: Reportage Législatives 2024 : dans la ville industrielle du Creusot, les gens "sont fiers de voter RN et ont envie de changement"
Le président de la République en a fait un axe principal de son quinquennat : la réindustrialisation en France. Emmanuel Macron a annoncé en 2023 la création d'une usine de batteries électriques dans le Nord (Dunkerque) mais aussi la relance du nucléaire avec de nombreuses entreprises dans ce secteur, très présentes en Bourgogne-Franche-Comté (Chalon-sur-Saône, Belfort, Le Creusot).
Au Creusot, en Saône-et-Loire, l'industrie est partout. Le siège d'Alstom est en plein centre-ville. Une grande affiche d'appel au recrutement chez Framatome, entreprise spécialisée dans le nucléaire, est visible.
Il y a aussi Industeel, Thermodyn... Le secteur se porte très bien avec des carnets de commandes chargés. "Tout le monde recrute. On le voit bien. On veut réindustrialiser. Tant mieux, mais malheureusement, on sera tributaire de ce qui va arriver", prévient Patrick Merliaud, secrétaire du syndicat métallurgie en Bourgogne.
"Il y a un engouement"
En 2023, Framatome a embauché près de 600 personnes dans le département. À l'approche des élections législatives, le volet sur l'énergie dans les programmes est scruté attentivement. "Effectivement, les premiers qui vont parler sur le nucléaire vont vraiment se faire remarquer, ça peut jouer", admet celui qui est également salarié chez Framatome. Aux élections européennes, Jordan Bardella est arrivée en tête au Creusot, 36,6%, loin devant Valérie Hayer et Raphaël Glucksmann, tous deux autour de 14%. Le Rassemblement national soutient la création de nouvelles centrales nucléaires.
"C'est un choix qui est très cornélien parce qu'on veut faire ressortir un programme uniquement sur l'énergie. Je pense que tous les partis ont à gagner à trouver dans la crise climatique qui nous touche actuellement, une voie entre nucléaire et non nucléaire raisonnée qui permettrait de se poser la question sur le vrai programme social pour la France. C'est quand même le programme social qui est le plus important", soutient Camille, qui travaille aussi chez Framatome.
Pourtant, il comprend cette montée du Rassemblement national dans sa ville. "Il y a un engouement. Les gens sont fiers de voter RN, ont envie de changement et pensent que c'est une solution" continue-t-il.
Vote sanction, vote ras-le-bol
D'autres, comme Valéry, l'expliquent par un ras-le-bol de la situation et du parti présidentiel. "Pour moi, c'est un vote sanction, Après, ce sont des votes et ça représente quand même un certain nombre de personnes qui s'expriment et peut-être dans la colère", explique-t-il.
Des habitants qui votent contre quelqu'un plutôt que pour des idées. C'est ce qu'assume Mickaël : "Je ne suis pas du tout pour le côté de Macron. C'est un beau parleur et tout ce qu'il dit en fait, il ne le fait pas. On n'est pas forcément les plus à plaindre parce que le niveau de vie ici reste quand même convenable. Mais après, si je vote, ce n'est pas que pour ma commune non plus, c'est pour l'ensemble du pays. Pourquoi ne pas laisser la chance à quelqu'un d'autre et voir si les choses changent vraiment ?", s'interroge Mickaël.
Aux dernières élections, la ville de Saône-et-Loire a enregistré un taux d'abstention plus haut que la moyenne nationale de plus de 54%.
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