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Témoignage En Afghanistan, la détresse des jeunes femmes abandonnées aux talibans : "Je ne sais pas ce qu'on va devenir"

Depuis la prise de pouvoir des talibans à Kaboul, dimanche 15 août, de jeunes afghanes contactées par franceinfo restent cloîtrées chez elle, craignant d'être bientôt capturées et livrées aux combattants fondamentalistes. 

Article rédigé par franceinfo - Margaux Queffélec
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
"Quand les Talibans sont allés à Mazâr-e Charîf, ils ont dit aux gens qui avaient des jeunes filles : 'vous voudriez nous les donner ?' Puis ils les ont pris par la force", raconte une étudiante afghane de 23 ans. (WAKIL KOHSAR / AFP)

"Je ne sais pas ce qu'il va se passer pour moi dans le futur !" La terreur, la peur au ventre est perceptible dans la voix de cette lycéenne afghane de 16 ans. Du régime des talibans, qui s'est arrêté en 2001, la jeune fille, cloîtrée chez elle depuis la prise de pouvoir à Kaboul des combattants extrémistes, dimanche 15 août, ne connaît que les récits de sa grand-mère, décédée aujourd'hui.

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Des années d'éducation anéanties

Cette fois, les talibans ont répété qu'ils respecteraient les droits des femmes, mais toujours en accord avec ce qu'ils appellent leurs "valeurs islamiques". Cela ne rassure pas la lycéenne, qui a vu "les visages effrayants" des extrémistes, et qui craint pour la suite de ses études. "J'ai travaillé dur et étudié, pour qu'un jour, je sois capable de tenir seule, sur mes deux pieds", confie-t-elle, "mais avec l'avènement des talibans, tout semble bizarre. Tous les champs de l'éducation vont être détruits, selon moi. J'ai l'impression que tous mes rêves sont détruits".

Les jeunes afghanes s'envoient des vidéos sur TikTok, des extraits de documentaires ou de films, sur les agissements des talibans envers les femmes. Il y a aussi ces histoires, qui circulent sur ce qui a pu se passer dans les provinces conquises ces dernières semaines par les talibans. "D'après mes amis, quand les talibans sont allés à Mazâr-e Charîf, ils ont dit aux gens qui avaient des jeunes filles : 'vous voudriez nous les donner ?' Puis ils les ont pris par la force", raconte une étudiante de 23 ans, habitante de Kaboul.

"J'ai très peur et je me sens mal qu'on ne puisse rien faire pour notre pays."

Une étudiante de 23 ans, habitante de Kaboul

à franceinfo

Les parents des deux jeunes filles craignent qu'elles soient enlevées par les talibans. Toutes les deux aimeraient pouvoir quitter le pays, au contraire de la réalisatrice afghane Sahraa Karimi. Dans une vidéo publiée sur Twitter dimanche 15 août, elle a déclaré, des sanglots dans la voix : "Jusqu'au bout, je n'abandonnerai pas mon pays !"

La détresse des jeunes femmes de Kaboul, abandonnées aux Talibans - Margaux Queffélec

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