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Guerre en Ukraine : quatre pistes pour réduire la dépendance énergétique de l'Europe à la Russie

La Commission européenne a proposé aux 27 pays membres, jeudi, de baisser de deux tiers les importations de gaz russe "dès cette année".

Article rédigé par franceinfo - Miren Garaicoechea
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Publié Mis à jour
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Des drapeaux ukrainiens flottent aux côtés de drapeaux de l'UE à l'extérieur du Parlement européen à Strasbourg, le 9 mars 2022. (ABDESSLAM MIRDASS / HANS LUCAS / AFP)

"Il faut que l'on réduise toutes nos dépendances le plus vite possible." Alors que débute le sommet européen à Versailles (Yvelines), l'indépendance énergétique à l'égard de la Russie est un des sujets cruciaux à l'ordre du jour, a rappelé Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, invité de France Inter jeudi 10 mars.

Selon un plan proposé par la Commission européenne, nommé "REPowerEU", les Vingt-Sept pourraient réduire de deux tiers leurs importations de gaz russe "dès cette année" et "ne plus en consommer du tout au maximum d'ici 2030", a détaillé Clément Beaune. 

>> Défense, indépendance énergétique, élargissement de l'UE… La guerre en Ukraine au menu du sommet de Versailles

L'Union européenne importe 40% de son gaz de Russie. Or, "en achetant du gaz russe, on finance la guerre de Vladimir Poutine" en Ukraine, a déclaré le secrétaire d'Etat. Une guerre sans relâche depuis l'invasion russe le 24 février. Mais la dépendance énergétique de l'UE ne se limite pas au gaz puisque 27% de ses importations de pétrole et 46% de ses importations de charbon viennent de Russie, liste la Commission.

Diversifier ses fournisseurs et ses sources d'énergie, stocker, économiser : franceinfo détaille quatre pistes qui feront l'objet des discussions jeudi 10 et vendredi 11 mars, au sommet de Versailles.

1Solliciter davantage les autres pays exportateurs de gaz

Première difficulté, les pays de l'UE ont des niveaux de dépendance très différents. Plusieurs pays d'Europe centrale et de l'Est, comme l'Autriche ou la Roumanie, sont parfois dépendants à "100% du gaz qui vient de Russie", a rappelé Clément Beaune sur France Inter. L'Allemagne "est plus dépendante" que la France, "un des pays avec le portefeuille parmi les plus diversifiés d'Europe"explique à franceinfo Sophie Méritet, économiste de l'énergie, maîtresse de conférences à l'université Paris Dauphine-PSL.

Pour diversifier ses approvisionnements, l'UE pourrait demander à ses autres fournisseurs de lui vendre plus de gaz. Pour l'instant, ses principaux partenaires sont la Norvège (23% du gaz importé), l'Algérie (12%), les Etats-Unis (6%) et le Qatar (5%), selon la Commission.

Mais il ne suffit pas de vouloir diversifier l'approvisionnement en gaz. "Encore faut-il qu'il y ait du gaz à vendre, souligne Sophie Méritet. La Norvège, par exemple, est en capacité maximale de production. L'Algérie doit d'abord répondre à sa demande interne."

2Diversifier les types d'énergie

Les pays de l'UE peuvent aussi panacher davantage les énergies, avec plus de gaz naturel liquéfié, issu notamment du gaz de schiste, et accroître la part des énergies renouvelables, comme le biométhane, en utilisant des sources de biomasse durables telles que les déchets et résidus agricoles, ou encore l'éolien.

>> Guerre en Ukraine : le GNL est présenté comme une alternative au gaz russe

"Ce serait plutôt une bonne nouvelle" pour la transition énergétique, estime l'économiste Sophie Méritet. Mais à quel coût ?" Par exemple, pour le gaz naturel liquéfié, la France pourrait demander "plus aux Etats-Unis et au Qatar, mais cela pose le problème des infrastructures. Elles sont au maximum de leurs capacités aujourd'hui. Il faudrait donc des investissements." 

Or, l'énergie pèse sur le budget des pays européens. "Déjà, cet automne, la Russie avait limité ses livraisons à ses engagements contractuels, donc les prix étaient hauts, avec une demande plus importante que l'offre", rappelle l'économiste. La guerre en Ukraine n'a fait qu'aggraver cette tension. Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a même estimé que la situation actuelle était similaire à celle du premier choc pétrolier, en 1973.

3Augmenter les stocks de gaz pour l'hiver prochain

Les besoins en gaz pour l'hiver 2021-2022 sont couverts, a rassuré la commissaire européenne chargée de l'Energie, Kadri Simson, mardi 8 mars. "Mais nous devons reconstituer nos réserves de toute urgence pour l'année prochaine", a-t-elle averti. 

Pour cela, la Commission souhaite que les infrastructures de stockage de gaz de l'UE soient remplies à au moins 90% au 1er octobre de chaque année. En ce début du mois de mars, elles le sont à 30%. Une proposition législative sera proposée d'ici avril

Le stockage se fait toujours à l'été, en prévision de l'hiver, rappelle Sophie Méritet. "Comme il y a moins de demande l'été, c'est moins cher, comme les denrées alimentaires. Ensuite, on déstocke pendant l'hiver." Comment expliquer un taux de réserve aussi bas ? "L'hiver froid de 2020 a contraint l'Europe à vider ses réserves." 

4Améliorer l'efficacité énergétique

Dernier axe, l'efficacité énergétique. Elle permettra de "réduire l'utilisation des combustibles fossiles [comme le gaz] dans nos habitations, nos bâtiments, notre industrie et notre système électrique", énonce la Commission

"On ne demande pas de s'éclairer à la bougie", rassure d'entrée l'économiste Sophie Méritet. "Il s'agit d'avoir accès aux mêmes services, mais en consommant moins d'énergie. Par exemple, dans votre maison, la température sera maintenue à 20° C grâce au double vitrage, à de la domotique… sans que la consommation augmente." 

Mais certains experts et politiques appellent à dépasser l'efficacité pour gagner en sobriété, en consommant moins. Baisser la température de 1° C dans les foyers se chauffant au gaz (10,5 millions en France) permettrait par exemple à l'Europe d'économiser 10 milliards de mètres cubes de gaz en un an. Cela correspond à près de 10% des importations russes, précise France 2

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