Equipe, vérification de l'information, commentateurs... Comment fonctionne le Live de franceinfo.fr ?

L'information relatée par nos journalistes, tous les jours et en continu, dans un fil agrémenté par les questions et commentaires de nos lecteurs… C'est la promesse du Live de franceinfo.fr depuis le lancement du site. Nous vous en expliquons le fonctionnement dans cet article.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 15 min
Le Live de franceinfo.fr permet de rendre compte de l'actualité en continu et de tisser un lien avec notre public. (Illustration : Héloïse Krob et Pauline Le Nours, franceinfo.)

Le Live de franceinfo.fr existe depuis le lancement du site, alors nommé francetvinfo, en 2011. Il permet de rendre compte de l'actualité en continu, et non uniquement de façon ponctuelle sur des sujets précis. Il permet aussi de tisser un lien avec notre public, car il est interactif. Nous y publions régulièrement des commentaires de lecteurs et répondons à leurs questions dans la mesure du possible.

A quoi sert le Live ?

Le Live sert en premier lieu à rapporter, dans un fil d'actualité, ce qui se déroule en France et dans le monde. Il est également une fenêtre vers des actualités culturelles, sportives ou régionales. Il propose des résumés à plusieurs moments de la journée pour mettre l'accent sur les informations saillantes. 

"C'est un outil qui permet à nos internautes d'avoir accès à un résumé continu de ce qui se passe. Quand ils arrivent, ils ont directement les infos les plus récentes, mais aussi des points réguliers sur les principales actualités du jour", résume notre journaliste Marie-Violette Bernard. Ce format "permet un mélange entre les thématiques dominantes dans tous les médias et d'autres informations qu'on ne verrait pas sur les autres médias, comme du sport, de l'actu locale..."

Un exemple de point sur l'actualité du jour publié dans notre live, le 22 janvier 2024. (franceinfo)

Le Live est aussi le lieu idéal pour suivre certains événements quand l'actualité s'accélère : "Lors d'une conférence de presse importante ou une soirée électorale par exemple, on va pouvoir suivre presque minute par minute ce qui se passe en publiant de nombreux messages, et donner des infos qu'on ne pourrait pas toutes inclure dans un article parce que ce serait trop long", poursuit Marie-Violette Bernard. Et à l'inverse, sur des sujets complexes, une étude scientifique par exemple, résumer l'info dans le Live n'empêche pas de renvoyer les lecteurs vers un article plus complet.

Mais, surtout, "l'intérêt du live est de lire une personne, pas un fil de dépêches, ajoute son collègue Pierre Godon. Si les lecteurs ont une question, quelqu'un est là pour y répondre".

Pourquoi y a-t-il des commentaires dans le Live

Le Live est un lieu d'interaction où les lecteurs peuvent commenter l'actualité et poser des questions aux journalistes. Ces messages sont tous réceptionnés dans le back-office du live – l'interface qui permet de gérer et de publier du contenu – et certains sont sélectionnés pour être publiés dans le fil, celui que les lecteurs voient sur le site ou sur l'appli franceinfo. "Pourquoi n'avez-vous pas passé mon commentaire ?" est sans doute le reproche le plus souvent adressé par les lecteurs du live. Mais des choix s'imposent : nous recevons des centaines de commentaires par jour, et bien davantage lorsque l'actualité s'emballe.

C'est donc le "liveur" – le journaliste en charge du live – qui choisit quel commentaire il publie, une mission qu'il assure en parallèle du suivi de l'actualité. Pour être publié, il n'y a pas de science exacte, mais nos journalistes ont toujours une logique. "Premièrement, il faut que la personne soit aimable", explique Pierre Godon. Le commentateur doit avoir un ton courtois. Notre charte déontologique liste un certain nombre d'interdits, dont la tenue de propos insultants ou haineux.

"Le deuxième critère, s'il s'agit d'une question, c'est que le journaliste puisse apporter une réponse utile sans faire une recherche digne d'une thèse de prix Nobel", estime Pierre Godon. Le liveur puise dans ses connaissances, les articles de la rédaction, l'Agence France-Presse (AFP) et un certain nombre de sources facilement identifiées. S'il en a le temps, il peut passer un appel téléphonique ou se lancer dans des recherches plus approfondies. Mais pour certaines questions, la réponse n'est pas évidente, surtout quand il y a une riche actualité à couvrir en parallèle. Dans ce cas, le liveur peut expliquer de quels éléments il dispose et ceux qui lui échappent.

