Accusations contre l'abbé Pierre : écoles, statues, parcs… Ces lieux qui vont être débaptisés après les nombreuses révélations
Les témoignages se multiplient contre l'abbé Pierre. Vendredi 6 septembre, 17 nouveaux témoignages ont été révélés dans un rapport du cabinet spécialisé Egaé, relayé par la Fondation Abbé-Pierre. Accusé d'agressions sexuelles, de harcèlement sexuel, mais aussi d'intimidations, par des femmes et des enfants, l'image du religieux est sérieusement endommagée depuis cet été. Si Emmaüs a déjà fait part de son souhait de changer de nom, et donc de débaptiser certains de ces centres, c'est au tour de plusieurs communes de lancer des démarches pour changer des noms de rues, de parcs ou d'écoles.
À commencer par la Ville de Paris, qui, si elle "salue le travail salutaire mené par la Fondation en toute transparence", a fait part de sa volonté de débaptiser les Jardins Abbé-Pierre Grands Moulins, dans le 13e arrondissement, "dès lors que la Fondation Abbé-Pierre a décidé de changer de nom". Une décision prise face aux "révélations […] très graves" concernant le religieux. La mairie assure qu'elle se "rapprochera de la Fondation afin d’examiner les modalités de ce changement", qui devra, dans tous les cas, être approuvé lors d'un Conseil de Paris.
À Saint-Étienne, c'est la commission des hommages publics de la Ville qui doit prendre une décision concernant son square Abbé-Pierre. Elle doit se réunir avant la fin de l'année, rapporte France Bleu Saint-Étienne. Son président, Gilles Artigues, propose de le renommer square de la Fondation Emmaüs.
"Pas possible" de garder ce nom
Au-delà des lieux publics, il y a des établissements scolaires, beaucoup faisant partie du privé, qui portent le nom du religieux. En Ille-et-Vilaine, par exemple, le lycée professionnel Abbé-Pierre de Tinténiac, qui porte ce nom depuis 2012, va changer, a annoncé la direction. Une réflexion qui avait été entamée dès les premières révélations, en juillet, et qui a été présentée et approuvée par l'équipe pédagogique "à l'unanimité", lors de la réunion de pré-rentrée, le 30 août dernier, précise le directeur, Raphaël Gouablin. Il précise qu'un nouveau nom devrait être soumis d'ici à "la fin du mois de novembre". Un choix qui sera fait en consultation avec les élèves, les familles et l'équipe éducative et pédagogique.
Un changement accueilli avec soulagement par une des enseignantes du lycée, Marie-Thérèse, qui s'est confiée au micro de France Inter. "On est obligés de prendre position", assure-t-elle. Dans la commune voisine, à Hédé-Bazouges, l'école primaire va aussi changer de nom. Ses enfants y sont scolarisés. "Je suis victime d'abus sexuels et de viol et laisser le nom, pour moi, c'est cautionner, en partie." La directrice, Florina Loisel, avait contacté dès cet été la direction diocésaine, mais depuis les nouvelles révélations, tout s'est accéléré. "On entend qu'il y a des choses auprès d'enfants, raconte-t-elle au micro de France Inter, donc ce n'est pas possible de garder ce nom".
Une fresque recouverte en Seine-Maritime
Dans le petit village normand d'Esteville, en Seine-Maritime, plusieurs lieux sont concernés par cette épineuse question. Tout d'abord, le lieu de mémoire, consacré à l'abbé Pierre, sera définitivement fermé, a annoncé Emmaüs. L'école du village va, elle, être renommée, même si "c'est l'intervention de l'abbé Pierre lui-même auprès du ministère de l'Éducation qui nous a permis d'avoir une école avec des murs en dur, un vrai toit", explique le maire, Manuel Grente. Pour lui, "le débat est vite clos au vu des faits et lorsqu'on agresse des enfants". La fresque à l'effigie de l'abbé et les barrières portant son nom vont également être modifiées, assure la Mairie.
La ville de Nancy a, de son côté, annoncé lundi 9 septembre le retrait d'une plaque commémorative, posée sept mois plus tôt, en hommage à l'abbé Pierre. "Compte tenu de ces graves révélations, la municipalité de Nancy a donc décidé du retrait définitif de la plaque en la mémoire de l'abbé Pierre", écrit dans un communiqué la ville dirigée par le socialiste Mathieu Klein.
Dans les Pyrénées-Atlantiques, c'est une statue à l'effigie du religieux qui pose problème. Installée dans la commune de Lescar, sur un rond-point. Haute de six mètres de haut, elle avait été inaugurée en 2019. La maire, Valérie Revel assure que le sujet doit être discuté avec Emmaüs et le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, puisque la statue est située sur une route départementale, rapporte France Bleu Béarn Bigorre.
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