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Religieux enlevés en Haïti : les kidnappings font "partie de la vie" dans le pays, déplore le père Massimo Miraglio

Parmi la dizaine de personnes enlevées dimanche en Haïti par un groupe armé, il y avait sept religieux, dont deux Français.

Article rédigé par franceinfo
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Une vue de Jeremie en Haïti, le 30 mars 2017. Photo d'illustration. (HECTOR RETAMAL / AFP)

Les enlèvements font "partie de la vie" en Haïti, témoigne sur franceinfo lundi 12 avril le père Massimo Miraglio, membre d’une congrégation religieuse dans la région de Jérémie, dans l’ouest du pays, après le kidnapping de sept religieux dont deux Français.

>> Haïti : ce que l'on sait de l'enlèvement de sept religieux catholiques, dont deux Français

Il explique ne pas être "surpris" par ce drame. En Haïti, "on vit dans une situation vraiment catastrophique. Ce qui est arrivé, c’est quelque chose qui est 'normal' entre guillemet. La société civile est au bord de la faillite et depuis plusieurs mois, la population vit dans la peur la plus totale", poursuit le religieux italien.

"Les populations vivent dans la peur"

"On a peur de sortir, d'aller au travail, d’aller à l'école et là, la situation est vraiment terrible, ajoute-t-il. La situation est terrible pour Haïti. Les populations vivent dans la peur." Le père Massimo Miraglio déplore surtout le "silence international et surtout le silence des États-Unis, qui sont là et qui regardent, mais qui ne font rien pour nous aider à sortir de cette situation. Actuellement on a beaucoup d'armes qui circulent et les armes en Haïti arrivent des États-Unis".

Pour Massimo Miraglio, les sept religieux ont été enlevés par le gang des "400 Mawozo". Un gang "très connu" pour "sa férocité, pour avoir commis des actes terribles de violences", affirme le père Massimo Miraglio. Il est loin d’être le seul gang à opérer en Haïti. "La violence n'est pas concentrée seulement dans quelques quartiers populaires mais répandue près de la zone métropolitaine, mais aussi dans les villes de province".

Un État "en faillite"

Parmi les gens enlevés, "il y a eu des docteurs, des entrepreneurs, des ingénieurs, des pasteurs. Il y a eu aussi des femmes de la rue, des personnes qui n’avaient presque rien et qui ne pouvaient pas payer de rançons. Et ce qui est arrivé maintenant, là, ça dépasse toute limite et il faut que l'État prenne en main la situation pour sortir de ce trou où on est tombé. L’Etat est inexistant" en Haïti, regrette-t-il.

Le père italien dépeint un État "en faillite", des "institutions qui ne fonctionnent pas" et il s'interroge sur l'éventuelle tenue d'une élection présidentielle en Haïti. "Le futur qui est devant nous, c'est un futur très triste. Et pour se sortir de cette situation où on est tombé, cela nécessite des années et des années car on est tellement allés loin du bon chemin, que retourner sur la voie du développement, retourner sur la voie de la réconciliation, de la paix est très difficile. Il y a des blessures dans la société haïtienne tellement profondes".

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