Féminicide de Mérignac : la Fondation des femmes demande la "confiscation immédiate" des armes des hommes visés par une plainte pour violence conjugale
Confisquer les armes, "ce serait quand même la base", lance sa présidente, Anne-Cécile Mailfert, qui interpelle directement le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
"Gérald Darmanin pourrait, dès demain, demander la confiscation immédiate de toutes les armes à feu de tous les hommes contre qui des femmes ont porté plainte pour violences conjugales", a proposé Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes, jeudi 6 mai sur franceinfo, après la mort de Chahinez, une femme de 31 ans, brûlée vive mardi à Mérignac par son mari, déjà connu pour des faits de violences conjugales.
franceinfo : 400 personnes se sont réunies hier pour rendre hommage à Chahinez. Que traduit cette mobilisation d’après-vous ?
Anne-Cécile Mailfert : Je pense que cela traduit l'importance que les Français accordent à ce sujet. Les violences faites aux femmes en général et les violences conjugales en particulier sont de vrais sujets de préoccupation. Je pense qu’il y a de l'inquiétude aussi de voir que les autorités françaises et le pouvoir politique ont autant de mal à vraiment avoir une vigilance constante. En 2020, après le Grenelle des violences conjugales, on a pu voir les choses un petit peu s'améliorer. Et là, malheureusement, les choses se dégradent.
Cet homme avait été emprisonné l’an dernier pour violences conjugales. Mardi, il a tiré sur sa femme, l’a aspergée d’essence avant d’allumer le feu. Comment expliquez-vous que cela puisse se produire à nouveau ?
Ce féminicide, comme les 38 féminicides qui l'ont précédé depuis le début de l'année, montre des problématiques de suivi, de défaillance, de vigilance qui ne sont pas forcément toujours là de la part de la police ou de la justice. Dans son cas à lui, je ne connais pas l'intégralité du dossier, mais en tout cas, on peut se poser la question de savoir comment se faisait-il qu’il avait une arme à feu dans la main, étant donné son passif. Et ça rejoint les chiffres que nous avons.
"Sur 39 féminicides depuis le début de l’année, 13 ont été commis par arme à feu. La plupart d'entre eux avaient des ports d'armes. Sur les 39 féminicides, 9 cas avaient été visés par une plainte."
Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmesà franceinfo
Les policiers auraient leur confisquer ces armes parce que souvent, les auteurs de féminicide sont connus des services de police. Donc on voit bien qu'il y a toujours et à nouveau une problématique vraiment de dysfonctionnements. Ce que nous demandons à l'État, et particulièrement à Gérald Darmanin, c'est qu'il se préoccupe de ce sujet, c'est important pour les Français. Ce sont quand même 39 citoyennes françaises qui ont été assassinées.
Selon vous, le gouvernement ne prend pas la mesure de ce problème ?
Pas tout le monde au gouvernement. Je pense qu'Élisabeth Moreno essaie de faire de son mieux.
"On a un vrai problème de sécurité. C’est un problème du ministre de l'Intérieur. D'ailleurs, il n'a pas réagi à ce sujet alors qu'on est quand même à 39 femmes assassinées depuis le début du mois de janvier."
Anne-Cécile Mailfertà franceinfo
Du côté du ministre aussi de la Justice, il y a aussi beaucoup de choses à faire pour progresser. Par exemple, cet homme aurait pu avoir un bracelet électronique. C’est autorisé en France et pourtant, à peine une quarantaine de bracelets électroniques sont distribués en France depuis un an. On est encore loin en termes d'application. Par ailleurs, Gérald Darmanin pourrait dès demain, demander la confiscation immédiate de toutes les armes à feu de tous les hommes contre qui des femmes ont porté plainte pour violences conjugales. Ce serait quand même la base ce n’est pas systématiquement fait. Les hommes violents sont extrêmement dangereux. Les femmes qui ont été victimes de violences peuvent vous le dire, ils sont extrêmement dangereux, extrêmement manipulateurs. Donc il faut être d'une vigilance absolue et d'une rigueur totale dans toutes les dispositions pour protéger les femmes. Il faut vraiment utiliser tous les outils pour lesquelles on s'est battu, mettre des moyens sur la table, donner une priorité politique à ce sujet. Dès qu'on dit aux forces de l'ordre que d'autres choses sont plus importantes, évidemment, ils allouent leur temps comme on le leur demande. Et c'est ce qu'on voit depuis le début de l'année. Il y a d'autres thématiques sécuritaires qui sont remontées au cœur de l'agenda politique et on voit bien que celui-là est en train malheureusement de dégringoler. Et le nombre de mortes augmente.
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