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Emmanuel Macron au Vatican : "Il faut situer cette rencontre à sa juste place"

Pour le directeur de la rédaction du magazine La Vie, la rencontre entre Emmanuel Macron et le pape est une "visite d'un chef d'État à un autre chef d'État". Rien de plus. 

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel et Brigitte Macron rencontrent le pape François au Vatican, mardi 26 juin 2018. (ALESSANDRA TARANTINO / POOL)

Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction du magazine La Vie, estime sur franceinfo qu'il faut "situer à sa juste place" la rencontre entre Emmanuel Macron et le Pape, mardi 26 juin, au Vatican. 

franceinfo : S'il a lieu de "réparer le lien entre l'Église et l'État français" (comme l'a affirmé Emmanuel Macron en avril 2018) cette visite s'inscrit-elle dans cet objectif, selon vous ?

Jean-Pierre DenisIl faut relativiser cet aspect. Si le lien était abîmé, le discours d'Emmanuel Macron devant l'assemblée des évêques au collège des Bernardins à Paris l'aurait réparé. Ici, il s'agit de la visite d'un chef d'État à un autre chef d'État, la particularité de l'Église catholique étant que le pape est à la fois un chef religieux et un chef d'État, puisque le Saint-Siège fait partie de la communauté internationale. Le rituel diplomatique du Saint-Siège fonctionne différemment. Les chefs d'État sont reçus en audience privée, selon le vocabulaire particulier de l'Église catholique. À la suite de l'entretien avec le pape, le président de la République doit rencontrer le secrétaire d'État, le cardinal Parolin, qui en réalité n'est autre que le Premier ministre du Vatican.

Faut-il y voir un message politique d'Emmanuel Macron à destination des catholiques, au moment où l'on parle d'ouvrir la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules ?

Je ne pense pas. Dans son discours aux Bernardins, Emmanuel Macron a clairement dit qu'il avait besoin des catholiques, de les entendre s'exprimer, mais que, le cas échéant, il ne tiendrait pas compte de leur avis. La relation a été établie d'emblée et nous avons eu tort d'insister trop lourdement sur cette idée de la réparation du lien entre l'Église et l'État, les catholiques ayant parfois retenu l'autre partie du discours, celle qui les enjoint à s'exprimer sans être, ensuite, forcément écoutés. Il faut situer cette rencontre à sa juste place. Le Saint-Siège est d'abord un acteur de la scène internationale. Il intéresse le chef de l'État lorsqu'il s'agit de gérer des dossiers sensibles comme les migrants ou l'écologie. Les possibilités de coopération et son réseau diplomatique exceptionnel peuvent permettre de débloquer certaines situations. C'est grâce à la médiation du pape François que les relations entre les États-Unis et Cuba se sont apaisées.

Emmanuel Macron va recevoir le titre de premier et unique chanoine d'honneur de la basilique Saint-Jean-de-Latran, geste qui n'est pas anodin...

C'est une dimension qui semble religieuse mais, en réalité, il s'agit d'une reconnaissance honorifique. Nous sommes dans une tradition, qui remonte à Henri IV, mais qui a été réinventée au cours de la Ve République. Chaque président français essaye d'aborder la question d'une manière qui lui est propre. François Mitterrand n'a pas été chanoine du Latran mais il a eu un entretien très long avec le pape Jean-Paul II. Nicolas Sarkozy en a trop fait. Ce qu'on lui reproche n'est pas d'avoir accepté ce titre mais d'avoir prononcé cette phrase dans laquelle il comparaît les mérites respectifs de l'instituteur et du curé, semblant indiquer que le curé était au-dessus de l'instituteur. Emmanuel Macron, assez habilement, a décidé de ne pas faire de discours au cours de la cérémonie, mais celle-ci reste religieuse, dans une basilique extrêmement importante, où l'on priera pour la France.

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