Colère des agriculteurs : qui sont les principaux membres des syndicats qui s'expriment publiquement ?
Alors que le gouvernement français et la Commission européenne multiplient les annonces pour tenter de calmer la colère des agriculteurs, en France, la mobilisation continue jeudi 1er février. En quelques semaines, certains visages sont apparus régulièrement. Portrait des principaux syndiqués qui prennent la parole.
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA
À la tête de la FNSEA, le premier syndicat agricole depuis avril 2023, il a davantage la carrure d'un PDG que d'un paysan. Ancien courtier, diplômé de l'European Business School de Paris, Arnaud Rousseau est aujourd'hui à la tête de la ferme familiale. Producteur d'oléagineux, il possède plus de 700 hectares de culture avec sa femme. Également à la tête d'Avril, un des plus grands groupes agroalimentaires français, il est se dit favorable aux mégabassines et aux nouveaux OGM. Arnaud Rousseau s'emploie à modérer l'"énorme attente" des agriculteurs, dont certains ont tenté de bloquer le marché de Rungis. Conscient que les sujets abordés "ne se règlent pas en trois jours, il appelle au "calme et à la raison".
Karine Duc et Serge Bousquet-Cassagne, de la Coordination rurale
À 38 ans, Karine Duc est coprésidente de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne (CR47). Dès les premiers blocages de mi-janvier, notamment sur l'autoroute A62, au sud d'Agen, la viticultrice a rejoint les rangs des manifestants. Réputés pour leurs actions chocs, des membres de la Coordination rurale ont brûlé de la paille et des pneus devant la préfecture d'Agen le 24 janvier et jeté du lisier devant le bâtiment.
Serge Bousquet-Cassagne, coprésident de la CR47 est également connu pour sa virulence. Cet ancien rugbyman, producteur de pruneaux, a comparu dans 18 procès pour ses actions coup de poing ces dernières années, notamment pour avoir créé un lac artificiel, le lac de Caussade.
Après s'être entretenus à Matignon mercredi 31 janvier, Karine Duc et Serge Bousquet-Cassagne ont appelé à poursuivre les blocages autour de Paris et du marché de Rungis. Accusée de surfer sur des idéologies identitaires et proches de l'extrême droite pour dénoncer les problèmes du milieu agricole, la Coordination agricole se dit toutefois apolitique.
Arnaud Gaillot et Clément Torpier, des Jeunes Agriculteurs
Président des Jeunes Agriculteurs, Arnaud Gaillot a 37 ans. Il possède un élevage de vaches laitières, ainsi qu'une exploitation de céréales de 140 hectares dans le Doubs. Partisan de la non-violence, il a été reçu par Gabriel Attal aux côtés de la FNSEA, lundi 29 janvier. "Ne vous laissez pas aller à la tentation de dégrader les biens publics. Nous demandons de la dignité, de la rémunération et du respect. Vous êtes des chefs d'entreprises responsables, ne cédez pas aux appels populistes à l’insurrection", demandait-il sur le plateau de franceinfo ce même jour.
Clément Torpier, 33 ans, est quant à lui le président des jeunes agriculteurs d'Île-de-France. Diplômé en agronomie et développement durable de l'université d'Amiens, il a fini par reprendre l'exploitation céréalière de sa famille en Seine-et-Marne. Sur franceinfo, il assure que les agriculteurs "sont prêts à rester mobilisés plusieurs jours, plusieurs semaines s'il le faut" mais sans volonté d'entrer dans Paris, ni de bloquer le marché de Rungis.
Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne
Cette éleveuse de lamas en Ariège est d'abord ingénieure en agronomie, avant de se convertir à l'agriculture en 2003, après 16 ans passés en Bolivie. C'est l'une des ferventes opposantes des dynamiques néolibérales dans le secteur agricole. Pour elle, les agriculteurs doivent s'allier aux luttes de protection de l'environnement, notamment avec des mouvements écologistes tels que les Soulèvements de la Terre. Après le discours de Gabriel Attal du mardi 30 janvier, la Confédération paysanne appelle "à bloquer les centrales d'achat et à cibler les prédateurs du revenu paysan", estimant que le discours du Premier ministre n'offrait "aucune perspective au long terme". Le 29 janvier, sur franceinfo, Laurence Marandola "n'exclut pas la possibilité d'une mobilisation sur Paris dans les jours qui viennent".
Jérôme Bayle, membre de la FDSEA
Éleveur de bovins à Montesquieu-Volvestre en Haute-Garonne, ce membre de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) est la figure du blocage de l'autoroute A64. Il a notamment rencontré le Premier ministre lors de son déplacement dans le département à Montastruc-de-Salies, vendredi 26 janvier. Après les premières mesures annoncées par Gabriel Attal ce jour-là, Jérôme Bayle et ses collègues agriculteurs ont décidé de lever leur barrage et de rentrer dans leurs fermes. Critiqué pour cette décision, lui qui se veut "asyndical et apolitique", s'est défendu mardi 30 janvier sur franceinfo : "[Gabriel Attal] nous a montré un premier signe, autrement, on n'aurait pas levé le blocage", assure l'éleveur qui n'hésitera pas à "se refaire entendre si l'État ne tient pas parole".
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