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En Afghanistan, les habitants fuient devant l'avancée des talibans et "toute une génération pleure"

Les talibans affirment contrôler 85% du territoire afghan. Face à leur avancée inexorable, de nombreux Afghans veulent s'exiler, notamment en Iran. À Kaboul, ils attendent de longues heures avant de récupérer leur passeport pour quitter le pays.

Article rédigé par franceinfo - Sonia Ghezali
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des habitants qui ont fui l'avancée des Talibans attendent une aide d'urgence du gouvernement afghan dans la province d'Herat, au nord-ouest du pays.  (JALIL REZAYEE / MAXPPP)

Les talibans ont affirmé mardi 13 juillet contrôler 85% du territoire afghan. Les autorités du pays démentent, mais elles reconnaissent que les forces de sécurité afghanes sont dans une situation délicate. Les talibans ont lancé depuis deux mois une grande offensive dans le nord du pays, s'emparant des frontières avec le Tadjikistan, le Turkménistan, et d'un poste frontalier majeur avec l'Iran. Ils ont également pris le contrôle de deux districts de la province centrale de Bamiyan, alors que les troupes étrangères de l'Otan doivent définitivement quitter l'Afghanistan, d'ici la fin du mois d'août 2021.

S'exiler, car il n'y a plus d'espoir

Face à l'avancée des talibans, la France a appelé mardi 13 juillet ses ressortissants à quitter immédiatement le pays, n'étant plus en mesure, dit le quai d'Orsay, "d'assurer leur sécurité" après le 17 juillet. Les talibans se rapprochent de Kaboul et la France veut faire partir tous ses ressortissants avant que les insurgés prennent le contrôle de l'aéroport. De nombreux Afghans fuient, certains voulant s'exiler à l'étranger.
Une longue file d'attente se forme ainsi ces derniers jours, dès l'aurore, devant le service des passeports, à Kaboul. Un professeur d'anglais attend depuis plusieurs heures. Il veut récupérer son passeport et fuir en Iran.

"J'ai toujours essayé d'aider les jeunes à garder espoir, mais je l'ai perdu."

Un professeur d'anglais afghan

à franceinfo

"L'autre jour, je pleurais devant mes élèves", raconte-t-il. "Je leur ai dit que j'ai échoué à leur faire garder espoir. Ils pleuraient avec moi. Toute une génération pleure. Toute une génération est inquiète de ce qu'il va se passer ici."

S'exiler, pour offrir un avenir à sa fille

Plus loin, un père de famille patiente avec son épouse et leur fille, qui n'a pas encore un mois. L'avancée des talibans lui fait craindre le pire, surtout pour son bébé. C'est pour elle qu'il veut s'exiler.

"Ma fille n'aura pas le droit de travailler, d'étudier, ni même le droit de vivre."

Un père de famille afghan

à franceinfo

Il en est sûr. S'ils restent vivre en Afghanistan, sa fille "ne pourra pas décider de son avenir. Elle ne pourra peut-être pas rester vivante à cause des terroristes, des insurgés barbares. Je prédis un avenir très sombre."

Derrière lui, une universitaire tient son fils, âgé de dix mois, dans les bras. Elle a fui la région du Badakshan, dans le nord-est du pays, contrôlée par les talibans. "Ils occupent mon université et s'en servent comme d'une base militaire", relate-t-elle. Avec son époux, elle espère pouvoir se réfugier en Turquie.

En Afghanistan, la fuite des habitants devant les talibans : reportage de Sonia Ghezali (RFI pour franceinfo)

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