Paris 2024 : RATP, SNCF, fonction publique, pompiers... Ces professions qui menacent de faire grève pendant les JO

Article rédigé par Camille Laurent
Radio France
Publié Mis à jour
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Des voyageurs passent devant les mascottes des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, en pleine perturbation du trafic ferroviaire à cause d'une grève des contrôleurs, le 16 février 2024. (DELPHINE GOLDSZTEJN / MAXPPP)
Agents de la RATP, de la SNCF ou de la fonction publique... Les syndicats de plusieurs secteurs agitent la menace de faire grève à l'approche des Jeux olympiques et paralympiques.

Faut-il s'attendre à des grèves pendant les JO ? Comme elle l'avait promis début mars, la CGT a déposé des préavis de grève, courant du 15 avril au 15 septembre. Ces préavis, qui concernent les trois branches de la fonction publique (d'État, territoriale et hospitalière), couvriront donc la période des Jeux olympiques, du 26 juillet au 11 août, et paralympiques, du 28 août au 8 septembre, de Paris. Après la grève à la tour Eiffel et celles à la SNCF en février, les syndicats de plus en plus de secteurs entendent mettre la pression sur le gouvernement et profiter de l'événement pour faire entendre leurs revendications. Franceinfo fait le point sur les professions qui ont déposé des préavis et celles qui menacent de le faire en vue ou même pendant les Jeux olympiques et paralympiques.

À la SNCF

À la SNCF, les syndicats entendent mettre la pression avec des grèves perlées jusqu'aux Jeux olympiques. Les contrôleurs ont fait grève en pleines vacances de février. Les aiguilleurs sont à leur tour appelés à cesser le travail du vendredi 23 au samedi 24 février, toujours pendant les vacances scolaires. Les agents ont des revendications similaires : de meilleures rémunérations et de meilleures conditions de travail. Des primes sont prévues, mais leur montant et leurs bénéficiaires ne sont pas encore connus.

Face aux menaces que font peser ces mouvements sur la bonne tenue des Jeux olympiques et paralympiques, certains responsables politiques veulent renforcer l'encadrement du droit de grève. Le sénateur centriste Hervé Marseille a déposé une proposition de loi pour durcir la loi de 2007 sur le service minimum dans les transports. Sur le modèle italien, l'idée serait de sanctuariser certaines périodes de l'année, comme les fêtes de fin d'année ou les vacances d'été, en rendant impossible de faire grève. Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture, s'est aussi prononcé en faveur d'un service minimum renforcé, sans en préciser les contours.

À la RATP

À la RATP, la CGT-RATP, premier syndicat du transporteur public parisien, a d'ores et déjà déposé un préavis de grève jusqu'à la fin des Jeux paralympiques. Il est en vigueur depuis le 5 février dernier et court jusqu'au 9 septembre prochain. Le syndicat demande des augmentations salariales significatives en mettant l'accent sur l'importance de ses agents pour la réussite des Jeux olympiques. Les syndicats majoritaires FO et CGT des conducteurs de métro et de RER ont finalement trouvé un accord mercredi 24 avril sur les primes pour les JO, après de longs mois de négociation.

Les conducteurs obtiendront une "gratification" de 1 200 euros avant le début des JO et une autre de 1 600 euros s’ils sont absents moins de 5 jours entre le 22 juillet et 8 septembre, détaille le tract de la CGT. Par ailleurs, "une prime à l’acte" de 44,10 euros par jour pendant les jours de compétition sera versée aux conducteurs et aux aiguilleurs notamment de la ligne A et B du RER. La crainte d'une grève à la RATP cet été s'estompe quelque peu. Pendant les Jeux, près de 20 000 agents RATP seront mobilisés chaque jour.

Dans la fonction publique

Dans un communiqué publié mercredi 10 avril, la branche fonction publique de la CGT, premier syndicat du secteur, a déposé des préavis de grève dans les trois branches du secteur. Elle demande notamment "des recrutements pérennes, des compensations salariales au titre des contraintes professionnelles générées par les Jeux [...], des droits aux congés, au télétravail choisi et à la déconnexion". "Il faut que le gouvernement prenne la mesure du défi social des Jeux et prenne les décisions à la hauteur", avait alerté, le 7 mars dernier, Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, invitée de franceinfo. 

Force Ouvrière (FO), deuxième syndicat de la fonction publique, avait déjà déposé début mars un préavis de grève s'étendant sur toute la période des JO, pour réclamer une meilleure rémunération des fonctionnaires. Les syndicats de fonctionnaires réclament des primes de compensation depuis le 5 février dernier. Ils soulignent le cumul d'heures supplémentaires, la surcharge de travail, l'impossibilité de prendre des congés cet été ou les difficultés pour s’organiser pour ceux qui ont des enfants, puisque les Jeux tombent en pleines vacances scolaires. La CFDT et l'Unsa, respectivement 3e et 4e syndicats du secteur, ont quant à eux déclaré qu'ils n'appelaient pas, à ce stade, à la mobilisation pendant les Jeux olympiques.

