Réforme des retraites : "La violence institutionnelle que l'on subit est inédite", estime le président du syndicat CFE-CGC
"La violence institutionnelle que l'on subit est inédite", a dénoncé vendredi 10 mars sur franceinfo François Hommeril, président de la Confédération française de l'encadrement - Confédération générale des cadres (CFE-CGC), alors que les sénateurs examinent le projet de réforme des retraites. Le gouvernement a demandé un vote unique au Palais du Luxembourg sur l'ensemble du texte, pour donner un coup d'accélérateur aux débats.
Selon François Hommeril, plusieurs éléments posent problème, dont le fait d'utiliser "une procédure particulière pour examiner un projet de loi aussi important, aussi structurant pour la société", le fait que le président du groupe Les Républicains au Sénat dise "il faut s'affranchir de l'opinion publique" ou encore la "procédure accélérée" utilisée par le gouvernement et "la déclaration d'Aurore Bergé à l'Assemblée nationale, qui dit qu'elle va exclure tous les députés ne qui voteront pas" la réforme.
"La réforme des retraites est de plus en plus entachée d'une espèce de précipitation, d'un manque de sang froid qui n'est pas tout à fait en rapport avec l'enjeu".
François Hommeril, président de la CFE-CGCsur franceinfo
"Trois personnes sur quatre" contre le projet
Le mouvement social est "fort" parce que "trois personnes sur quatre dans la population nous soutiennent et veulent le retrait du projet", rappelle également le président de la CFE-CGC. "Plus de neuf personnes sur dix qui travaillent n'en veulent pas." Et il assure que depuis deux mois, les syndicats ont "démonté pièce par pièce l'argumentaire du projet de loi".
"Le projet était soi-disant nécessaire, on a démontré que ce n'était pas le cas. Il était soi-disant juste, on a démontré que ce n'était pas le cas."
François Hommeril, président de la CFE-CGCsur franceinfo
François Hommeril rappelle que les syndicats ont "envoyé une perche au président de la République", avec l'envoi d'une lettre jeudi 9 mars pour demander à être reçus par Emmanuel Macron. Le chef de l'État n'y a pas répondu favorablement, mais a affirmé rester "à l'écoute". L'interpellation du président par l'intersyndicale était "pour dégager et tracer une voie de sortie parce qu'on est très inquiets", estime encore le représentant syndical, dénonçant "un irrationnel constitutionnel, un irrationnel sociétal".
La CFE-CGC reconnaît cependant qu'il y a eu "de nombreux échanges" avec l'exécutif. Mais le syndicat affirme "qu'avec le gouvernement, on ne négocie pas. Nous, les organisations syndicales, on a l'habitude de négocier avec les employeurs au niveau national, dans les entreprises, on en connaît les règles et les codes".
"Aucune marge de manœuvre"
Mais selon lui, le gouvernement ne veut "rien déléguer" aux syndicats. Emmanuel Macron n'a "qu'une obsession", celle "d'expulser les partenaires sociaux du champ national des interactions sociales telles que normalement, notre démocratie le prévoit". Il n'y a donc "aucune marge de manœuvre", selon François Hommeril. "Emmanuel Macron lui-même l'a dit : les syndicats, c'est dans les entreprises et nulle part ailleurs. Et tout ce qu'il fait, tout ce qu'il fait faire à ses gouvernements, va dans ce sens-là."
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