Projet de loi immigration : "Un accord est en bonne voie" avec Les Républicains, mais la majorité s'inquiète pour la suite du quinquennat

Les Républicains sont de nouveau reçus à Matignon dimanche soir. Le gouvernement entend mettre toutes les chances de son côté pour qu'un texte susceptible d'être adopté à l'Assemblée sorte de la commission mixte paritaire.
Article rédigé par franceinfo
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Elisabeth Borne le 12 décembre 2023 à l'Elysée. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Une réunion de la dernière chance. Elisabeth Borne reçoit ce soir à Matignon des élus Les Républicains, avec un espoir : que les sept députés et les sept sénateurs de la commission mixte paritaire aboutissent lundi 18 décembre à un compromis sur le texte du projet de loi immigration.

Si c'est le cas, mardi, le texte qui en sortira sera soumis au vote des deux Assemblées. En tout cas, règne ce week-end une atmosphère plus légère autour des négociations. "Un accord est en bonne voie", assure même un important conseiller de l’exécutif. Un avis partagé par Hervé Marseille, le chef du groupe Union Centriste au Sénat, qui fait partie de la majorité sénatoriale qui a voté une version durcie du texte. Selon plusieurs sources, Les Républicains ont accepté d’abandonner quelques-unes de leurs vieilles marottes comme la suppression de l’aide médicale d’Etat. Un compromis a presque été trouvé aussi sur les règles d’accès aux allocations familiales et sur le rôle des préfets pour encadrer les régularisations de sans-papiers dans les métiers en tension.

"Ça va encore se jouer à une voix"

Si les points bloquants semblent donc évacués alors que la CMP n'a même pas encore commencé, certaines questions persistent. Les Républicains sont-ils vraiment fiables, ne sont-ils pas en train de bluffer ? Sur ce point, invité de franceinfo, le ministre délégué en charge des Relations avec le Parlement, Franck Riester, a été clair vendredi 15 décembre : le gouvernement a "instauré un climat de confiance" avec les Républicains.

"L’autre inquiétude, c’est notre majorité", grimace un conseiller. Le risque : qu’un accord trop à droite fasse sursauter l’aile gauche. Entre Renaissance, le MoDem et Horizons, certains décomptes font état d’une quarantaine de voix manquantes en cas de vote mardi à l’Assemblée. Un député prend déjà les paris : "Ça va encore se jouer à une voix".

"Nous serons des incapables"

Mais quelle que soit l'issue, la majorité s'inquiète du jour d'après et de l'impact de la séquence sur la suite du quinquennat, Julie Marie-Leconte. "Si à la fin on sort avec une loi, personne ne se souviendra de l'épisode. Sinon, nous serons des incapables", soupire un conseiller de premier plan.

"Les Français sont basiques : un gouvernement doit réussir."

Un conseiller de premier plan

à franceinfo

Dans ces conditions comment rebondir ? "Il reste beaucoup à faire", tente de se rassurer un ministre : réindustrialiser, atteindre le plein-emploi... Mais comment, après le "naufrage", aborder par exemple un éventuel texte sur l'aide active à mourir, s'interroge un poids lourd du gouvernement. La séquence sur l'immigration a prouvé, selon lui, qu'il était impossible d'avoir un débat serein au Parlement. 

Mais une question tenaille au sein du gouvernement et l'emporte sur toutes : le revers sur ce projet de loi présenté à l'envie comme équilibré ne marque-t-il pas l'échec du "en même temps", l'ADN du macronisme ? Verdict sans appel dans les coulisses d'un ministère puissant : "Le Président devrait dire stop, sinon ce genre d'épisode va se reproduire."

Avant cette crise, Emmanuel Macron promettait déjà "un grand rendez-vous avec la Nation" en janvier pour envoyer au pays un message d'unité. Personne, même à l'Elysée, ne peut dire ce qu'il en est.

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