Infographies Législatives 2024 : RN, PS, LR... Quels sont les partis qui vont gagner le plus d'argent après ces élections ?

Article rédigé par Léa Prati
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
L'hémicycle de l'Assemblée nationale à Paris, le 1er juillet 2024. (BERTRAND GUAY / AFP)
De bons résultats aux élections législatives peuvent rapporter gros aux formations politiques. Les aides publiques qui leur sont versées par l'Etat sont en effet calculées en fonction du nombre de voix recueillies au premier tour et du nombre de députés et de sénateurs élus. Le non-respect de la parité, en revanche, leur coûte cher.

Dès les résultats des élections législatives anticipées connus, dimanche 7 juillet, les trésoriers des différents partis ont sorti leur calculatrice. Car le vote des électeurs n'a pas seulement redessiné les équilibres politiques à l'Assemblée nationale. Du total des voix engrangées au premier tour et du nombre de députés envoyés dans l'hémicycle au second dépend le montant des financements publics versés aux diverses formations politiques.

Frais de campagne, rémunération des salariés permanents, location de locaux... Les partis politiques ont d'importants coûts de fonctionnement, notamment en période électorale. Pour les soutenir, mais aussi éviter les financements occultes et les pressions financières, une aide publique est inscrite dans la loi et versée chaque année. Peuvent s'y ajouter des dons privés, qui sont plafonnés à 7 500 euros par an et par personne.

Chaque voix rapporte 1,61 euro

L'enveloppe distribuée par l'Etat se divise en deux parties. La première dépend du nombre de voix recueillies par chaque parti au premier tour des élections législatives. Pour qu'une formation puisse en percevoir une partie, la règle est simple : elle doit avoir remporté au minimum 1% des suffrages exprimés dans au moins 50 circonscriptions au premier tour. Si cette condition est respectée, chaque voix rapporte 1,61 euro au parti. La seconde partie de l'aide publique est proportionnelle au nombre de députés et de sénateurs dont dispose chaque parti. Seules les formations bénéficiant de la première partie de l'aide sont éligibles à la seconde.

En 2024, le montant total des aides accordées s'élevait à 66,43 millions d'euros, partagés entre la première et la seconde fraction, selon un décret publié en février. La première enveloppe s'élevait à plus de 32 millions euros. Quant à la seconde, elle se situait à plus de 34 millions d'euros. Mais qu'en sera-t-il après ces élections législatives ? Franceinfo a fait les comptes et tenté une estimation.

Le parti d'Eric Ciotti le moins paritaire et le plus pénalisé

Le premier volet d'aide peut toutefois être amputé si les partis ne respectent pas la parité entre candidates et candidats. Cette pénalité prévue par la loi de 1988 a été durcie en 2014. Si un parti politique présente plus de 2% de candidats d'un sexe par rapport à l'autre lors des élections législatives, le montant de l'aide financière qu'il reçoit est réduit de 150% de cet écart. Ainsi, si une formation présente aux élections 55 candidats et 45 candidates, soit un écart de 10% entre hommes et femmes, le montant de son aide publique sera réduit de 15% après application de la pénalité.

Avec seulement 11 femmes pour 52 hommes sur ses listes, A droite, le mouvement d'Eric Ciotti, président contesté de LR, risque de voir son aide publique réduite de près de 97,6%, passant d'un peu moins de 2 millions d'euros à 46 629,9 euros. De leur côté, Les Républicains vont certainement voir leur enveloppe fondre de plus de 59,6%, un taux comparable à celui appliqué après les législatives de 2022 qui était de 56% environ. Ce n'est pas la première fois que le parti paie le prix d'un manque de parité.

A l'inverse, Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignant, et Les Ecologistes-EELV ont parfaitement respecté la parité à ces élections et n'auront donc aucune minoration. Juste derrière, on retrouve Lutte ouvrière et La France insoumise qui ont aussi été de bons élèves. Leurs aides publiques ne devraient être réduites respectivement que de 3,6% et 4,5%.

Le RN et le PS grands gagnants

A l'issue de ces élections législatives, deux partis notamment vont voir leur enveloppe de financement public grossir. Avec environ 9,34 millions de voix au premier tour, le Rassemblement national pourrait percevoir un montant s'élevant à près de 13,7 millions d'euros, soit plus du double du montant actuel (6,8 millions d'euros) calculé à partir des résultats des législatives de 2022. Les montants que franceinfo a calculés ici tiennent compte de la pénalité liée au non-respect de la parité. De l'autre côté de l'hémicycle, c'est le Parti socialiste qui remporte le gros lot. Ses candidats ont recueilli plus de 2,8 millions de voix lors du premier tour, ce qui représenterait près de 3,5 millions d'euros, contre moins de 1,4 million avant le scrutin anticipé.

