Départementales : qui sont les gagnants et les perdants ?
Une droite qui poursuit sur la lancée des municipales, une gauche laminée et un Front national privé d'exécutif départemental. Telles sont les leçons du scrutin de dimanche.
Une droite qui poursuit sur la lancée des municipales, une gauche laminée et un Front national privé d'exécutif départemental. Après le verdict des urnes, dimanche 29 mars, francetv info compte les points et vous aide à comprendre qui sont les gagnants et les perdants du second tour des élections départementales.
Pour la droite, une victoire incontestable
Les leçons du scrutin. Avec 66 départements remportés sur les 98 où était organisé le scrutin, la droite est, sans surprise, la grande gagnante de ce second tour. Au total, 27 départements de gauche basculent en sa faveur, alors qu'elle en perd un seul. Même Manuel Valls a reconnu, peu après 20 heures, la victoire "incontestable" de la droite parlementaire. La stratégie d'alliance de l'UMP avec l'UDI dès le premier tour se trouve ainsi validée, face à une gauche partie en ordre dispersé.
Comment s'annonce la suite. Nicolas Sarkozy sort renforcé de ce scrutin. "C'est la première bonne nouvelle pour l'UMP depuis qu'il en a repris la présidence", observe le politologue Martial Foucault, directeur du Cevipof, interrogé par francetv info. Dès l'annonce des premiers résultats, le président de l'UMP s'est placé dans la perspective de 2017 : "L'alternance est en marche, rien ne l'arrêtera", a-t-il déclaré. Toutefois, "Nicolas Sarkozy ne peut pas réellement triompher sur le plan des idées, car le débat a été assez pauvre idéologiquement pendant cette campagne, souligne Martial Foucault. Son prochain défi sera de transformer cette victoire en projet."
Pour la gauche, un revers historique
Les leçons du scrutin. La gauche essuie une sévère défaite. Il ne lui reste que 31 départements, alors qu'elle en détenait 61 avant le scrutin. Historique, cette défaite ne constitue pour autant pas un record : la gauche ne comptait en effet que 23 départements en 1992, et 24 en 1994. La gauche est battue dans des bastions emblématiques comme le Nord, les Côtes-d'Armor ou encore les Bouches-du-Rhône, département qu'elle dirigeait depuis plus de soixante ans. Le PS et ses alliés font les frais d'un vote sanction à l'encontre du gouvernement, mais aussi de leurs divisions au moment d'aborder l'élection, ce qui a valu à la gauche d'être éliminée dans un quart des cantons dès le premier tour.
Comment s'annonce la suite ? "Ce résultat risque de peser lourd dans les prochaines semaines", prévient Martial Foucault. Au-delà des chiffres, la déclaration très sévère de Martine Aubry laisse augurer un congrès du PS sanglant, début juin à Poitiers. La maire de Lille a vu dans ce résultat un "vote de protestation par rapport à la politique nationale" qui "mérite une analyse". Pour elle, le rassemblement prôné par Manuel Valls passe par un "accord sur le fond car on ne peut pas se réunir si l'on n'est pas d'accord sur le fond".
De leur côté, les écologistes sont toujours écartelés entre défenseurs de l'autonomie et partisans d'un retour au gouvernement. Même si le mode de scrutin ne les favorise pas, "les écologistes ont pu se rendre compte que leur stratégie d'autonomie au premier tour était mortifère, analyse Martial Foucault. Ils pourraient être tentés de revoir leur stratégie aux régionales : il est plus facile de s'entendre dans 13 régions que dans 2 054 cantons."
Pour le FN, une déception, mais de quoi espérer
Les leçons du scrutin. Le FN nourrissait des espoirs dans plusieurs départements, comme le Vaucluse et l'Aisne. Mais le parti de Marine Le Pen n'a réussi à obtenir aucun exécutif départemental. Alors qu'il a recueilli plus de 5 millions de voix au premier tour, il se retrouve avec 62 élus sur 4 108, soit 1,5% du total. "Le Front national se heurte au scrutin majoritaire à deux tours, qui reste l'un des remparts les plus puissants de la Ve République", note Martial Foucault, qui souligne "un vrai problème de représentation démocratique".
Comment s'annonce la suite. Malgré cette déception, le Front national, qui comptait un seul conseiller général sortant, poursuit sa stratégie d'implantation territoriale. "Petit à petit, le FN tisse sa toile d'élus locaux. La nouveauté, c'est qu'il sait séduire l'électorat urbain et périurbain, les employés, les fonctionnaires", détaille le politologue. Cet ancrage dans les territoires devrait se poursuivre aux élections régionales de décembre, dont le mode de scrutin, qui inclut une dose de proportionnelle, est bien plus favorable au FN.
Le gouvernement, sanctionné et mal en point pour 2017
Les leçons du scrutin. Tous les dirigeants politiques le soulignent : la défaite de la gauche est une gifle pour le gouvernement et le chef de l'Etat. Si les trois ministres et secrétaires d'Etat en course (Patrick Kanner dans le Nord, Ségolène Neuville dans les Pyrénées-Orientales et André Vallini dans l'Isère) ont été élus dans leurs cantons respectifs, la gauche s'incline dans le département de François Hollande – la Corrèze – et dans celui de Manuel Valls – l'Essonne.
Comment s'annonce la suite. Après des défaites aux municipales, aux européennes et aux sénatoriales, le couple exécutif enregistre une nouvelle défaite dans la course à la présidentielle de 2017. "La difficulté pour François Hollande va être de répondre à l'impatience et à la frustration de son électorat, dont une partie est en désaccord avec ses choix économiques". S'ils veulent rebondir avant la prochaine présidentielle, le chef de l'Etat et son Premier ministre devront résoudre cette équation : obtenir rapidement des résultats économiques tout en recréant une cohésion dans leur majorité. La loi sur le dialogue social, que le ministre du Travail, François Rebsamen, veut soumettre au Parlement au printemps (soit avant le congrès du PS), sera un premier test pour le gouvernement.
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