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Bruno Bonnell, candidat d'En marche ! dans le Rhône, accusé d'optimisation fiscale par Mediapart

Sociétés dans un paradis fiscal, condamnation de l'Autorité des marchés financiers contre son ancienne société... Le site détaille plusieurs passages de la biographie de l'entrepreneur, dans une enquête consacrée aux candidats du mouvement d'Emmanuel Macron.

Article rédigé par franceinfo
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Bruno Bonnell, candidat La République en marche dans la 6e circonscription du Rhône, lors d'une conférence de presse, le 16 mai 2017 à Lyon. (JEFF PACHOUD / AFP)

Beaucoup de candidats de La République en marche font leurs débuts en politique, à l'image de Bruno Bonnell, candidat aux législatives dans la 6e circonscription. Dans un dossier plus large consacré aux candidats issus du mouvement d'Emmanuel Macron, le site Mediapart (abonnés) revient sur les pratiques pas toujours reluisantes de l'ancien patron d'Infogrames.

Une société condamnée pour sa gestion

En 2008, la société de jeux vidéo a été condamnée à verser 40 000 euros à l'Autorité des marchés financiers. Certes, Bruno Bonnell avait quitté l'entreprise depuis un an, mais c'est bien sa gestion qui est visée. Alors directeur financier, il aurait "artificiellement fait varier le cours de son titre (...) en achetant et revendant des paquets d’actions" entre 2002 et 2003, écrit Mediapart, sans en informer l'autorité de régulation. Contacté par le site, l'intéressé fait valoir un "excès de zèle" de l'AMF. Selon lui, ces opérations avaient simplement pour but de "défendre le titre".

Un patrimoine "restructuré" après un divorce, selon Mediapart

Autre document invoqué, un jugement de divorce daté de 2011, qui prouverait que Bruno Bonnell a "entièrement restructuré son patrimoine, y compris en utilisant judicieusement un endettement qui pourrait être qualifié de colossal, afin d'éluder l'impôt de solidarité sur la fortune d'abord et l'impôt sur le revenu". L'intéressé confirme dans Lyon Capitale qu'il n'a pas payé l'ISF en 2008 et en 2009. Mais, selon lui, c'est en raison de la pension alimentaire versée à son ex-femme dans sa déclaration de revenus, qui a été "prise en compte pour le calcul de cet impôt".

Le jugement de divorce a rapidement été partagé par ses adversaires politiques. Et notamment par Laurent Legendre, candidat de la France insoumise dans la circonscription. "Ca nous semblait important, sans accuser de quoique ce soit, que les électeurs soient au courant. Nous considérons que la législation doit évoluer sur ces points. C'est d'ailleurs dans notre programme. Cet arrêt, c'est l'occasion de parler de nos propositions", explique-t-il à franceinfo.

Deux sociétés domiciliées dans un paradis fiscal

Enfin, selon Mediapart et Médiacités (article payant), Bruno Bonnell est propriétaire de deux sociétés basées au Delaware, un paradis fiscal américain. L'une d'elles, BB26, a été créée en 2007. Elle n'a jamais eu d'activité mais l'actuel candidat aux législatives ne l'a jamais fermée. "Je comptais y établir la base américaine de mes activités de jeux en ligne, précise-t-il, dans Lyon Capitale. Les aléas de la vie m'ayant forcé à revenir en France en août 2007, cette société est en sommeil depuis." L'entrepreneur préside également le conseil de surveillance de Navya, créée par un fabricant de voitures sans chauffeurs. "Le Delaware n’est pas qu’un paradis fiscal, se défend Bruno Bonnell dans Mediapart. C’est aussi un lieu où l’on peut monter des sociétés rapidement."

Ces réponses ne convainquent pas ses adversaires politiques, qui soulignent une contradiction avec la moralisation de la vie publique, prônée par le gouvernement d'Edouard Philippe. Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l'Education nationale, candidate PS dans la même circonscription, demande au "candidat de La République en marche à faire toute la lumière sur sa situation", dans un communiqué. Au sujet du jugement de divorce, La France insoumise veut chercher à démontrer "qu'il a su se servir du système en place".

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