Reportage "Nous vivons en état de siège" : les Palestiniens des camps de réfugiés au Liban craignent pour leur vie

Le camp d'Aïn El-Hilweh a été ciblé par une frappe israélienne la semaine dernière, tuant 5 personnes.
Article rédigé par Virginie Pironon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
Un panache de fumée se déverse après une frappe aérienne israélienne sur le village de Khiam, au sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 7 octobre 2024. (- / AFP)

Il y a un an jour pour jour, au lendemain des attaques du Hamas en Israël, le Hezbollah ouvrait un front depuis le sud du Liban contre Israël. De l’explosion des bipeurs du Hezbollah, à l’élimination de son chef, Hassan Nasrallah, ces deux dernières semaines, la guerre entre Israël et le Liban a franchi un cap. Une situation qui inquiète les plus de 100 000 Palestiniens qui s’entassent dans des ruelles étroites du camp d'Aïn El-Hilweh.

Pour entrer dans le camp d’Aïn El-Hilweh, dans la ville de Saïda, à une quarantaine de kilomètres au sud du Beyrouth, il faut d’abord passer deux checkpoints de l’armée libanaise. Assise dans une épicerie, Khadija, foulard sur la tête, explique qu’elle avait 9 mois en 1948, lors de la Nakba, quand sa famille a dû quitter sa maison, au sud de la ville d’Haïfa. "Notre maison est toujours là-bas, dit-elle. Elle avait deux étages, ils l’ont refaite, maintenant il y en a cinq. Les Israéliens ont construit une autoroute sur nos terres. Tout autour, ils ont ouvert des magasins. Nous étions riches, nous avions des moutons et du raisin".

"Aucun droit" pour les Palestiniens réfugiés

Iman, 54 ans, est née dans le camp, mais garde toujours l’espoir de rentrer un jour en Palestine. "Je ne me sentirai jamais chez moi ici, confie-t-elle. Je suis née ici au Liban et j’ai grandi ici, mais je suis Palestinienne". Elle déplore les conditions de vie des Palestiniens au Liban : "Nous vivons en état de siège, décrit-elle. En tant que Palestinien nous devons nous battre au quotidien. En particulier dans les camps, il n’y a aucun droit. Le camp est bondé, les maisons sont les unes sur les autres. Nous n’avons pas le droit de travailler. Les jeunes qui font des études ne trouvent pas de travail approprié".

La semaine dernière, mardi 1er octobre, le camp a été ciblé par une frappe israélienne. Bilan : 5 morts. "Nous sommes habitués", affirme Iman. En 1982, Israël avait fait bien pire que ça, dit-elle.

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