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Reportage "L’ennemi attaque mon pays, je me dois d’y aller !" : en Pologne, des membres de la diaspora ukrainienne veulent aller se battre contre la Russie

À la gare routière de Varsovie, des dizaines hommes pour la plupart d'origine ukrainienne se rassemblent chaque matin et attendent pour aller combattre l'invasion russe malgré le manque de moyen. 

Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Radion est un Ukrainien installé en Pologne. Il fait la manche pour se payer le ticket retour vers son pays et aller se battre, le 2 mars 2022. (PATRYK NOGAL / RADIO FRANCE)

Partir et se battre en Ukraine, coûte que coûte ! Radion a posé une petite pancarte sur sa valise. Assis par terre, devant la gare routière, il fait la manche pour se payer le billet vers sa terre natale. "J’ai ma fille, qui vit là-bas, et mes parents aussi, indique-t-il. Je me dois d’y aller ! L’ennemi attaque mon pays." Radion explique que le seul bus gratuit, ce matin-là, était déjà plein. Alors il compte sa monnaie. Le billet coûte 100 zlotys, 25 euros pour rejoindre Lviv. Déjà une petite fortune pour lui qui était venu chercher (sans succès) du travail en Pologne.

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L’appel du président ukrainien Volodymir Zelensky à venir combattre l’armée russe pour défendre l’Ukraine et l’Europe continue de trouver un réel écho, à travers le continent. Parfois chez des Français mais aussi et surtout au sein de la diaspora ukrainienne. Près de 1,5 million d’Ukrainiens sont installés depuis des années en Pologne, le pays voisin. Depuis quelques jours, la gare routière de Varsovie concentre ainsi chaque matin des dizaines d’hommes qui refont le chemin à l’envers direction l'Ukraine comme Radion.

Le quai numéro 10 de la gare routière de Varsovie, d'où partent plusieurs fois par jour des combattants vers l'Ukraine, le 2 mars 2022. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

Un matériel militaire inabordable

Sur le quai numéro 10, le bus tarde à venir, sans doute ralenti par les bouchons à la frontière. Un groupe d’hommes patiente. Prêts à partir en jeans, et en simples baskets. Patryk, le traducteur, confirme : ils n’ont presque pas d’équipement. "Le problème, c’est que le matériel militaire est inabordable, explique-t-il. Les prix ont grimpé, face à la demande."

"Ces hommes nous disent que c’est très bien que les pays occidentaux annoncent vouloir livrer des armes, et du matériel. Mais c’est tout de suite qu’ils en ont besoin ! C’est maintenant, qu’ils se battent !"

Patryk, traducteur

à franceinfo

Cinq casques, en tout et pour tout, pour ce groupe d’une douzaine d’hommes. Souvent, pas vraiment d’expérience non plus. Roman, l’un d’eux, étudiait jusqu’ici la théologie. Pourtant, d’autres ont tout un barda. Près du comptoir des billets, Sevily détaille fièrement ses deux gros sacs kaki. Il se dit déserteur de la Légion étrangère française. Sa nationalité : biélorusse. "Vous connaissez mon président ? Le dictateur Loukachenko ? C’est un fou, comme Poutine !"

Sevily explique rejoindre des camarades de la Légion, déserteurs comme lui, pour combattre l’armée russe. Il montera tout à l’heure dans l’un de ces autocars, une trentaine chaque jour, qui repartent ainsi de Varsovie vers l’Ukraine. À quelques mètres, une maman ukrainienne soupire. Son fils aussi va prendre ce bus. Mais elle est trop triste pour confier sa peine.

Des membres de la diaspora ukrainienne en Pologne veulent aller se battre contre la Russie - le reportage d'Agathe Mahuet

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