Tags racistes sur des affiches électorales : "S'ils croient que cela va me décourager, c'est tout le contraire"
Les affiches de Rachid Tijane, candidat en Mayenne dans un binôme d'Union de la gauche, ont été barrées de tags racistes. Il a donné son sentiment à francetv info.
Rachid Tijane a d'abord reçu un coup de téléphone de sa colistière. Candidat aux élections départementales pour l'Union de la gauche dans le canton de Cossé-le-Vivien (Mayenne), il apprend qu'une affiche a été taguée dans la commune où vit Monique Collet. Dans la matinée, il reçoit un autre coup de fil. Et encore un autre. Finalement, la gendarmerie lui annonce que son nom et son visage ont été recouverts de peinture bleue sur toutes les affiches, dans sept communes du canton brigué par cet ancien secrétaire départemental d'Europe Ecologie-Les Verts.
Sur les panneaux figure une inscription : "Pas de bougnoule". "Il y a eu une variante dans une commune, cela dit, ironise le candidat. Certains tags disent : "pas d'Arabe". Mais bon, vous conviendrez que cela ne fait pas une grande différence." Jeudi 19 mars, au lendemain de ces actes de vandalisme, Rachid Tijane a fait part de son sentiment à francetv info.
"C'est nier le débat d'idées"
"Ma première réaction a été de vouloir apaiser les choses. Les mairies ont porté plainte pour dégradation du mobilier municipal, donc en ce qui me concerne, je ne voulais pas aller plus loin, explique le candidat. Mais, après en avoir discuté avec mon équipe, j'ai changé d'avis : je suis allé porter plainte au commissariat ce matin."
"Il y a un panneau à une centaine de mètres de l'école de mes enfants. Ce qui me dérange le plus, c'est que les autres en pâtissent. De plus, on n'attaque pas que ma personne : on attaque [avec ces panneaux] un outil de la démocratie. C'est une façon de nier le débat d'idées", déplore-t-il, glissant au passage que les mairies devront changer les panneaux ("ça m'ennuie de leur causer ce souci !"), mais aussi que lui et son équipe devront se relancer dans une fastidieuse tournée de collage d'affiches.
"Que l'on m'attaque sur mes idées, mes opinions, très bien, je répondrai. Mais là, ce n'est que du racisme primaire. Je ne veux pas aller sur ce terrain-là", insiste Rachid Tijane. Et de prévenir : "Si [les auteurs de ces dégradations] croient que cela va me décourager, c'est tout le contraire. Cela ne fait que renforcer ma détermination et confirmer les raisons pour lesquelles je me suis engagé en politique."
Une polémique qui éclipse les enjeux des élections
Lui qui s'était déjà présenté il y a quatre ans n'avait jamais pensé un jour subir de telles attaques. D'ailleurs, il dit avoir été touché par les messages de soutien émanant d'Europe Ecologie-Les Verts, du PS, mais aussi de certains adversaires politiques.
"Ça m'énerve que la Mayenne, que j'adore, soit montrée sous ce jour-là, à l'occasion d'un acte comme celui-ci. Nous sommes en campagne pour les départementales, le vrai sujet, ce sont les enjeux départementaux. Ces thèmes se retrouvent ignorés à cause de quelques hurluberlus qui s'en sont pris à des panneaux entre le troquet et leur domicile", souffle-t-il.
Pour sa part, il n'associe pas cet acte à une problématique locale, mais fustige "une ambiance délétère qui ne cesse d'augmenter depuis une dizaine d'années" en France. "Ce n'est qu'une conséquence de cette atmosphère, qui ne se manifeste que la nuit. Un mal insidieux", analyse le candidat alors que dans quelques jours, les habitants du canton devront choisir entre son binôme d'Union de la gauche et ceux de l'UDI-DVD, de l'UMP et du FN.
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