"Une nouvelle manière de gouverner" : face à Emmanuel Macron qui temporise, Gabriel Attal prend ses distances

Le Premier ministre a présenté sa démission, mais Emmanuel Macron lui a demandé de rester en poste "pour le moment afin d'assurer la stabilité du pays". Gabriel Attal a pourtant acté une certaine rupture avec le chef de l'Etat.
Article rédigé par Julie Marie-Leconte, Paul Barcelonne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Gabriel Attal et Emmanuel Macron lors de la cérémonie commémorant l'Appel du général de Gaulle, le 18 juin 2024. (LUDOVIC MARIN / POOL / MAXPPP)

Qui pour gouverner ? C'était la surprise de la soirée électorale après le deuxième tour des législatives, le 7 juillet : le Nouveau Front populaire est arrivé en tête du scrutin, devant le camp présidentiel, qui perd une centaine de députés, mais limite les dégâts, quand le RN reste très loin de la majorité absolue qu'il espérait. 

Mais qui sera alors à Matignon ? C'est le casse-tête qui se pose pour l'Elysée, mais aussi au NFP et chez Ensemble !, pour trouver une personnalité "consensuelle". Cette personne, en tout cas, prendra la relève de Gabriel Attal, qui moins de six mois après son arrivée au poste de Premier ministre, prend cette fois clairement ses distances avec le président. Ainsi, quand l'un temporise, l’autre accélère ; quand Emmanuel Macron veut que la nouvelle Assemblée se structure avant de prendre des décisions, Gabriel Attal, lui, n’attend pas.

Attal s'éloigne d'Emmanuel Macron

Le Premier ministre a ainsi présenté sa démission lundi 8 juillet, comme le veut la tradition républicaine, et appelé déjà à une "nouvelle ère" pour "rebâtir son espace politique" et reprendre "le flambeau de ses idéaux". Démission mise en pause par Emmanuel Macron qui a demandé à Gabriel Attal de "rester Premier ministre pour le moment afin d'assurer la stabilité du pays." 

"On le donnait mort il y a trois semaines", se souvient un proche. Mais attention, "pas de triomphalisme, mais de l’humilité", clame son entourage, persuadé que Gabriel Attal prend rendez-vous. "Le message envoyé est fort, reconnaît un conseiller. Il appelle à une nouvelle manière de gouverner." Si le nom du successeur de Gabriel Attal est un mystère, les tractations avec la droite ou la gauche pourraient s’éterniser. "Mais son rôle sera différent", jure un ami. Autrement dit, loin désormais d’Emmanuel Macron.

Pied sur le frein pour le chef de l'Etat

Le président, lui, veut attendre "la structuration de l'Assemblée" pour prendre des décisions. La stratégie est résumée par un soutien d'Emmanuel Macron : "Laisser retomber la poussière pour y voir clair". Et pour cause, "par les temps qui courent, les alliances se font et se défont vitesse grand V", souligne un conseiller officieux du président.

Emmanuel Macron veut donc attendre de voir ce qu'il se passe à gauche, observer le rapport de force entre les socialistes, les écologistes, les communistes et les insoumis avec qui personne, en dehors du Nouveau front populaire, ne veut travailler, juge un allié du président. Et puis le chef de l'Etat attend de voir également ce qui se passe à droite, notamment avec cette trentaine de députés LR qui se sont fait réélire sans candidat de la majorité sortante contre eux.

Enfin, le chef de l'Etat a une conviction : le bloc central n'est pas effacé. Il sera pivot. Plus que jamais, il s'accroche à l'idée d'une grande coalition. "Cette fois, il va falloir prendre le temps", recommande son entourage. "À partir d'aujourd'hui, ça va causer" pendant plusieurs semaines, prédit un chef de parti reçu dimanche à l'Elysée.

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