De Washington à Moscou, condamnation unanime du nouveau massacre en Syrie
SYRIE. Si la communauté internationale condamne unanimement le massacre survenu mercredi en Syrie, elle reste divisée sur les pressions à exercer sur le régime de Bachar Al-Assad.
"Affront à la dignité humaine", acte "barbare" : la communauté internationale a condamné jeudi 7 juin le nouveau massacre survenu en Syrie, qui a fait des dizaines de morts, et dont les auteurs devront être "punis", selon l'émissaire international Kofi Annan. Moins de deux semaines après le massacre de Houla qui a provoqué un tollé international, l'opposition et une ONG syrienne ont accusé les forces fidèles au régime d'en avoir commis un autre mercredi à Al-Koubeir dans la province de Hama (centre). Mais le régime a démenti que ce massacre ait eu lieu.
• Une condamnation unanime
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a qualifié ce nouvel épisode sanglant de "scandaleux et révoltant". "Depuis des mois il est évident que le président [syrien] Bachar Al-Assad a perdu toute légitimité", a-t-il déclaré devant l'Assemblée générale de l'ONU. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a estimé que Bachar Al-Assad "doit céder le pouvoir et quitter la Syrie", déclarant que la violence "soutenue par le régime dont nous avons été le témoin hier à Hama est tout simplement inadmissible". La Maison Blanche a également dénoncé un "affront à la dignité humaine" et la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a réclamé une "enquête totale" sur ce crime "impardonnable".
La Russie, hostile à toute imposition d'un changement de régime en Syrie, a dénoncé ce massacre "barbare" comme une "provocation" visant à faire échouer le plan de paix de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan, et appelé l'Occident à faire pression sur l'opposition armée syrienne afin qu'elle le respecte.
• Mais une division sur les pressions à exercer sur Damas
S'adressant jeudi à l'Assemblée générale de l'ONU, Kofi Annan a déclaré que les responsables du massacre devaient "être punis". Alors qu'Occidentaux d'un côté et Russes et Chinois de l'autre campent sur leurs positions, l'émissaire devait s'adresser au Conseil de sécurité pour proposer un groupe de contact élargi afin de faire respecter son plan ou trouver un "plan B" pour un règlement dans ce pays déchiré par une révolte réprimée dans le sang depuis 15 mois. "Il est temps pour la communauté internationale d'agir de manière concertée", a dit Ban Ki-moon, soulignant le risque "d'une guerre civile totale".
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a toutefois prévenu que son pays bloquera au Conseil de sécurité de l'ONU tout texte autorisant une intervention extérieure en Syrie. "Il n'y aura pas de mandat [de l'ONU] pour une intervention extérieure en Syrie. Je vous le garantis", a-t-il déclaré. Et la Chine a appuyé la postion russe en déclarant un peu plus tard son "opposition résolue" à une "intervention armée extérieure" en Syrie, ainsi qu'à "toute tentative de promouvoir un changement de régime par la force".
• Un bilan encore incertain, des armes lourdes utilisées contre les observateurs de l'ONU
Des armes lourdes, des balles perforantes et des drones ont été utilisés contre les observateurs de l'ONU déployés en Syrie, a déclaré jeudi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon devant le Conseil de sécurité, selon des diplomates. Les diplomates qui ont assisté à la réunion à huis clos ont indiqué que, selon Ban Ki-moon, cette tactique visait à forcer les observateurs à se retirer de régions où les forces syriennes ont été accusées de mener des attaques.
Au moins 55 personnes ont été tuées à Al-Koubeir, a indiqué le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. "Quarante-neuf victimes ont été identifiées à Al-Koubeir, majoritairement membres de la famille Al-Yateem" et "parmi elles figurent 18 femmes et enfants", a-t-il dit.
Une vidéo a montré le cadavre d'un bébé, celui d'un homme qui semblait gravement brûlé et d'autres corps enroulés dans des couvertures. Mais le gouvernement syrien a démenti qu'un tel massacre ait eu lieu, affirmant "qu'un groupe terroriste a commis un crime odieux dans la région de Hama qui a fait 9 victimes". Il n'était pas possible de confirmer de source indépendante ces informations, alors que les médias étrangers sont soumis à des sévères restrictions. Quoi qu'il en soit, le Conseil national syrien (CNS), a demandé aux rebelles d'intensifier leurs attaques contre les forces du régime "pour mettre fin au siège imposé à la population et protéger les civils". Ailleurs dans le pays, les troupes syriennes bombardaient violemment jeudi Talbissé, semant la panique dans cette localité de la province de Homs (centre) selon l'OSDH et des vidéos de militants.
Plus de 13 400 personnes, la plupart des civils, ont péri en Syrie en 15 mois, selon l'OSDH.
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