Législatives 2024 : ce qu'il faut retenir de la journée du vendredi 14 juin

La gauche a présenté son programme commun et affiché son unité pour faire barrage au Rassemblement national, offrant à ses adversaires l'occasion d'attaquer le programme du Nouveau front populaire.
Article rédigé par franceinfo
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Les représentants des partis de gauche ont présenté le 14 juin le programme commun du Nouveau Front populaire dans une conférence de presse, à la Maison de la chimie, à Paris. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS / AFP)

Un parti qui voit double devant la Justice, une nouvelle photo de famille et des annonces en pagaille concernant les investitures de candidats dans les circonscriptions françaises... La campagne pour les élections législatives du 30 juin et du 7 juillet s'est poursuivie, vendredi 14 juin, sur le terrain, dans les médias et sur les réseaux sociaux. Voici ce qu'il faut retenir de cette journée : 

La gauche a présenté son programme commun 

"Nous sommes au rendez-vous de l'histoire". Les responsables des partis de gauche, rassemblés sous la bannière du Nouveau Front populaire, ont présenté dans une conférence de presse très attendue les "150 mesures" de leur programme commun pour les élections législatives. Rassemblés là a Maison de la Chimie à Paris, ils se sont félicités d'un "rassemblement inédit", immortalisé un peu plus tard par une photo de famille. Prenant tour à tour la parole, ils se sont notamment engagés à abroger les réformes de l'assurance-chômage et des retraites, ou encore à améliorer le pouvoir d'achat.

La France insoumise, le Parti socialiste, les Ecologistes-EELV et le Parti communiste ont également annoncé un accord portant sur "des candidatures uniques" dans les 577 circonscriptions. L'alliance de gauche n'a en revanche pas tranché sur la personnalité qui pourrait être Premier ministre en cas de victoire. "Nous nous sommes mis d'accord (...) c'est le groupe parlementaire qui aura le plus grand nombre de députés qui fera une proposition de nom pour la personne qui sera à Matignon", a expliqué Manuel Bompard, lors d'un micro tendu, après la conférence de presse.

Le cas de Jean-Luc Mélenchon est particulièrement discuté au sein de l'alliance. S'il n'est pas "disqualifié" , a assuré Olivier Faure sur RMC, le député européen Place publique, Raphaël Glucksmann, a quant à lui tranché, invité au petit matin de France Inter : ce "ne sera pas Jean-Luc Mélenchon", a-t-il déclaré. Il "faut une personne qui fasse consensus au sein des formations", comme "François Ruffin, Valérie Rabault", a suggéré le représentant de Place publique.

A l'occasion de cette première prise de parole médiatique depuis le début des négociations entre les partis de gauche, Raphaël Glucksmann a, comme François Hollande la veille, martelé que "la seule manière de faire [barrage à l'extrême droite], c'est qu'il y ait une union de la gauche." Une nouvelle prise de parole témoignant ainsi du soutien au Nouveau front populaire de forces de gauche qui n'avaient pas rejoint la Nupes il y a deux ans, critiques à l'égard de La France insoumise. 

Sans attendre, la majorité a commencé à attaquer le programme du Nouveau front populaire sur la question de son financement. "Le programme de la NUPES 2.0, c’est 300 milliards [d'euros] de dépenses supplémentaires par an. Pour financer cela, il prévoit des taxes, des taxes et encore des taxes", a par exemple assuré sur X la ministre de l'Education nationale, Nicole Belloubet. "La Nupes a remplacé la lutte des classes par la lutte des taxes !"

Jordan Bardella, Gérald Darmanin et Amélie Oudéa-Castera s'écharpent au sujet des JO

Jordan Bardella, pressenti pour entrer à Matignon en cas de victoire du RN aux législatives, a affirmé vendredi qu'il ne "modifierait pas" le "dispositif" des JO de Paris s'il devait diriger un futur gouvernement, dans un message publié sur X. "J'accorde une totale confiance aux services de l'État pour l'organisation des JO 2024", a-t-il développé. Une réponse indirecte à Emmanuel Macron, qui estimait jeudi que les Français n'avaient "pas envie d'avoir des Jeux olympiques qui se présentent mal" et voteraient en conséquence.  

Cette déclaration n'a en tout cas pas manqué de faire réagir le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. "Vous voilà obligé de reconnaître (enfin) l'efficacité du Gouvernement et du ministère de l'Intérieur", a-t-il répliqué sur le même réseau social. "Pour la sécurité des Français, mieux vaut que vous ne vous occupiez de rien. Votre inexpérience et votre radicalité ne feront que mettre en danger les Français et les policiers", a encore déclaré le ministre, bientôt appuyé par la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera.

"L’organisation du plus grand événement planétaire, ce n’est pas du pilotage automatique. Elle exige des services de l’Etat mobilisés - ils le sont depuis des années - mais aussi des dirigeants politiques préparés, compétents et expérimentés", a-t-elle tweeté à l'intention du responsable RN. "Et accueillir les Jeux (...) c’est incarner des valeurs - que vous piétinez - d’ouverture, d’universalisme, d’amitié entre les peuples, de fraternité entre les athlètes."

