Qu'est-ce qui pose problème dans l'affaire Leonarda ?
La polémique sur l'arrestation et l'expulsion de cette collégienne kosovare continue de prendre de l'ampleur. Francetv info relève les points autour desquels le débat s'enflamme.
A la suite des révélations concernant les conditions de l'expulsion, mercredi 9 octobre, de Leonarda, une collégienne kosovare de 15 ans, une polémique oppose ceux qui reprochent à Manuel Valls une "politique inhumaine" à ceux qui rappellent que la loi a été respectée. Francetv info relève les points autour desquels le débat s'enflamme.
L'expulsion de la famille
"Toutes les procédures administratives ont été respectées" dans l'expulsion de la famille de Leonarda, a affirmé le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls. La famille, entrée en France en 2009, a vu sa demande de droit d'asile rejetée, ainsi que toutes ses requêtes de réexamen de dossier, explique le ministère de l'Intérieur. L'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a notamment considéré que la famille, les deux parents et leurs six enfants, ne subissait aucune persécution particulière dans son pays d'origine, le Kosovo. En février 2013, tous les recours juridiques ont été épuisés et l'obligation de quitter le territoire signée par le préfet du Doubs devait donc s'appliquer.
Cependant, l'association Réseau éducation sans frontières (RESF), qui a signalé l'expulsion, fait valoir que la famille kosovare était bien intégrée, avec une présence en France de presque 5 ans, le nouveau délai nécessaire pour obtenir une régularisation. Une bonne intégration remise en cause notamment par Le Monde, qui explique que l'obligation de quitter le territoire a été justifiée par la préfecture au motif "d'insuffisantes perspectives d'intégration sociale et économique". D'après RTL, le père semblait faire vivre sa famille avec une allocation du conseil général de l'ordre de 300 euros par mois.
L'arrestation en milieu scolaire
Les policiers sont venus chercher Leonarda alors qu'elle était dans un car, partie pour une sortie scolaire. Légalement, ils peuvent interpeller un enfant en milieu scolaire, comme l'affirme ce blog du Monde. Ce que déplore Richard Moyon, de l'association RESF : "Les enfants ne sont pas protégés par la loi." Cependant, depuis plusieurs années, un accord tacite avait été trouvé sur les interpellations en milieu scolaire.
En tant que ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy avait demandé aux préfets, dans une circulaire datée de 2005, d'éviter les arrestations "dans l'enceinte scolaire ou dans ses abords". Politique qui s'était poursuivie pendant sa présidence. L'arrivée de Manuel Valls a changé les choses, d'après RESF, puisque l'association dénonce plusieurs cas d'arrestations en milieu scolaire depuis la rentrée 2013. D'ailleurs, le ministre de l'Education, Vincent Peillon, a demandé qu'on "sanctuarise l'école" pour "que cette situation ne se renouvelle pas".
En dehors du problème légal, RESF dénonce la violence psychologique de ces interpellations en milieu scolaire. Toujours selon le blog du Monde, les écoles sont devenues les nouvelles églises pour une majorité des gens, des "lieux-refuges où celui qui est pourchassé trouverait le minimum de sécurité". Dans le cas de Leonarda, la préfecture assure que "les choses se sont déroulées sans coercition et sans incident".
Une polémique de plus autour de Valls
Si l'affaire a pris une telle ampleur, c'est aussi pour l'enjeu politique qu'elle représente dans un contexte tendu autour de Manuel Valls. Le ministre de l'intérieur s'est créé de nombreux ennemis, comme le souligne RTL, à l'occasion de sa sortie sur le regroupement familial ou avec ses propos sur les Roms.
Au sein du gouvernement, les ministres écologistes ont multiplié les critiques contre leur collègue de l'Intérieur et dans l'ensemble de la gauche, les déclarations laissent transparaître un certain agacement. Rien d'étonnant donc de voir le Parti de gauche profiter de l'affaire Leonarda pour "exiger" la démission de Manuel Valls.
Pour tenter d'apaiser la situation, le gouvernement a annoncé l'ouverture d'une enquête administrative. Jean-Marc Ayrault a par ailleurs indiqué à l'Assemblée que l'arrêté d'expulsion serait annulé "s'il y a eu faute".
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