Affaire Oscar Jegou et Hugo Auradou : de l'arrestation pour viol au non-lieu... Les huit moments-clés d'un scandale

La justice argentine a décidé, mardi, d'accéder à la la demande de non-lieu concernant l'inculpation pour viol aggravé des deux joueurs de rugby français, Hugo Auradou et Oscar Jegou.
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Les rugbymen internationaux Hugo Auradou (à gauche) et Oscar Jegou (à droite) à Mendoza (Argentine), le 12 août 2024. (ANDRES LARROVERE / AFP)

L'affaire dure depuis plus de cinq mois. Oscar Jegou et Hugo Auradou, deux rugbymen du XV de France, étaient soupçonnés de viol en Argentine à l'occasion d'une tournée des Bleus. Après plusieurs semaines d'enquête, la justice argentine a décidé, mardi 10 décembre, d'accorder un non-lieu, suivant les réquisitions du parquet, déclarant ainsi les deux joueurs non coupables. Retour sur les moments clés d'une affaire trouble qui a profondément marqué le rugby français.

8 juillet 2024, arrestation des deux joueurs à Buenos Aires

Deux jours après la victoire du XV de France contre l'Argentine (28-13) lors de la tournée d'été, Hugo Auradou et d'Oscar Jegou, tous deux titulaires lors du match, sont arrêtés par la police. Une plainte a été déposée par une femme argentine de 39 ans pour agression sexuelle présumée, dans la nuit du 6 au 7 juillet, dans leur chambre d'hôtel à Mendoza (Argentine). Le président de la Fédération française de rugby (FFR), Florian Grill, parle de "faits incroyablement graves" reprochés aux deux joueurs.

12 juillet 2024, mise en détention à Mendoza

Les deux joueurs sont transférés à Mendoza, ville de l'enquête, où ils sont inculpés de viol aggravé, car commis en réunion, et placés en détention préventive. Ils encourent jusqu'à vingt ans de prison. L'avocate de la plaignante évoque une "violence terrible", sa cliente "sauvagement battue". Les joueurs affirment avoir eu une relation consentie et nient toute violence.

16 juillet 2024, début des auditions 

Alors que le XV de France a terminé sa tournée sud-américaine, les enquêteurs recueillent les témoignages dans la boîte de nuit où Hugo Auradou a rencontré la plaignante. Sont également interrogées les personnes croisées dans cette fin de soirée, que ce soit dans leur taxi, à l'hôtel, la famille de la plaignante, l'encadrement français et des joueurs de chambres adjacentes. Des vidéos et des échanges WhatsApp sont analysés. Tenant compte du "niveau de preuves et de l'absence de risque procédural", le parquet autorise l'assignation à résidence des deux joueurs à Mendoza.

12 août 2024, remise en liberté des joueurs

Auditionnée début juillet, la plaignante l'est de nouveau le 6 août pour des "éclaircissements", selon son avocate. Le surlendemain, les joueurs sont entendus longuement pour la première fois. En parallèle, des éléments du dossier filtrent dans la presse argentine, comme des messages audio échangés avec une amie après les faits, dans lesquels la plaignante "parle en bien" des joueurs. Après ces nouvelles auditions, et face à des "contradictions notoires", le parquet ordonne la remise en liberté des joueurs le 12 août. Oscar Jegou et Hugo Auradou ont toutefois l'interdiction de quitter l'Argentine tant que l'enquête se poursuit.

26 août 2024, les avocats de la plaignante annoncent qu'elle a tenté de mettre fin à ses jours

Les avocats de la plaignante révèlent qu'elle a fait une tentative de suicide trois jours plus tôt, mais que la présence de son père "a évité le pire". Hospitalisée et assistée par des psychiatres, elle ne se présentera pas aux trois audiences suivantes. 

3 septembre 2024, Jegou et Auradou reviennent en France

Presque deux mois après le début de l'affaire, la justice argentine autorise Oscar Jegou et Hugo Auradou à quitter le pays. Le parquet, dans son argumentaire, estime que "l'accusation initiale a perdu de sa force" pour justifier sa décision. Les deux joueurs regagnent la France le lendemain. Le Stade rochelais, club de Jegou, se dit "soulagé et impatient de retrouver Oscar", tandis que la Section paloise, club d'Auradou, affirme que "ses coéquipiers sont impatients de le revoir".

4 octobre 2024, le parquet appuie la demande de la défense de non-lieu, Hugo Auradou rejoue en Top 14

Le porte-parole du tribunal de Mendoza déclare à l'AFP que le parquet a demandé un non-lieu pour Hugo Auradou et Oscar Jegou. "La défense a demandé le non-lieu devant le parquet, et le parquet soutient ce non-lieu et demande une audience auprès du juge", a précisé Martin Ahumada. Le lendemain, toujours mis en examen pour "viol avec violence en réunion", Hugo Auradou rejoue son premier match officiel en Top 14 à Perpignan. Le public ne lui est pas hostile, et il est acclamé à domicile le week-end suivant à Pau. La situation des deux joueurs s'invite dans la campagne pour la présidence de la fédération française : le président sortant, Florian Grill, souhaite "un nouveau cadre" pour les tournées du XV de France, tandis que son opposant, Didier Codorniou, aimerait sanctionner les deux joueurs, quelle que soit la décision de justice.

10 décembre 2024, la justice argentine prononce un non-lieu

La demande de non-lieu faite le 28 août par les avocats des joueurs a vu son examen repoussé à trois reprises entre octobre et novembre. Après qu'une demande formulée par les avocats de la plaignante, pour récuser la juge Eleonora Arenas, a été rejetée par la justice argentine le 22 novembre, la juge a officiellement ordonné un non-lieu, mardi 10 décembre. Après une audience à huis clos le 25 novembre, au cours de laquelle parquet et avocats avaient été entendus, les deux rugbymen français sont ainsi mis hors de cause dans cette affaire. Mais tout n'est pas encore définitif : la défense a ainsi fait appel de cette décision.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.