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Présidentielle 2022 : on vous explique pourquoi les partis d'opposition sont déjà tournés vers le "troisième tour" aux élections législatives

Le résultat de la présidentielle à peine connu, LFI, les Verts, le PS et LR, notamment, sont repartis en campagne dimanche soir en vue des législatives, qui se tiendront les 12 et 19 juin.

Article rédigé par franceinfo
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Les élections législatives, se dérouleront les dimanches 12 et 19 juin 2022, l'occasion pour les parties de l'opposition de participer au "troisième tour de la présidentielle".  (ALINE MORCILLO / HANS LUCAS / AFP)

"Le troisième tour commence ce soir." Aussitôt le nom du nouveau président de la République annoncé, dimanche 24 avril au soir, Jean-Luc Mélenchon a sonné le rappel des troupes en vue des élections législatives. Le leader de La France insoumise (LFI) vise les échéances des dimanches 12 et 19 juin, officieusement assimilées à un "troisième tour de la présidentielle".

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Si le président sortant, Emmanuel Macron, a été réélu avec 58,54% des voix contre 41,46% pour Marine Le Pen, il n'est pas garanti de gouverner avec une majorité à l'Assemblée nationale (289 députés sur 577). Il y a cinq ans, LREM avait glané pas moins de 314 sièges. Désormais, la donne a changé. Emmanuel Macron doit gérer la recomposition du parti majoritaire. Et les oppositions entendent entamer la marge de manœuvre d'Emmanuel Macron à travers leur propre recomposition. Franceinfo vous explique pourquoi ce "troisième tour" est attendu aussi bien à droite qu'à gauche.

Parce que LFI vise une cohabitation   

Ce scrutin est attendu par Jean-Luc Mélenchon, qui a déjà demandé aux Français, le 19 avril sur BFMTV, de l"'élire Premier ministre" lors des législatives, rappelant que la signature des décrets revient au Premier ministre. "Le 12 et 19 juin, un autre monde est encore possible si vous élisez une majorité de députés de la nouvelle Union populaire, qui doit s'élargir", a-t-il réaffirmé, dimanche soir. Il entend ainsi convertir les 21,95% obtenus au premier tour de la présidentielle en majorité au Palais-Bourbon, qui permettrait d'ouvrir une phase de cohabitation entre Matignon et l'Elysée. 

Les discussions sur un projet commun et la répartition des circonscriptions avec les autres partis de gauche (les Verts, le Parti communiste, le Nouveau Parti anticapitaliste, mais pas les socialistes) ont commencé. "Le bloc populaire, qui s'est constitué autour de ma candidature, est dorénavant le tiers-Etat qui peut tout changer s'il se rassemble et s'élargit", a insisté Jean-Luc Mélenchon.

Parce que les Verts veulent faire de la question climatique un enjeu majeur

Chez les Verts, ce "troisième tour" doit être l'opportunité "de se donner les moyens d'une coalition pour une majorité alternative", a précisé dimanche soir le secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Julien Bayou, refusant "un nouveau quinquennat d'inaction climatique, de casse sociale et de mépris".

Au sujet du rapprochement prôné par LFI, Yannick Jadot, le leader d'EELV, qui a appelé à "construire le meilleur" aux législatives, se garde de prendre position. Contrairement à Delphine Batho, opposée au rassemblement de la gauche. L'ex-porte-parole de la campagne défend, elle, l'idée d'"une majorité diverse à l'Assemblée nationale"

Parce que le PCF et le PS entendent officiellement unir les gauches 

Au même titre que LFI, les communistes appellent à faire front dès le premier tour des législatives pour battre le bloc d'extrême droite et le bloc libéral. "Nous avons besoin d'une majorité de gauche à l'Assemblée", a souligné dimanche soir le leader du PCF, Fabien Roussel, dans un "espoir de reconquête à l'Assemble nationale".  

L'union, le PS l'appelle aussi de ses vœux, du moins officiellement : "Il faut que la gauche se réunisse sans exclusive, qu'elle fasse la démonstration qu'elle peut porter un projet commun", a rappelé le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, dimanche soir sur France Inter. Mais pas à n'importe quel prix. Pour la présidente du groupe Socialistes et apparentés à l'Assemblée, il "faut pouvoir avoir une dynamique et s'entendre" avec La France insoumise. Mais Valérie Rabault a rappelé, lundi sur France Inter, que les socialistes ont aussi "des valeurs et un projet à défendre".

Parce que Les Républicains espèrent rebondir

Pour Les Républicains, qui ont essuyé leur plus mauvais score au premier tour de la présidentielle, c'est une "nouvelle campagne" qui commence. "La bataille des législatives" s'est ouverte dimanche soir, a assuré Christian Jacob sur France 2. "On veut rebondir par des élus ancrés sur le terrain", a affirmé le patron du parti de la droite républicaine. "À la différence de la majorité présidentielle, nous avons des élus qui ont un ancrage, qui connaissent leurs territoires." 

L'idée d'un rapprochement avec le pouvoir en place est impensable pour l'aile droite des Républicains, qui voit là la certitude de disparaître à terme. Ce que confirme le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, assurant que le "combat des législatives, le combat pour une droite libre et indépendante", a commencé dimanche soir.

Parce que le RN se voit en contre-pouvoir, sans Eric Zemmour

Marine Le Pen n'a pas utilisé précisément l'expression "troisième tour", dimanche soir. Elle a préféré parler de "la grande bataille électorale des législatives". Son parti, qui n'avait pas converti l'essai il y a cinq ans après la défaite au second tour de la présidentielle (huit députés élus aux législatives), entend devenir une opposition majeure à l'Assemblée nationale. Louis Aliot, porte-parole du RN, a assuré dimanche que son parti était capable d'"organiser un contre-pouvoir, un bloc populaire, qui se battra contre le bloc élitaire". 

Le maire de Perpignan, qui "ne voit pas comment il pourrait y avoir une alliance avec Reconquête !" aux législatives, est toutefois resté ouvert à une union avec les cadres du parti d'extrême droite, qui "n'ont pas du tout la même opinion que monsieur Zemmour". Ce dernier réclame pour sa part une "union des droites et des patriotes", comme il l'a déclaré dimanche soir lors d'un discours à l'issue des résultats du second tour. "Nous devons oublier nos querelles et unir nos forces. C'est possible. C'est indispensable. C'est notre devoir." 

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