Crise migratoire à Lampedusa : "On ne fera pas l’impasse sur le respect des droits des personnes", estime Mireille Damiano, avocate à Nice

8 500 personnes ont traversé la Méditerranée pour arriver sur l'île de Lampedusa, en Italie. L'avocate Mireille Damiano réagit à la politique de fermeté du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu Azur
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Une famille de migrants, le 18 septembre, sur le port de Lampedusa (ZAKARIA ABDELKAFI / AFP)

"On ne fera pas l’impasse sur le respect des droits des personnes", estime Mireille Damiano, avocate à Nice qui défend les migrants, invitée de France Bleu Azur mercredi 20 septembre, à propos de la crise migratoire à Lampedusa, en Italie.

Entre lundi 11 et mercredi 13 septembre, environ 8 500 personnes sont arrivées à bord de 199 bateaux, selon l'agence des Nations unies pour les migrations. C’est plus que l'ensemble de la population de Lampedusa. En réaction, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré mardi 19 septembre lors du JT de 20h de TF1 que la France "n'accueillera pas de migrants" venus de l'île italienne de Lampedusa. "Ce n'est pas en accueillant plus de personnes que l'on va tarir un flux qui évidemment touche nos capacités d'intégration", a-t-il poursuivi.

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"On ne peut pas imaginer qu’on n’accueille pas de migrants, d’une part, et puis ça voudrait dire que la France ne respecterait pas les droits des personnes qui arrivent, ce qui est extrêmement grave, c’est un effet de manche", répond Mireille Damiano. "On doit accueillir à la fois les personnes mineures au titre de la protection de l’enfance et puis les demandeurs d’asile. On ne fera pas l’impasse sur le respect des droits des personnes. Pour les autres qui arrivent, il faut simplement que leur cas soit analysé de façon correcte, ce qui en tout état de cause n’est pas le cas", poursuit-elle.

Concernant l’accueil d’urgence des migrants, le maire de Menton, Yves Juhel, a proposé lundi 18 septembre de mettre une parcelle municipale à disposition des services de l'Etat et de la Protection civile pour accueillir "une centaine" de sans-papiers, le temps que leur demande de titres de séjour soit étudiée, a-t-il annoncé dans un communiqué. Ils seront "encadrés par une compagnie de CRS, sans possibilité d’aller et venir sur notre territoire", précise le maire.

"Ce sont des locaux de privation de liberté"

Selon l’avocate, les migrants "sont enfermés dans des algecos qui sont par définition extrêmement indignes et (...) ce sont des locaux de privation de liberté". Elle s’inquiète de l’extension d’un lieu d’accueil d’urgence : "Aujourd’hui, on indique cette possibilité d’étendre cet accueil d’urgence et ce qui me fait vraiment souci, c’est que ça ne change pas la qualification du lieu. Ce sont des lieux de mise à l’abri, ça veut dire qu’ils n’ont pas accès à un avocat, ils n’ont pas accès à des associations de défense, ils n’ont accès à rien, ce qui pose problème. L’Etat doit faire le nécessaire dignement et dans le respect de nos règles."

Mireille Damiano réclame un "lieu pérenne d’accueil principalement des personnes les plus vulnérables, c’est-à-dire les mineurs. On est dans l’urgence aujourd’hui, et ce que nous combattons depuis des mois c’est qu’il est impossible de faire une demande d’asile à la frontière, alors que c’est prévu. Mettons en place un certain nombre de circuits : on a su le faire pour l’Ukraine, quand même, et on ne sait pas le faire pour les autres nationalités ?"

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