C'est d'ailleurs la raison d'être de notre opération #OnVousRépond, lancée en 2020 au moment de la crise du Covid-19, et systématisée depuis, pour mieux traiter vos questions quand elles deviennent très nombreuses : un deuxième liveur se consacre à 100% à celles-ci, peut prendre davantage de temps pour enquêter et publier ses réponses sous forme d'articles pour vous aider à les retrouver. Par ailleurs, une question qui demande un travail plus poussé peut inspirer un article rédigé dans les heures ou les jours qui suivent.

L'une de nos journalistes spécialisés en économie, Alice Galopin, se lance dans un #OnVousRépond dédié à la hausse des prix de l'électricité, le 22 janvier 2024. (franceinfo)

"Parfois, on reçoit des questions qui n'appellent pas vraiment de réponse par des faits", ajoute Alice Galopin. "Quelqu'un qui envoie 'Pourquoi le gouvernement ne fait rien contre tel sujet ?' ne pose pas vraiment une question, il exprime une opinion". Les avis des lecteurs ne sont pas pour autant exclus du Live : quand un sujet d'actualité, comme une compétition sportive ou une manifestation, provoque de nombreuses réactions, nos journalistes en publient une sélection, en tâchant d'être fidèles à l'équilibre des points de vues exprimés. "Si neuf personnes sur dix dans les commentaires partagent le même avis, je passerai aussi le point de vue divergent de la dixième, explique Alice Galopin, mais en précisant que les lecteurs sont massivement de l'avis contraire".

Comment faire pour participer au Live ?

Sur ordinateur comme sur mobile, il est possible de commenter dans un espace situé en bas de votre écran. Il faut disposer d'un compte franceinfo ou france.tv pour participer, tandis que lire simplement le Live est possible sans compte. Une fois connecté, vous pouvez écrire votre message et le signer d'un pseudo. Joindre une photo à votre message est possible mais absolument pas obligatoire.

Sur le fond de votre propos, il est impératif de respecter par les points 6 et 7 de la charte déontologique de franceinfo, qui proscrit notamment les propos haineux et discriminatoires. N'oubliez pas que c'est un être humain qui vous lira.

Dans le Live, nous utilisons des hashtags, ou mots-dièse, pour permettre aux lecteurs d'identifier le sujet d'un message et de filtrer par thématiques. Mais rien ne vous oblige à les ajouter vous-même : le journaliste s'en chargera.

Ces hashtags peuvent, en revanche, vous permettre de remonter plus vite les échanges et de voir si la question que vous comptez poser a déjà fait l'objet d'une réponse. Vous pouvez aussi utiliser le champ "recherche", situé en haut de la colonne du live. Nos liveurs évitent, en général, de répondre plusieurs fois par jour à des questions identiques.

Et si vous ne recevez pas de réponse, il peut être utile de revenir un peu plus tard : certaines questions intéressantes peuvent être traitées avec quelques heures de décalage, le temps de dégager un moment dans le flux de l'actualité pour chercher la réponse.

Qui est aux manettes du Live ? 

Les jours de semaine, trois liveurs, issus de la rédaction numérique de franceinfo à France Télévisions, se relaient pour suivre l'actualité – le premier de 6 heures à midi, le deuxième de midi à 18 heures, le troisième de 18 heures à minuit, heure à laquelle le live prend un peu de repos. Le week-end, ils sont deux à se relayer, de 9 heures à 16 heures et de 16 heures à 23 heures. Des horaires qui évoluent bien sûr en cas de gros événement.

Le liveur est donc le plus souvent seul. "C'est six heures pendant lesquelles il n'y a pas de temps mort", résume notre journaliste Alice Galopin. En cas d'actualité particulière forte, ce sont plusieurs journalistes qui prennent en main le Live pour à la fois suivre l'événement en cours et répondre aux lecteurs. 

Yann Thompson, un de nos journalistes, annonce en musique son départ et l'arrivée aux commandes du live de franceinfo.fr de son collègue Pierre Godon. (franceinfo)

Tous les liveurs sont membres de la rédaction et aucun ne travaille uniquement sur le Live : c'est un poste tournant sur lequel les journalistes se relaient de semaine en semaine, tandis que le reste du temps ils écrivent des articles. Ce qui n'empêche pas nos habitués de reconnaître certaines figures, à commencer par Pierre Godon, très souvent présent les samedis et dimanches soir pour couvrir la riche actualité sportive, sa spécialité. "Il y a même des commentateurs avec qui j'ai fini par discuter par e-mail", confie-t-il.

