Présidentielle 2022 : ce que proposent les candidats sur le nucléaire et l'avenir des centrales françaises
Emmanuel Macron se rend à Belfort jeudi pour dévoiler son plan de relance du nucléaire. L'occasion de faire le point sur ce que proposent ses futurs adversaires dans la course à l'Elysée.
A deux mois de la présidentielle, Emmanuel Macron se rend à Belfort, jeudi 10 février, pour parler nucléaire. Le président de la République va y présenter son plan de relance et, plus globalement, sa stratégie énergétique pour la France. La principale annonce du chef de l'Etat doit porter sur la construction d'une série de nouveaux réacteurs nucléaires EPR de deuxième génération. Franceinfo saisit cette occasion pour mieux comprendre le positionnement sur le sujet de l'atome des candidats à l'élection présidentielle.
Yannick Jadot veut sortir du nucléaire au plus vite
Sans surprise, le candidat EELV à la présidentielle plaide pour la sortie du nucléaire. "On va de défaut de conception en défaut de conception. Je n'ai pas envie qu'une si grosse machine nucléaire nous pète à la gueule, c'est un enjeu moral", expliquait Yannick Jadot, mi-décembre sur franceinfo, à propos de l'EPR de Flamanville (Manche), dont le chantier accumule retards et surcoûts.
"Mon ambition n'est pas d'arrêter les centrales nucléaires demain, assure l'ancien dirigeant de Greenpeace France, je suis responsable, je garantirai la fourniture d'électricité aux familles et aux entreprises." Il entend "agir sur la maîtrise de l'énergie, notamment sur les dépenses contraintes des ménages, le chauffage, l'électricité, les transports", mais aussi "mettre la France sur le chemin de l'innovation et du développement des énergies renouvelables" avant de "progressivement" fermer "les réacteurs nucléaires les plus anciens".
Pour lui, il faut d'autant plus sortir du nucléaire que la viabilité des réacteurs nucléaires dépend aussi des aléas environnementaux, comme l'a montré la catastrophe provoquée par un tsunami à Fukushima (Japon) en 2011.
Marine Le Pen veut "rouvrir Fessenheim"
A l'inverse, Marine Le Pen est pro-nucléaire. "Je construis six EPR et je rouvre Fessenheim". Voici à quoi s'attellera la candidate du RN, si elle est élue présidente de la République. Sur franceinfo, mi-novembre, la candidate du Rassemblement national a dénoncé "une erreur absolument majeure" d'Emmanuel Macron, qui a fait fermer la centrale du Haut-Rhin.
Elle rejette l'argument d'une centrale vieillissante donnant l'exemple des Etats-Unis où se trouve "une centrale nucléaire jumelle", précisant qu'"en 2009, sa durée de vie a été prolongée de 20 ans, c'est-à-dire 60 ans de durée de vie. Donc, on aurait parfaitement pu faire ça pour Fessenheim."
Valérie Pécresse souhaite lancer six nouveaux EPR
"Nous devons penser notre politique énergétique avec deux impératifs : le réchauffement climatique, mais aussi l'indépendance de notre pays." Voilà les mots prononcés début octobre par Valérie Pécresse au moment de présenter à Cherbourg son programme énergétique. Si elle est élue présidente, la candidate LR promet de revenir sur les fermetures programmées de réacteurs nucléaires et lancer "six nouveaux EPR".
S'inscrivant dans la lignée du général de Gaulle, "à qui nous devons notre stratégie nucléaire", elle a promis de "revenir sur le programme de fermeture anticipée de 12 réacteurs" et de lancer "un nouveau programme nucléaire". Elle compte également "accorder à EDF le lancement d'une série industrielle de six nouveaux EPR" et relancer "le projet de réacteur de quatrième génération Astrid".
Eric Zemmour souhaite donner "un coup de fouet" au nucléaire
Invité de 20h22 sur Twitch, mardi 1er février, Eric Zemmour a affiché son intention de donner "vite un beau coup de fouet" au nucléaire, énergie qu'il qualifie de "très propre en matière de CO2". Le candidat Reconquête ! à la présidentielle a présenté son cap en la matière : ouvrir 14 réacteurs EPR en France d'ici 2050. "On fera tout pour, c'est l'objectif que je donnerai à EDF", a-t-il affirmé. Il entend aussi prolonger la durée des vie des centrales à 60 ans.
