Elections européennes : qui sont les "Spitzenkandidaten", ces prétendants à la présidence de la Commission ?
Il n'y a pas que le Parlement européen qui s'apprête à être renouvelé. Comme le veut la règle, les dirigeants des 27 pays membres de l'Union européenne (UE) se réuniront à l'issue des élections européennes, prévues du 6 au 9 juin prochain, pour distribuer les top jobs, ces rôles au plus haut niveau des institutions européennes. Parmi ces nominations figure celle à un poste prestigieux : la présidence de la Commission européenne.
Depuis 2014, le Conseil européen, qui réunit les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, choisit la personne qui présidera la Commission parmi les Spitzenkandidaten, les "têtes de listes" (en allemand) désignées par les grands partis européens. Le tout sans oublier de "tenir compte des résultats des élections", comme l'impose le Traité de Lisbonne.
A l'occasion du débat télévisé organisé jeudi 23 mai entre cinq des prétendants, franceinfo vous présente les candidats à la succession de l'actuelle présidente, Ursula von der Leyen, qui postule elle-même à un nouveau mandat.
Terry Reintke et Bas Eickhout pour les Verts européens
Comme d'autres groupes politiques au Parlement européen, les Verts/ALE ont désigné en février plusieurs candidats pour les représenter dans la course à la présidence de la Commission. Il s'agit d'un duo dans lequel on retrouve notamment l'eurodéputé Bas Eickhout, un Néerlandais de 47 ans actuellement vice-président de la commission sur l'Environnement au Parlement. Il a, par exemple, travaillé sur l'accord trouvé en janvier concernant les émissions de gaz à effet de serre des camions et des bus.
Sur le ticket des Verts figure aussi Terry Reintke, eurodéputée allemande depuis 2014, et coprésidente du groupe écologiste au Parlement. L'élue âgée de 37 ans est par ailleurs l'une des cheffes de file des Verts pour les élections européennes, mal embarquées pour sa famille politique. Connue pour ses combats en faveur des droits des femmes, elle avait raconté en plein hémicycle en 2017 une agression sexuelle dont elle avait été victime.
Ursula von der Leyen pour le Parti populaire européen
Propulsée au sommet du pouvoir européen en 2019 avec le soutien d'Emmanuel Macron, Ursula von der Leyen a affronté plusieurs crises majeures ces cinq dernières années, parmi lesquelles la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et les multiples enquêtes pour corruption visant des parlementaires européens.
En figurant parmi les principaux visages de l'UE, l'Allemande de 65 ans est aussi devenue la cible des eurosceptiques. Malgré le désengagement de ses anciens soutiens français, celle qui a officialisé sa candidature le 19 février reste considérée comme favorite dans la course à sa succession.
Nicolas Schmit pour le Parti socialiste européen
Il figure parmi les doyens des Spitzenkandidaten. A 70 ans, le Luxembourgeois Nicolas Schmit a été désigné début mars par les socialistes européens (PSE), deuxième groupe en nombre de sièges au Parlement européen, derrière le Parti populaire européen (PPE).
Peu connu du grand public, il est pourtant l'un des principaux artisans de l'Union, émissaire du Luxembourg dans les négociations des traités de Maastricht (1992) et de Nice (2001). Il est actuellement commissaire européen à l'Emploi et aux Droits sociaux, un poste qui l'a vu affronter la vague du Covid-19 et, plus récemment, l'afflux de réfugiés ukrainiens dans les Etats membres de l'UE.
Marie-Agnes Strack-Zimmermann, Valérie Hayer et Sandro Gozi pour Renew Europe Now
Le Parti démocrate européen (PDE), Renew Europe et le Parti de l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe (Alde) ont opté pour une candidature à trois têtes, sous l'étiquette Renew Europe Now, qui correspond à leur groupe parlementaire. On y retrouve le député européen Sandro Gozi (PDE), un Italien de 56 ans, ancien secrétaire d'Etat aux Affaires européennes de 2014 à 2018 dans son pays. Opposant tenace du gouvernement de Georgia Meloni, il a notamment milité pour l'instauration de salaires minimum en Europe, une directive adoptée fin 2022 par le Parlement.
Autre candidate soutenue par Renew Europe Now, l'Allemande Marie-Agnes Strack Zimmermann représente l'ALDE. A 66 ans, cette députée du Bundestag est une spécialiste des questions militaires. Depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, elle a régulièrement appelé le gouvernement allemand à fournir des armes à Kiev. Elle est accompagnée par une troisième Spitzenkandidat, l'eurodéputée française Valérie Hayer, tête de liste de la majorité présidentielle en France pour les européennes. Au Parlement, l'élue de 38 ans s'est surtout consacrée aux commissions sur les budgets, mais également sur l'industrie et la recherche.
Walter Baier pour le Parti de la gauche européenne
A 70 ans, Walter Baier représente dans cette campagne le Parti de la gauche européenne (PGE), qu'il préside par ailleurs.
Très soucieux de l'union de la gauche radicale, l'Autrichien ne fait pourtant pas l'unanimité au sein de sa famille politique. Ce membre du Parti communiste d'Autriche est soutenu par ses camarades français du PCF, mais pas par La France insoumise, ni par les Allemands de Die Linke ou les Espagnols de Podemos, comme le rappelle le site Toute l'Europe.
D'autres candidats désignés par les plus petites formations européennes
Les cinq groupes majeurs du Parlement européen ne sont pas les seuls à espérer placer leurs chefs de file au sommet de la Commission européenne. Le mouvement Volt Europa, allié en France au Parti radical de gauche (PRG) notamment, a désigné deux eurodéputés : l'Allemand Damian Boeselager, 36 ans, écologiste convaincu, et la Néerlandaise Sophie in 't Veld, 60 ans, qui fait partie du groupe centriste Renew Europe.
Même s'ils sont alliés avec les Verts, les cadres de l'Alliance libre européenne, à tendance régionaliste, ont eux désigné deux candidats propres fin 2023. Il s'agit de Maylis Rosberg, Allemande de 24 ans engagée pour les droits des minorités, et Raul Romeva, militant autonomiste catalan de 53 ans. Parmi les autres candidatures figurent celles du pasteur moldave Valeriu Ghiletchi, 63 ans, soutenu par le Mouvement politique chrétien européen, tout comme les noms de deux représentants du Parti pirate européen : l'Allemande Anja Hirschel (42 ans) et le Tchèque Marcel Kolaja (43 ans).
Enfin, le groupe d'extrême droite Identité et démocratie, auquel est rattaché le Rassemblement national, comme les Conservateurs et réformistes européens, ont toujours été opposés au principe de désignation du Spitzenkandidat. Malgré la montée de l'extrême droite en Europe sur la dernière décennie, et de potentielles chances d'accession à la présidence de la Commission, ils n'ont pas présenté de candidat.
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