Les liveurs ne travaillent pas seuls : ils œuvrent sous l'œil vigilant des secrétaires de rédaction. Tous les jours, de 7 heures à 21 heures en semaine et de 10 heures à 19 heures le week-end, ces derniers relisent toute la production de la rédaction, dont le live. Ils y traquent les manquements à l'orthographe et autres fautes de frappe, mais pas seulement : ils offrent un deuxième regard précieux pour s'assurer que les informations que nous publions soient claires, concises, précises et vérifiées.

D'où viennent les informations publiées dans le Live ?

Dans notre Live, vous trouvez d'abord des informations recueillies par notre rédaction. Souvent, l'auteur d'une enquête ou d'un reportage y passe d'ailleurs une tête pour présenter son travail le jour de la publication de son article. Mais aussi celles des nombreuses autres équipes qui participent à franceinfo, dont celles de la radio franceinfo, de la chaîne franceinfo canal 27 et des autres chaînes de France Télévisions.  

L'une de nos journalistes spécialisées police-justice, Catherine Fournier, partage dans le live son travail sur le procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne. (franceinfo)

Pour couvrir l'actualité en direct, nous recevons aussi des informations de la part des différentes rédactions qui participent à franceinfo.fr, côté France Télévisions comme côté Radio France, sur nos différents fils de discussion internes. L'Agence de Radio France centralise les informations et les authentifie, afin que l'information vérifiée puisse être partagée sur nos différentes "antennes".

Comme de nombreux autres médias, nous sommes également abonnés à l'Agence France-Presse et son fil de dépêches. Ce qui ne fait pas du live une copie de ce dernier. "C'est une base, dans laquelle on vient piocher des infos importantes, explique Thomas Baïetto, qui vante notamment le réseau de l'AFP dans le monde entier. "Ça aide à ne rien rater d'essentiel et à gagner du temps."

Chaque liveur a ensuite sa propre recette pour suivre l'actualité. Nous sommes nombreux à garder une ou plusieurs télévisions allumées dans la rédaction. Nous passons souvent en revue la presse et les autres sites d'information pour repérer des actualités qui nous auraient échappé et nous en mettons certaines en avant. Le réseau social X (ex-Twitter) reste un outil central pour nous. "Je ne suis aucun média mais plutôt des individus", explique Pierre Godon, qui estime que cela lui permet de voir émerger des sujets différents. Alice Galopin, elle, "essaie de prévoir des listes de comptes à suivre pour les événements prévus à cette date".

Enfin, le liveur peut compter sur les commentateurs du Live. "Ils nous signalent des infos qu'on n'a pas toujours vues, notamment des sujets qui montent sur les réseaux sociaux", salue Marie-Violette Bernard. En lisant le live, vous verrez donc parfois des lecteurs remerciés pour leur contribution à notre travail. "J'ai un commentateur qui revient souvent et qui surveille beaucoup l'Italie, se souvient par exemple Pierre Godon. Une fois, il y a eu un tremblement de terre, et il me l'a annoncé une demi-heure avant l'AFP".

L'information publiée est-elle toujours vérifiée ?

Il est évidemment crucial pour nous de ne publier que des informations fiables – ce qui implique de toujours se questionner sur la source d'une info, qu'elle soit signalée par un lecteur, publiée par un autre média ou même par l'AFP.

Certains principes sont simples à appliquer. Si la mise en examen d'une personne, par exemple, est annoncée par le parquet, une source directe et officielle, nous considérons que l'on peut s'y fier ; si elle l'est par une source anonyme, à nous de travailler pour la confirmer. Pour ce faire, le liveur peut s'appuyer sur les différentes rédactions de France Télévisions et de Radio France et de leur réseau dans toute la France, ainsi que sur l'Agence de Radio France. C'est parfois le liveur qui décroche son téléphone ou fouille dans les documents officiels pour vérifier une information.

Le Live permet aussi une certaine transparence à ce sujet. Si un autre média annonce une information importante que nous n'avons pas pu vérifier, nous n'en ferons pas un article. En revanche, nous répondrons dans le Live aux lecteurs qui nous interrogent à ce sujet, en expliquant pourquoi nous préférons la prudence, ce que l'on sait, ce que l'on ignore et quelles sont les vérifications en cours.

Si vous vous demandez pourquoi un sujet n'est pas traité par franceinfo, c'est donc vers le Live que vous pouvez vous tourner pour trouver une explication.

Qui décide de ce que doit contenir le live ?

