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Vidéo IVG : "Le parcours d'avortement" reste "encore un parcours de combattante" en France, selon la co-présidente du Planning familial

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Article rédigé par franceinfo
Radio France

Le Planning familial lance, ce mercredi 28 septembre, un site dédié à l'information sur l'avortement pour lutter contre la désinformation à ce sujet qui fleurit sur internet depuis plusieurs années.

"Le parcours d'avortement pour certaines femmes est encore un parcours de combattante" en France, affirme ce mercredi 28 septembre sur franceinfo Sarah Durocher, co-présidente du Planning familial, à l'occasion de la journée internationale pour le droit à l'avortement. Le Planning familial lance justement, ce mercredi, un nouveau site dédié à l'information sur l'avortement. "Il y a énormément de sites de désinformation" et l'association souhaite "que les femmes aient une vraie information". En France, une femme sur trois a recours à l'IVG (interruption volontaire de grossesse) au moins une fois dans sa vie.

franceinfo : Vous lancez ce mercredi ce nouveau site internet, ivg-contraception-sexualites.org. Cela veut-il dire que le numéro vert n'est plus suffisant à l'heure de la désinformation très organisée sur internet ?

Sarah Durocher, co-présidente du Planning familial : Oui, tout à fait. Depuis sept ans, le Planning familial porte ce dispositif et on a à peu près 30 000 appels par an. Aujourd'hui, dès que vous avez un questionnement concernant l'avortement, la contraception ou la sexualité, vous allez sur internet. Il y a énormément de sites de désinformation et donc l'objectif, c'est vraiment de visibiliser le droit des personnes, de rendre un accès plus facile au numéro vert (0800 08 11 11). Et puis, l'objectif est de développer un tchat financé par la Fondation des femmes pour un lancement l'année prochaine. Je pense qu'il faut plusieurs portes d'entrée. Il y aussi évidemment nos locaux qui accueillent 380 000 personnes par an. C'est certain qu'avec un contexte international où l'avortement est remis en cause ou restreint, c'est important que les femmes en France aient une vraie information.

Une loi votée en 2016 a permis de mieux contrôler ces sites, en élargissant le délit d'entrave à l'IVG. Ce n'est pas suffisant ?

L'avortement est toujours un acte à part en France. Nous savons que beaucoup de femmes culpabilisent et ne disent pas qu'elles ont avorté. Pourtant, ça concerne une femme sur trois. Ce n'est pas si simple de se déplacer dans un commissariat et de pouvoir porter plainte. Or aujourd'hui, il y a de l'entrave. Nous sommes très vigilantes par rapport à ça. Je peux vous dire qu'il y a des femmes qui nous parlent de l'entrave qu'elles peuvent vivre en matière d'information. L'objectif pour ceux qui veulent entraver est de faire douter, de faire renoncer, de faire peur aussi. Une de nos grande revendication aussi, c'est l'éducation à la sexualité dès le plus jeune âge, c'est-à-dire de connaître ses droits. Nous recevons des femmes qui sont très peu au courant. Il y a des femmes qui nous disent qu'elles pensent qu'il suffit de prendre un médicament en pharmacie. Ce n'est pas si simple que ça. Le parcours de l'avortement pour certaines femmes et sur certains territoires est encore un parcours de combattante.

Au mois de mars dernier, la Cour suprême des États-Unis a de nouveau autorisé l'interdiction de l'avortement dans les États américains qui le souhaitent. La présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale en France, Aurore Bergé, avait appelé à inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution. Au Sénat, les écologistes vont déposer la première proposition de loi constitutionnelle en ce sens. Est-ce qu'à vos yeux, c'est une bonne chose ?

Ça fait 30 ans qu'on demande ça. Ce n'est pas nouveau pour les mouvements féministes et pour le Planning familial. C'est une bonne chose. Je pense que l'inscrire comme un droit fondamental, c'est quelque chose de très important. Pour rappel, Emmanuel Macron avait demandé aussi que ce soit inscrit dans la Charte européenne des droits fondamentaux. Nous avons juste une réserve, c'est qu'on souhaiterait un projet de loi et non une proposition de loi pour accélérer les choses et pour éviter les référendums. Les "anti-choix" ont une grande capacité à mobiliser.
S'il y avait un référendum sur la question aujourd'hui, je serais plutôt optimiste. Cependant, au vu du contexte international et de la grosse organisation des "anti-choix", c'est assez frileux.

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