Législatives 2024 : les responsables politiques étrangers réagissent avec "soulagement" aux résultats des élections françaises

"A Paris l'enthousiasme, à Moscou la déception, à Kiev le soulagement. Assez pour être heureux à Varsovie", a par exemple réagi le Premier ministre polonais Donald Tusk.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, parle à la presse lors d'un sommet des dirigeants européens à Bruxelles (Belgique), le 27 juin 2024. (DURSUN AYDEMIR / ANADOLU / AFP)

Les législatives françaises étaient scrutées à l'étranger. En Europe comme outre-Atlantique, le résultat des élections, dont le second tour a eu lieu dimanche 7 juillet, a été largement commenté à l'international. De nombreux médias, tels que les quotidiens El País, The Washington Post ou encore le Frankfurter Allgemeine font leur une, lundi, sur la "défaite de l'extrême droite", liste Courrier international. Les résultats font aussi réagir les chefs d'Etat et politiques étrangers : beaucoup saluent l'issue du scrutin, certains signalant toutefois la séquence "compliquée" à venir.

A commencer par notre voisin d'outre-Rhin, où l'extrême droite avec l'AfD a décroché le meilleur score de son histoire avec 15,9% aux élections européennes de juin. "Pour l'instant, je crois qu'il y a un certain soulagement qui prévaut, car les choses que l'on craignait ne se sont pas réalisées", a déclaré le porte-parole du chancelier Olaf Scholz, Steffen Hebestreit.

Un responsable de son parti social-démocrate a également jugé, dimanche, que "le pire" avait été "évité". "Le RN ne peut pas constituer une majorité gouvernementale" à l'issue des législatives, a déclaré au groupe de presse Funke le responsable des questions de politique étrangère du groupe parlementaire du SPD à la chambre des députés, Nils Schmid. Le président Macron "est politiquement affaibli" par ce scrutin, a-t-il poursuivi. Mais, dans le même temps, "au vu de la situation incertaine" sur les chances de voir émerger une majorité parlementaire, "il garde un rôle central". "La constitution d'un gouvernement va être compliquée", a ajouté Nils Schmid, appelant les "partis démocratiques" français à faire preuve de "flexibilité" et de "capacité de compromis".

De son côté, le Kremlin a fait état de sa déception, alors que les relations entre Paris et Moscou sont particulièrement tendues par le conflit ukrainien. "Pour la Russie, le mieux serait une victoire des forces politiques prêtes à faire des efforts pour restaurer nos relations bilatérales, a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Mais pour l'instant, nous ne voyons chez personne une telle volonté politique clairement exprimée, donc nous ne nourrissons pas d'espoir ni d'illusion particulière à ce sujet." Des études avaient pointé ces derniers jours les tentatives d'ingérence des sphères prorusses dans le scrutin, visant à faciliter une victoire du Rassemblement national.

Le soulagement de responsables européens

En revanche, le soulagement prime chez les dirigeants proeuropéens et de gauche. Côté espagnol, le Premier ministre socialiste, Pedro Sanchez, s'est félicité que la France et le Royaume-Uni aient opté pour un "rejet de l'extrême droite et un engagement ferme en faveur de la gauche sociale". "Cette semaine, deux des plus grands pays d'Europe ont choisi la même voie que l'Espagne il y a un an", a écrit le socialiste. Jeudi, le parti travailliste britannique a en effet largement remporté les élections législatives outre-Manche.

Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Paolo Gentiloni, s'est réjoui, sur X, du résultat avec un "Vive la République !" Le Premier ministre polonais, le libéral Donald Tusk, a, lui aussi, réagi : "A Paris l'enthousiasme, à Moscou la déception, à Kiev le soulagement. Assez pour être heureux à Varsovie", a-t-il écrit. Au début du mois, celui qui a pris le pouvoir à l'extrême droite polonaise avait mis en garde contre un "grand danger" pour la France et l'Europe après la victoire du RN au premier tour des élections françaises. L'ancien président du Conseil européen avait évoqué une "tendance dangereuse" et sa crainte que "la France puisse devenir bientôt l'homme malade de l'Europe, condamnée à une confrontation entre les forces radicales".

En Grèce, les partis d'opposition du Mouvement socialiste panhellénique (Pasok) et de Syriza ont également salué le résultat, note France 24. Le président du premier parti, Nikos Androulákis, s'est réjoui d'une "grande victoire pour la démocratie", quand Stéfanos Kasselakis, à la tête du second, a applaudi "le peuple français" qui "a montré la voie". "Aujourd'hui, le peuple français crie que l'espoir et le changement ne sont pas une utopie, mais une réalité. Ecoutons-les", a écrit ce dernier.

Joe Biden salue une victoire contre "l'extrémisme"

Outre-Atlantique, Joe Biden a estimé, lundi, que la France avait "rejeté l'extrémisme", et s'est dit convaincu que "les démocrates le rejetteront aussi" aux Etats-Unis, lors de l'élection présidentielle qui l'opposera à Donald Trump en novembre.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a salué le triomphe "contre l'extrémisme". "Très heureux de la démonstration de grandeur et de maturité des forces politiques de France qui se sont unies contre l'extrémisme", a déclaré le leader de gauche sur le réseau social X. Lula a également estimé que le résultat en France et la victoire des travaillistes au Royaume-Uni cette semaine "renforcent l'importance du dialogue entre les segments progressistes pour défendre la démocratie et la justice sociale". "Ils doivent servir d'inspiration à l'Amérique du Sud", a-t-il ajouté.

Son voisin, le président socialiste du Venezuela Nicolas Maduro, a félicité le Nouveau Front populaire. "Un salut au peuple français, aux mouvements sociaux et à leurs forces populaires, pour cette importante journée civique qui renforce l’union et la paix", a-t-il écrit sur X. 

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