspecteurs appellent "un climat sexiste au sein de l'établissement". Marie, en classe de terminale, se souvient d'un épisode lors d'une sortie scolaire. "Nous les filles, on avait des activités comme de la cuisine et de la danse alors que les garçons faisaient du kart et de la course d'orientation. Donc là on s'est sentis un peu, voilà...", raconte Marie. La lycéenne ajoute : "Mais on l'a fait remonter, on en a parlé, on s'est un peu révoltés de ne pas avoir fait du kart car on voulait faire du kart !"

En dehors de cet exemple concret, la vingtaine d'élèves interrogés ne relèvent pas d'autres discriminations en fonction du genre. Enfin, le rapport pointe du doigt le peu d'heures de cours consacrés à l'éducation sexuelle et aux moyens de contraception. Effectivement, "on a eu deux heures, je crois, pendant tout le collège, ça reste quand même assez peu", soutient une élève. Trois séances d'éducation à la sexualité doivent normalement être tenues chaque année dans les collèges et lycées. Mais ce n'est pas respecté dans la majorité des établissements scolaires en France, publics et privés confondus. 

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