Trois sondages à plus de 7%, sinon rien : les banques de plus en plus exigeantes pour prêter de l'argent aux partis pour leur campagne aux européennes
Plusieurs formations politiques demandent de l'aide au médiateur du crédit pour financer leur campagne des élections européennes, qui a lieu le 26 mai.
"Le service minimum est assuré : nos professions de foi, nos bulletins de vote, nos affiches. Actuellement, nous cherchons ce qui va nous permettre de faire une campagne encore plus belle", explique Thomas Ménagé, directeur de campagne de Debout la France, à deux mois des élections européennes. Mais la recherche n'est pas aisée. Presque tous les partis politiques se plaignent de la difficulté à obtenir des prêts bancaires.
"Aujourd’hui, des partis comme l’UDI ou Les Républicains n’arrivent pas à trouver de financement. C’est un grave problème de démocratie, poursuit Thomas Ménagé. Si seulement les riches peuvent se présenter à une élection, il n’y a plus de démocratie dans ce pays."
De son côté, Wallerand de Saint-Just, trésorier du Rassemblement national, ne pense qu'à ça, nuit et jour : trouver de l'argent. Pour l'instant le parti d'extrême droite avance les fonds. Mais sans prêt accordé rapidement, il est en danger de mort, assure le trésorier. D'autres formations, notamment de gauche parlent aussi de démocratie en danger. Outre le Rassemblement national et le parti de Nicolas Dupont-Aignan, Génération.s et La France insoumise ont même saisi le médiateur du crédit.
Une aide aux dossiers très stricts
La fonction de médiateur du crédit a été créée il y a dix ans par Nicolas Sarkozy, alors président de la République, pour aider les entreprises en difficulté. Selon Jean-Raphaël Alventosa qui occupe le poste aujourd'hui, les partis ont mauvaise presse. "Ces dernières années, un certain nombre d’acteurs ont commis des erreurs qui ont été sanctionnées", rappelle-t-il.
Les banques doivent vérifier les conditions strictes, peut-être plus que par le passé, que les partis doivent respecter pour pouvoir emprunter.
Jean-Raphaël Alventosaà franceinfo
Jean-Raphaël Alventosa passe aussi beaucoup de temps, témoigne-t-il, à aider les formations politique à remplir des dossiers souvent bâclés. Il est vrai que la liste des conditions que les partis doivent remplir est de plus en plus longue. "Il faut évidemment de bons sondages. Il faut être capable de rembourser et assurer que compte tenu de l’histoire passée, du comportement des uns ou des autres, qu’il n’y aura pas d’annulation du compte, ce qui évidemment annule les remboursements", explique le médiateur du crédit.
Les banques se protègent
Le seuil de remboursement public est fixé à 3% des suffrages aux élections européennes. Mais avec les surprises des derniers scrutins, notamment lors de présidentielle, les banques réclament maintenant aux partis de fournir trois sondages où ils sont crédités d'au moins 7% des voix.
Même l'idée d'une banque de la démocratie, avancée par le MoDem mais jusqu'ici écartée par le gouvernement, ne réglerait pas le problème, estime le médiateur du crédit. Car, dit-il, un tel établissement demanderait les mêmes garanties pour ne pas risquer de perdre de l'argent...
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