Les deux grands perdants de ces élections sont Reconquête et Les Républicains. Le parti d'extrême droite dirigé par Eric Zemmour a perdu plus de 78% de ses financements publics entre les élections législatives de 2022 et celles de 2024. Au premier tour, ses candidats n'ont recueilli que 0,75% des voix, un score bien inférieur aux 4,24% obtenus lors des législatives de 2022. En conséquence, la dotation publique devrait diminuer de plus de 1,5 million d'euros, pour se chiffrer à seulement 325 572 euros. A droite, LR a perdu un million d'euros de dotations, passant de 2,3 à 1,3 million d'euros environ.

Du côté du camp présidentiel, les aides sont attribuées à la coalition Ensemble et non aux différents partis qui la composent. Ce financement est ensuite réparti entre Renaissance, le MoDem et Horizons, au prorata du nombre de députés de chacun, selon les informations de franceinfo. Ensemble devrait donc toucher 8,8 millions d'euros pour la première partie de sa subvention, sans grand changement par rapport à la situation d'avant-dissolution. Au premier tour, Ensemble a en effet engrangé plus de 6,4 millions de voix, contre 5,8 millions en 2022. Là encore, le calcul tient compte de la pénalité pour non-respect de la parité.

Un peu plus de 37 000 euros par député ou sénateur

En plus de ce premier volet de financements publics, les partis reçoivent une seconde aide de l'Etat, calculée en fonction du nombre d'élus qui les représentent au Sénat et à l'Assemblée nationale. Chaque élu permet au parti de percevoir 37 119 euros. Le nombre de sénateurs n'a pas changé depuis les dernières élections sénatoriales de septembre 2023. En revanche, les récentes législatives ont rebattu les cartes du côté du Palais-Bourbon.

Les députés nouvellement élus ont jusqu'au soir du 17 juillet pour déclarer au bureau de l'Assemblée nationale à quel parti ils se rattachent.

Il faudra donc attendre la formation finale des groupes parlementaires et la publication officielle de leur composition pour connaître le montant exact de cette deuxième enveloppe d'aide publique. Dans l'attente de cette officialisation, franceinfo a calculé les montants de cette seconde aide en fonction des déclarations faites en préfecture par les candidats lors de leur investiture au premier tour des législatives. 

Le Rassemblement national est certes quasi absent du Sénat, avec seulement trois représentants, mais il progresse fortement à l'Assemblée, avec 126 élus, contre 88 précédemment. Cette augmentation significative permettrait au RN de bénéficier d'une hausse de 41% de la seconde partie de son financement public. Son montant devrait s'élever à environ 4,8 millions d'euros, ce qui représenterait une dotation totale de 18,6 millions d'euros.

A gauche, le Parti socialiste, qui revient en force à l'Assemblée grâce au Nouveau Front populaire, voit lui aussi son enveloppe gonfler. Par rapport à 2022, le montant de la seconde aide va augmenter de plus de 43%, passant de 3,3 millions à 4,8 millions d'euros.

Des aides de l'Etat rabotées pour le camp présidentiel

Selon les calculs de franceinfo, avec 157 députés et 39 sénateurs, la coalition présidentielle Ensemble toucherait plus de 7,3 millions d'euros pour la seconde aide. Les candidats macronistes sont ceux qui ont le plus bénéficié des désistements et du front républicain contre l'extrême droite au second tour. Le camp présidentiel a ainsi sauvé les meubles à l'Assemblée nationale. Pour autant, en passant de 250 à 157 députés, l'ex-majorité risque de subir une réduction de plus de 30% de son aide qui représentait, à l'issue des élections législatives de 2022, plus de 10,7 millions d'euros. Au total, le parti devrait donc toucher 16 millions d'euros si l'on additionne les deux volets de l'aide publique.

Juste derrière, on retrouve Les Républicains, particulièrement présents au Sénat avec 131 parlementaires, auxquels s'ajoutent 34 députés. Ils devraient ainsi toucher environ 6,1 millions d'euros. L'enveloppe destinée à LR risque donc de fondre de 15%.

Cette seconde enveloppe profite plus aux partis de taille importante, qui bénéficient d'assez de voix pour entrer au Parlement. Les plus petites formations, comme Reconquête ou encore Lutte ouvrière, comptent davantage sur le premier volet d'aides, basé sur le nombre de voix, pour financer leur fonctionnement.

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