"Notre voix doit être entendue" : malgré la guerre, l'Ukraine participe à la COP15 biodiversité
Volodymyr Domashlinets est un habitué des COP biodiversité. Ce fonctionnaire du ministère ukrainien de l'Ecologie et des Ressources naturelles participe à ces sommets internationaux depuis 2006. "Cette année, c'est un peu particulier en termes de contexte", euphémise l'homme de 64 ans, jeudi 8 décembre. Il arrive de Kiev, où les bombardements russes sur les infrastructures électriques ont rendu la vie quotidienne très difficile. Dans son vol entre la Pologne et le Canada, "il y avait beaucoup de réfugiés ukrainiens", venus chercher une vie meilleure de l'autre côté de l'Atlantique.
Avec la guerre, il a bien failli ne jamais venir au sommet canadien, où la communauté internationale doit trouver un accord pour enrayer la destruction de la biodiversité. "Notre voix doit être entendue", estime Volodymyr Domashlinets.
Il dégaine son téléphone pour consulter le brouillon d'un discours que doit prononcer son ministre, Ruslan Strilets, lors de sa visite à Montréal la semaine prochaine. Le texte liste les dégâts que provoque la guerre sur la biodiversité du pays : des marais d'importance internationale, 200 zones naturelles et 2 millions d'hectares de forêt bombardés ou abîmés par les combats.
"Sans biodiversité, l'humanité disparaîtra"
Le représentant ukrainien a bien conscience qu'en plein conflit, les questions de biodiversité peuvent paraître dérisoires. Mais il rappelle l'importance du sujet : "Le secrétaire général de l'ONU et le Premier ministre du Canada l'ont dit lors de la cérémonie d'ouverture, la biodiversité, c'est la vie. Sans elle, l'humanité disparaîtra." Les milieux naturels et les espèces qu'ils abritent nous permettent en effet de respirer un air propre, d'avoir de l'eau potable, de nous nourrir et de limiter le réchauffement climatique.
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Lors de la première session plénière, Volodymyr Domashlinets a eu la désagréable surprise de se retrouver assis juste derrière la délégation russe. "Je connais l'un de ses membres depuis longtemps, il a travaillé à la Convention sur la biodiversité biologique. On s'est juste salués de loin, on ne peut pas se parler", confie le fonctionnaire ukrainien. A l'inverse, il reçoit beaucoup de témoignages de sympathie dans les couloirs de la COP.
Passe d'armes entre la Russie et les alliés de l'Ukraine
Il était aux premières loges pour assister au débat houleux entre cette délégation russe et les alliés de l'Ukraine. La guerre "bloque les actions nécessaires pour la protection de la nature et sa restauration", a dénoncé le diplomate européen Hugo Schally. "La destruction environnementale généralisée et les dommages transfrontaliers provoqués par l'agression militaire russe ne peuvent pas passer inaperçus à ce sommet", a estimé Rosemary Paterson, qui s'exprimait au nom du groupe Nouvelle-Zélande, Japon, Australie et Etats-Unis. Le représentant russe, Denis Rebrikov, a vivement répliqué, estimant que "ces allégations contre la Russie [étaient] hors du champ de cette conférence" et que de telles déclarations risquaient de "saboter" les négociations.
En attendant, le conflit sabote surtout la capacité de l'Ukraine à tenir les engagements qui seront pris à Montréal. Volodymyr Domashlinets donne l'exemple de l'objectif phare, protéger 30% de la surface du globe à l'horizon 2030. "On soutient cette mesure, mais on n'est pas sûrs de pouvoir la tenir, explique-t-il. Nous devrons d'abord retrouver une vie normale, restaurer l'économie." Surtout, "la guerre devra être terminée".
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