La justice se penche sur l'exclusion d'Eric Ciotti des Républicains

Le psychodrame chez Les Républicains a viré vendredi à la cacophonie. Dès l'ouverture de l'audience en référé, à la demande d'Éric Ciotti, pour examiner la validité de son exclusion du parti, la question de savoir qui représente le parti au bord de l'explosion a donné lieu à une situation pour le moins incongrue : "Je suis l'avocat de LR", "Je représente Les Républicains"...  Il est à peine 11 heures quand, face à deux avocats assurant représenter la formation, la présidente Maïté Grison-Pascail s'agace : "Je ne peux pas recevoir une double constitution", expliquent-elles aux conseils qui campent sur leur position.

D'un côté, on estime qu'en annonçant une alliance électorale avec le RN en vue des législatives anticipées, Eric Ciotti a pris une décision "solitaire" qui a semé "la stupeur" au sein du parti. De l'autre, on évoque un "putsch" contre le président LR et assure que les décisions votées ces derniers jours par le bureau politique ne sont pas en règle avec les statuts du parti. Qu'importe qu'une nouvelle réunion des dirigeants Les Républicains a de nouveau validé l'exclusion d'Eric Ciotti, quelques heures plus tôt. 

Le tribunal judiciaire de Paris a finalement tranché : en début de soirée, il a suspendu la sanction, sans se prononcer sur le fond de l'affaire. "Je conserve donc l’exercice de mes fonctions de Président", a réagi Eric Ciotti sur X, reprenant la tête du parti à deux jours de l'expiration du délai pour investir des candidats aux législatives anticipées, dimanche à 18 heures.

De nouvelles candidatures annoncées... 

Une nouvelle journée, une nouvelle salve d'annonces du côté des investitures dans les 577 circonscriptions françaises. Dans les Hauts-de-Seine, plusieurs candidats macronistes, dont Gabriel Attal, ont conclu vendredi un pacte de non-agression avec trois candidats LR. "Nous avons décidé, pour faire barrage aux extrêmes de droite comme de gauche, de créer un arc républicain dans notre département, qui lie 'Ensemble pour la République', Les Républicains 92 et le président du département", a fait savoir un communiqué paraphé par le Premier ministre, le président de la fédération LR du département, le président de l'UDI, les responsables départementales du MoDem et d'Horizons, ainsi que le président du département, fraîchement parti de LR après l'appel d'Eric Ciotti à s'allier avec le RN.

Autre candidature surprise : celle de la ministre déléguée à la souveraineté alimentaire, Agnès Pannier-Runacher, investie par la majorité présidentielle dans la 2e circonscription du Pas-de-Calais. C'est "un parachutage" pour le président des Jeunes avec Macron dans le département, Arthur Blouin, qui a choisi dans la foulée de démissionner.

Certains anciens de la majorité ont quant à eux choisi de rejoindre l'initiative du Nouveau Front populaire. Aurélien Rousseau, ancien ministre de la Santé d'Emmanuel Macron, a ainsi annoncé qu'il représentera la coalition de gauche dans la septième circonscription des Yvelines, au nom de la lutte contre le Rassemblement national. "Aux côtés de Raphaël Glucksmann, fort de mes valeurs, républicaines, universalistes, pour le progrès et l'émancipation, je m'engage dans la dynamique de rassemblement de la gauche", a écrit celui qui avait quitté le gouvernement en décembre, en opposition au projet de loi immigration. Il "va devoir expliquer pourquoi la réforme des retraites qu’il a méticuleusement négociée doit être supprimée", a aussitôt réagi son ancien collègue, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.

"Ca montre toute sa cohérence", a enfin ironisé Emmanuel Macron, interrogé à son sujet en marge du G7, en Italie.

Avec ce même objectif de "combattre l’extrême droite", l'ancien candidat du Nouveau parti anticapitaliste, Philippe Poutou, sera lui aussi candidat du Nouveau Front populaire, dans l’Aude.

... et des candidatures retirées 

D'autres candidatures ont été retirées dans le courant de cette journée mouvementée. Jérôme Guedj, député socialiste sortant, investi par la Nupes en 2022, ne sera pas candidat sous l'étiquette Nouveau Front populaire, a-t-il annoncé sur X. S'il se dit soutenu par le parti socialiste comme député sortant de la 6e circonscription de l'Essonne, "il ne peut pas s'associer à l'investiture de LFI liée à cet accord, en raison des divergences profondes avec la direction de cette formation relatives à la brutalisation du débat public", a écrit l'élu qui avait rompu définitivement avec la Nupes après les attaques du 7 octobre en Israël, quand les Insoumis avaient refusé de désigner aussitôt le Hamas comme "terroriste". 

Quant au député écologiste sortant Julien Bayou, non investi par le Nouveau Front populaire, il a annoncé "[prendre] acte que le Nouveau Front populaire a choisi de ne pas [l]'investir comme candidat", a-t-il dit sur X. C'est l'ancien député PS des Français de l'étranger (2012-2017), Pouria Amirshahi, qui a été investi dans cette circonscription par l'alliance des partis de gauche, à la place de l'élu sortant, visé par une enquête après des plaintes d'une ex-compagne pour harcèlement moral et abus de faiblesse.

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