Meurtre d'Alexia Daval : "Je pensais vraiment défendre un innocent", confie Me Randall Schwerdorffer, l'avocat de Jonathann Daval
Jonathann Daval a créé la stupeur, mardi, en avouant, après une journée de garde à vue, qu'il était responsable de la mort de son épouse. L'un de ses avocats, Me Randall Schwerdorffer, raconte à franceinfo les coulisses de ce coup de théâtre.
En l'espace de deux jours, Jonathann Daval est passé du statut de veuf éploré à celui de meurtrier présumé. En garde à vue, l'homme de 34 ans a avoué avoir étranglé son épouse, Alexia Daval, dont le corps avait été retrouvé fin octobre dans un bois de Haute-Saône.
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Après ce revirement dans l'affaire, la ligne de défense de son avocat, Me Randall Schwerdorffer, a dû changer du tout au tout. Tout comme ses éléments de langage, qui ont suscité la polémique. Interrogé par franceinfo, le pénaliste de Besançon donne des explications.
Franceinfo : Vous pensiez avoir affaire à un veuf dévasté et vous vous retrouvez aujourd'hui à défendre un homme accusé de "meurtre sur conjoint". Comment avez-vous vécu ce retournement de situation ?
Me Randall Schwerdorffer : Honnêtement, c'est la première fois que cela m'arrive. Je pensais vraiment défendre un innocent. Le dossier de Jonathann Daval a évolué et nous avec. Avec ma consœur Ornella Spatafora, nous avons dû adapter notre stratégie au cours de la journée de mardi. En tant qu'avocats, nous nous devons de préparer une défense rationnelle et solide pour obtenir la peine la moins lourde possible pour notre client.
Avez-vous songé à abandonner le dossier ?
Pas une seule seconde. Jonathann ne nous a pas abandonnés et nous ne l'abandonnerons pas non plus. Le dossier n'est finalement pas le même que celui que nous pensions plaider, mais nous allons nous battre à ses côtés jusqu'au bout.
Avez-vous poussé Jonathann Daval à passer aux aveux ?
Sachez tout d'abord que l'on ne "pousse" pas quelqu’un à passer aux aveux. Surtout quand le client a une position qui consiste à nier. Dans le cas de Jonathann Daval, nous avons senti pendant la garde à vue qu'il avait quelque chose à dire, qu'il avait une envie de soulager sa conscience. Notre travail d'avocat a été de l'aider. Pour cela, il a fallu le mettre en confiance. C'est notre devoir de conseiller au mieux notre client, et il n'y a rien de pire que de continuer à nier que le muret face à vous est rouge quand il l'est. Il a finalement avoué autour de 17 heures.
Comment réagissez-vous aux critiques qui vous ont été adressées par des confrères, pour avoir parlé aux médias pendant la garde à vue de votre client, et par la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa, pour avoir affirmé qu'il y avait "deux victimes" dans cette affaire ?
J'ai été visé par des propos extrêmement violents de la part de personnes qui ne connaissaient rien au dossier. Les seuls qui peuvent comprendre sont ceux qui ont les tenants et les aboutissants. J'en fais grief à mes confrères qui m'ont critiqué sans connaître la vérité.
Pour le second point, ce sont des polémiques stériles, sur des mots qui ont été utilisés par des avocats pour défendre leur client. Il faut aussi considérer que mon travail n'est pas d'être un communicant. Je ne regrette rien de ce que j’ai dit. Je dis simplement que je ne suis pas un professionnel de la communication.
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