Anne Hidalgo ne mise pas sur une fin du nucléaire "avant 2050"
La fin du nucléaire, ce ne sera "pas avant 2050", pour la candidate socialiste à la présidentielle, Anne Hidalgo, invitée vendredi 21 janvier sur franceinfo. Si dans son programme, elle mise sur le "100% d'énergies renouvelables", elle explique que la France a encore "besoin" du nucléaire. Contrairement à certains de ses concurrents à la présidentielle, comme Yannick Jadot, elle considère qu'on ne peut pas "sortir du nucléaire en 20 ans, c'est faux, ce n'est pas possible".
Dans son programme, pas d'ouverture de nouvelles centrales mais la prolongation de celles déjà en place : "Je suis pour le grand carénage", dit-elle à franceinfo, c'est-à-dire un vaste projet industriel qui vise à allonger la durée d'exploitations des centrales nucléaires, au-delà des quarante ans prévus. Pour cela, Anne Hidalgo souhaite se placer "sous l'autorité de l'Autorité de sûreté nucléaire et aussi du Parlement" pour décider de la possible prolongation "d'un certain nombre de centrales".
Sur les cinq ans qui viennent, je propose une planification pour sortir des énergies fossiles vers les énergies renouvelables et accompagner les travailleurs vers les nouveaux emplois que la transition écologique permettra. pic.twitter.com/lrrBX7zVPx
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) September 13, 2021
Jean-Luc Mélenchon favorable à une sortie du nucléaire en 2045
Le candidat de La France insoumise a longtemps défendu une sortie totale du nucléaire d'ici 2030. Sa position a évolué depuis la publication du dernier rapport de l'association négaWatt mi-octobre qui a actualisé son scénario pour atteindre la neutralité carbone. Cette dernière envisage désormais la fermeture du dernier réacteur nucléaire en 2045, donc "ce scénario constitue la base de mon programme en matière de transition énergétique", a expliqué Jean-Luc Mélenchon dans le JDD. "Nous faisons nôtres les objectifs qu'il contient. J'avais fixé un objectif de 2030. Je ne veux pas de blocage sur les dates. Mais je prends l'engagement de tout faire pour aller plus vite que le scénario 2045."
"Sortir du nucléaire n'est pas une question technique mais politique. C'est une nécessité face aux prévisions scientifiques alarmantes sur le climat et la menace nucléaire qu'il aggrave. Il faut s'y mettre tout de suite. Or, tout argent dépensé pour le nucléaire l'est au détriment des énergies renouvelables."
Jean-Luc Mélenchonau "JDD"
Christiane Taubira promet un référendum
Si elle est élue présidente de la République, Christiane Taubira promet un "référendum" sur cette question : "Voulez-vous sortir du nucléaire en France ?" Sur franceinfo, fin janvier, l'ancienne ministre de la Justice a déclaré n'être "pas favorable" au nucléaire, "compte tenu des déchets radioactifs". Le sujet du nucléaire est, selon elle, une "question majeure" qui "engage l'avenir des Françaises et des Français, l'avenir de notre société pour des dizaines d'années". Sur ces "questions majeures, je pense qu'il faut effectivement informer correctement et précisément les citoyens et les citoyennes et leur donner la parole", a estimé celle qui a remporté la Primaire populaire à gauche.
Fabien Roussel, "favorable au maintien du nucléaire en France"
Au risque de braquer les autres partis de gauche, le candidat communiste est pro-nucléaire et il le revendique. "Je suis favorable au maintien de l'énergie nucléaire en France, expliquait Fabien Roussel dans Le Point. Je suis contre l'abandon des réacteurs nucléaires. J'attire votre attention sur le fait qu'il y a 3 millions de Français en situation de précarité énergétique. Le parc nucléaire répond à ces difficultés." Selon lui, cette filière permet de "lutter contre l'énergie chère" et de garantir à l'industrie "une énergie décarbonée, pilotable et stable" tout en permettant de "sortir des énergies fossiles".
Le secrétaire national du PCF plaide aussi pour un "établissement public de l'électricité et du gaz", qui ferait "le choix d'investir dans la production d'énergies renouvelables et nucléaires". Il propose ainsi que l'Etat passe de 84% à 100% du capital d'EDF et d'intégrer le gaz avec Engie. Aujourd'hui, "l'Etat ne fait pas des bons choix. Il fait le choix d'avoir une société anonyme qui distribue des dividendes à ses actionnaires", a-t-il déclaré sur Public Sénat, lundi 7 février.
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