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Quand la communauté juive protège elle-même les synagogues

Le ministère de l'Intérieur a renforcé la sécurité des synagogues et des écoles communautaires juives depuis le début des hostilités à Gaza. Le dispositif s'est avéré insuffisant lors des dernières manifestations propalestiniennes. La communauté compte aussi sur une structure créée après les attentats de la rue Corpernic : le SPCJ, Service de protection de la communauté juive.
Article rédigé par Stéphane Pair
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (La synagogue de Nazareth à Paris. © Thomas Padilla/MAXPPP)

Le 3 octobre 1980, une bombe explose à la synagogue de la rue Copernic, à Paris, faisant quatre morts. Se sentant menacée par l'antisémisme résurgent, la communauté juive crée une structure spécialisée, le SPCJ, pour Service de protection de la communauté juive. Dimanche dernier, quand des casseurs s’approchent de la synagogue de l’avenue Paul Valery, un groupe fait écran. Ils font partie du SPJC et ils seront aussi positionnés mercredi prochain. Le 13 juillet, rue de la Roquette à Paris, ils étaient aussi présents. Serge Benaïm, le président de la synagogue, explique leur rôle : "C'est le service qui a d'abord fait une ligne de protection devant l'entrée de la synagogue et tout de suite, avec des talkie-walkie, ils entrent en communication avec les forces de l'ordre, qui les connaissent très bien. Leur première préoccupation n'est pas de livrer combat ou de contrer une attaque, mais de mettre les gens à l'abri ".

Avec la police

Depuis l’attentat de la rue Copernic, le SPCJ agit sans faire de vagues mais de manière efficace sur tout le territoire. Son fonctionnement est intégré à celui du ministère de l’Intérieur. Police et SPCJ se relayent régulièrement pour surveiller les fêtes religieuses. Le SPCJ tient la comptabilité des actes antisémites, quitte à faire le tri entre les rumeurs et les faits.

Le SPCJ fait aussi de la prévention dans les écoles, il a mis en place un numéro d'aide aux victimes et une aide juridique. Comment recrute-t-il ? Quelles sont ses méthodes ? Depuis sa création en 1980, le Service refuse de parler aux médias. Un ancien membre, Jérémy accepte, depuis Tel Aviv, de nous décrire le fonctionnement du SPCJ, de l’intérieur : "On ne recrute que des personnes majeures. Les membres du SPCJ ont tous un casier judiciaire vierge et il faut le garder tout au long de son appartenance au service. Nous ne sommes pas une milice. Nous n'avons pas d'arme à feu ni d'arme blanche. Nous avons une formation au krav maga, c'est un sport de combat créé par l'armée israélienne, qui regroupe plusieurs autres sports de combat, qui est très efficace. Notre présence est très dissuasive. Quand des jeunes qui ont envie de se frotter à des juifs pour une raison raciste et xénophobe arrivent devant le service de sécurité, ils font souvent marche arrière. Partout où la communauté se trouve, notre service a pour vocation de la protéger. "

Pas une milice

Quand ils défendent des synagogues, le SPCJ côtoie régulièrement les membres souvent violents de la LDJ, la Ligue de défense juive, ou du Betar. Mais le SPCJ n’est pas une milice et il se distingue de ces extrémistes, proches de l'extrême-droite, qui tentent parfois, notamment via les réseaux sociaux d'assimiler son action à la leur. Semi-officiel, il est reconnu par le CRIF, qui rappelle qu'il ne fait pas de politique. Sa mission est de protéger physiquement les juifs de France et le contexte devrait lui amener de nouvelles recrues.

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