Les primes pourront aller jusqu’à 1 500 euros, a assuré Matignon. Mais les policiers mobilisés pendant les JO ont déjà obtenu une dérogation et pourront toucher entre 1 900 et 3 000 euros de compensation. "Pourquoi est-ce que ce sont les policiers ? Les autres fonctionnaires ne pourraient pas l'avoir ?", avait fustigé Sophie Binet début mars. Les douaniers demandent également à être traités de la même manière, arguant qu'ils seront eux aussi en première ligne.

Chez les pompiers et les policiers

Chez les pompiers mobilisés pendant les épreuves olympiques, le syndicat Sud-Solidaires a déposé un préavis de grève sur toute la période des Jeux, du 26 juillet au 11 août prochains. Ce préavis ne concerne pas les pompiers de Paris et de Marseille, qui sont des militaires et ne sont donc pas syndiqués. En revanche, les pompiers des départements du Nord, de la Gironde ou encore de Loire-Atlantique, où se dérouleront certaines épreuves, auront la possibilité de faire grève. Ils ne peuvent pas prendre de vacances cet été, alors qu'ils sont censés poser 21 jours en juillet ou en août et connaissent déjà des charges de travail trop importantes.

Les policiers municipaux, en grève lors de Noël et du Nouvel An à l'appel du collectif "Policiers municipaux en colère", pourraient aussi reconduire leur mouvement à l'aube des Jeux olympiques. Ils réclament notamment une revalorisation de leurs salaires.

À l'hôpital

Les hôpitaux vont être confrontés à un afflux de touristes l'été prochain, ce qui va priver des soignants de leurs congés. Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France, appelle à une "grève du zèle". "On ne veut pas paralyser bien sûr les JO, mais on ne rendra pas nos plannings tant qu'on ne saura pas comment on sera rémunérés, et si cette rémunération est bien égalitaire pour toutes celles et ceux qui travaillent à ce moment", a-t-il indiqué à France Inter. Une prime est promise aux soignants mobilisés, mais son montant varie entre les infirmiers et les médecins. Et d'autres soignants ont même reçu des demandes pour travailler bénévolement sur certains sites olympiques.

La numéro un de la CGT a également tiré la sonnette d'alarme sur la situation des hôpitaux d'Île-de-France. "On nous annonce un afflux avec des millions de visiteurs à Paris et il n'y a pas de moyens supplémentaires sur les hôpitaux franciliens", a pointé Sophie Binet. "Nous sommes très, très, très inquiets", a-t-elle indiqué. "Il faut un plan de recrutement dès maintenant très rapide, avec des personnels à la hauteur pour pouvoir assurer ce surcroît d'activité qui va être important", a demandé la leader syndicale qui appelle à l'organisation d'une réunion à Matignon prochainement.

Chez les éboueurs

La CGT des éboueurs franciliens a à son tour déposé, mercredi 1er mai, des préavis de grève couvrant notamment l'intégralité de la période des Jeux olympiques et paralympiques. Les agents en charge de la propreté réclament notamment une "prime exceptionnelle de 1 900 euros" pour ceux qui seront sollicités lors des Jeux de Paris 2024, ainsi que d'autres revendications propres à chaque corps de métier.

À la tour Eiffel

Le célèbre monument parisien a fermé six jours fin février en raison d'un mouvement de grève. C'était la deuxième fois que la tour Eiffel était fermée pour cause de grève en quelques mois. La CGT et Force ouvrière dénonçaient la mauvaise gestion financière de la Mairie de Paris. La Ville avait décidé d'augmenter la redevance annuelle du monument de 16 millions à 50 millions d'euros par an, en tablant sur la hausse du nombre de visiteurs en raison des Jeux olympiques.

Dès le mois de décembre, les grévistes avaient assuré que le monument parisien serait "fermé pendant la période des Jeux olympiques" si la Ville de Paris refusait "de revoir son modèle de gestion irréaliste". Une menace qui pourrait s'éloigner : le 24 février dernier, les syndicats du personnel et la Société d'exploitation de la tour Eiffel ont trouvé un accord sur "un investissement ambitieux de 380 millions d'euros jusqu'en 2031" avec un "point de suivi" tous les six mois.

La reprise du mouvement social "dépendra de l'issue de la négociation" avec la mairie, indiquait Stéphane Dieu, délégué CGT du site, fin mars. "C'est une option qui reste sur la table même si personne, ni nous ni la Ville ni la France, n'a intérêt à ça", avait affirmé le syndicaliste.

Une "trêve olympique" dans le secteur aérien 

De son côté, le principal syndicat des contrôleurs aériens a assuré qu'il ne ferait pas grève jusqu'à la fin des Jeux. Il s'est engagé à observer une "trêve olympique" jusqu'à septembre prochain, c'est-à-dire pendant toute la séquence des Jeux olympiques et paralympiques. Cette annonce a été faite le 12 septembre dernier, après que les deux principaux syndicats ont obtenu un accord avec leur direction. Ils avaient émis un préavis de grève en pleine Coupe du monde de rugby, elle aussi organisée par la France. Une idée reprise à son compte par Tony Estanguet : fin février, le président du comité d'organisation des Jeux olympiques (Cojo) a appelé à une "trêve sociale olympique" pour "ne pas gâcher la fête".

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