Tous les jours, des réunions organisées le matin et lors de chaque passage de relais au live permettent de discuter collectivement, entre la rédaction en chef et les journalistes, des principaux points de l'actualité à couvrir. En pratique, "la hiérarchie de l'info, c'est assez instinctif", estime Alice Galopin. "Il y a des sujets qui s'imposent d'eux-mêmes", acquiesce Marie-Violette Bernard. 

Quand une actualité est particulièrement importante, et que l'on s'attend à ce qu'elle connaisse des évolutions au fil de la journée, nous ouvrons en plus du Live un contenu dédié (reconnaissable à son titre ou surtitre "Direct") qui permet de suivre cette actualité plus précisément et au fil de l'eau. L'occasion de rappeler qu'il est également possible de ne suivre qu'un seul sujet sur le Live : il suffit de cliquer sur le hashtag dédié (comme le montre la capture d'écran ci-dessous). Sur l'application, le procédé est le même.

Pour ne suivre que les "entrées de live" liées à l'actualité autour des questions agriculture, il faut sélectionner le hashtag dédié. (franceinfo)

Outre les actus inévitables, le choix du sommaire de notre live est un exercice qui n'est pas une science exacte. "J'essaie de veiller à un certain équilibre, entre la France, l'international, la politique... Et entre les grosses actualités et des plus petites choses qu'on ne verra pas partout", explique Marie-Violette Bernard. "Quand c'est plus calme, il est aussi plus simple d'apporter un peu de légèreté", qui a moins sa place dans le Live quand l'actualité se fait plus grave. Il y a aussi des jours plus chargés que d'autres, et la place accordée à un sujet dépend donc, aussi, du nombre d'autres sujets à traiter en parallèle.

Enfin, bien entendu, les retours des lecteurs ont leur importance. "Si je vois qu'une question les préoccupe, ça peut m'aiguiller", explique Alice Galopin. Sans pour autant perdre le recul journalistique nécessaire sur les commentaires : "Pendant le mouvement des 'gilets jaunes', c'était un flux continu de gens qui trouvaient soit qu'on en parlait trop, soit qu'on n'en parlait pas assez", se souvient Marie-Violette Bernard. Au liveur, alors, de tenter de respecter un certain équilibre.

S'ajoute, enfin, un dernier impératif : le Live parle avant de tout de ce qui se passe à un moment précis. Et ne revient donc pas forcément sur les actualités datant de plusieurs jours, si elles ont déjà été évoquées et n'ont pas connu de nouveau rebondissement. "Il m'arrive de revenir en arrière, explique Thomas Baïetto, mais surtout pour répondre à des gens qui pensent qu'on ignore un sujet, pour expliquer qu'on en a parlé il y a quelques jours". Donc, si vous vous étonnez qu'un sujet qui vous tient à cœur ne soit pas mentionné dans le Live, la réponse se trouve parfois en remontant le fil.

Est-ce que les journalistes donnent leur avis dans le live ?

Franceinfo n'est pas un média d'opinion et nos liveurs n'ont pas pour rôle de donner un avis sur l'actualité. En revanche, le Live est un fil de discussion où leur personnalité peut s'exprimer – et ce n'est pas pour rien qu'ils sont invités à écrire à la première personne et avec leur photo. "Il y a des sujets sur lesquels je m'autorise de la subjectivité et pas d'autres, résume Pierre Godon. Le foot, par exemple, n'est pas un sujet très grave, et on peut se le permettre. Les lecteurs me charrient quand Lens [son club de cœur] perd, et c'est de bonne guerre".

C'est aussi un moyen de mettre en avant l'expertise de chacun, comme celle de Marie-Violette Bernard au sujet des Etats-Unis : "Il y a des gens qui me voient arriver dans le live et qui m'écrivent 'Ça tombe bien, j'avais une question sur les US'." Sans ignorer les actualités essentielles, nous pouvons mettre en lumière des thématiques que nous connaissons particulièrement bien. "Je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose si on a, à 6 heures du matin, un peu plus d'international, puis à midi un peu plus de sport", en fonction des sensibilités de chacun, estime Marie-Violette Bernard. C'est aussi pour cela que vous verrez des journalistes défendre leurs coups de cœur culturels ou se permettre d'ajouter des gifs animés à leur message de bienvenue – tout en gardant leur sérieux et leur neutralité quand l'actualité le demande.

Pierre Godon échange ici avec un commentateur sur les chances de la nouvelle génération de joueurs de tennis français. (franceinfo)

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