Appel à l'unité, minute de silence, Lady Gaga… Ce qu'il faut retenir de la cérémonie d'investiture de Joe Biden
La cérémonie, organisée face à un public réduit et sous haute sécurité, a été ponctuée par les performances d'artistes populaires et un hommage aux victimes du Covid-19.
Joe Biden peut désormais se mettre au travail. Le démocrate, victorieux face à Donald Trump lors de l'élection présidentielle américaine de novembre 2020, a prêté serment, mercredi 20 janvier, à Washington (Etats-Unis), devenant officiellement le 46e président du pays.
La cérémonie d'investiture, placée sous haute surveillance après les récentes émeutes au Capitole, a été marquée par des discours rassembleurs, plusieurs prestations musicales, et par l'absence du président sortant, Donald Trump. Une situation qui ne s'était pas produite depuis plus de 150 ans.
Trois anciens présidents dans le public
Comme le veut le protocole, les anciens présidents avaient tous été invités à la cérémonie d'investiture. Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama ont ainsi assisté aux célébrations, accompagnés de leurs épouses respectives. Seul Jimmy Carter, 94 ans, a décliné l'invitation, évoquant des raisons de santé. Donald Trump avait pour sa part prévenu qu'il ne participerait pas à la cérémonie, préférant se rendre en Floride.
D'autres responsables politiques ont également assisté à la cérémonie d'investiture, comme l'ancien chef de la majorité au Sénat, le républicain Mitch McConnell, ainsi que l'ancien vice-président américain, Mike Pence, comme le veut la tradition. Côté démocrate, la cheffe de file du parti à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, était présente ainsi que le sénateur du Vermont, Bernie Sanders, qui s'était incliné face à Joe Biden lors de la primaire démocrate en avril 2020.
L'hymne national chanté par Lady Gaga
La chanteuse Lady Gaga s'est emparée d'un micro doré pour entonner The Star-Spangled Banner, l'hymne national des Etats-Unis. Une intervention musicale qui avait été annoncée une semaine avant la cérémonie, en même temps que la participation de Jennifer Lopez. Cette dernière a interprété This Land Is Your Land ("Cette terre est ta terre"), un classique de la gauche américaine.
Kamala Harris, une première à plus d'un titre
Première femme vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris est aussi la première personne noire et d'ascendance asiatique à occuper ce poste prestigieux. Cette accession aux plus hautes marches du pouvoir vient couronner une carrière politique fulgurante, quatre ans seulement après son élection comme sénatrice de l'Etat de Californie. "Nous avons aujourd'hui la première femme vice-présidente des Etats-Unis, a plus tard déclaré Joe Biden. Ne me dites pas qu'on ne peut pas changer !"
L'unité nationale au centre du premier discours présidentiel
Après avoir prêté serment sur une bible appartenant à sa famille, la célèbre Bible de Douai, Joe Biden a débuté son discours en évoquant "non pas la victoire d'un candidat, mais celle d'une cause : la démocratie". "Nous avons beaucoup de choses à faire en ces temps périlleux", a continué le démocrate de 78 ans, le président le plus âgé à accéder à la Maison Blanche.
Joe Biden n'a pas manqué de rappeler la récente attaque du Capitole par des manifestants pro-Trump, sans jamais citer le nom de son prédécesseur. "Il y a quelques jours, ici même, la violence a remis en cause les fondements de notre démocratie", a-t-il souligné, avant d'exhorter le peuple américain à se réunir. "C'est une grande nation. Nous sommes de bonnes personnes (...) mais nous avons encore un chemin si long à parcourir. (...) Nous avons beaucoup à réparer, à soigner, à construire."
Joe Biden a cité sa mère au nom de la tolérance
Après avoir évoqué la pensée du philosophe Saint-Augustin, le nouveau président américain a paraphrasé sa mère, Catherine Biden. "Comme ma maman me disait, 'mettons-nous à la place des autres'", a-t-il déclaré, après avoir appelé une nouvelle fois à l'unité. "Il n'est pas question d'opposer les ruraux contre les urbains, les libéraux contre les conservateurs, a réprouvé Joe Biden. Nous pouvons y arriver, si nous ouvrons nos âmes au lieu de durcir nos cœurs."
Un changement de cap annoncé pour la politique extérieure américaine
"Le monde nous regarde, a rappelé le nouveau locataire de la Maison Blanche. Nous serons un partenaire sûr pour la paix et la stabilité." Joe Biden, qui avait dévoilé la composition de son administration plusieurs jours avant la cérémonie d'investiture, a déclaré lors de son premier discours qu'il voulait "diriger par le pouvoir de l'exemple".
Le nouveau président américain a désormais un programme bien chargé. Il a prévu de signer un certain nombre de décrets visant à faire oublier les coups de tonnerre diplomatiques de son prédécesseur. Sous l'impulsion de Joe Biden, les Etats-Unis devraient par exemple réintégrer l'Organisation mondiale de la santé, que le pays avait quitté avec fracas en juillet 2020. L'administration Biden est aussi très attendue sur les questions climatiques, avec comme première mesure le retour dans l'accord de Paris sur le climat, ratifié par Barack Obama.
De la pop, mais aussi de la country
Arrivant au pupitre alors que les applaudissements pour Joe Biden résonnaient encore, la star de la musique country Garth Brooks a interprété Amazing Grace a capella. Un symbole d'ouverture politique, car le chanteur se réclame plutôt du parti républicain, mais aussi de continuité : l'artiste avait déjà chanté pour l'investiture de Barack Obama, en 2009.
Une jeune poétesse engagée pour clore la cérémonie
Du haut de ses 22 ans, Amanda Gorman, écrivaine et poétesse originaire de Los Angeles, a lu son poème The Hill We Climb ("La colline que l'on gravit"). Ce texte a été écrit par la jeune femme au lendemain des émeutes du Capitole. Dès les premières lignes de son poème, Amanda Gorman appelle le peuple américain à s'opposer aux "forces qui préféreraient briser la nation en mille morceaux plutôt que de la partager". Pour les anglophones confirmés, la suite de cette lecture puissante est à retrouver ci-dessous.
Un moment de recueillement pour les victimes du coronavirus
A la demande de Joe Biden, les responsables politiques et le public réunis devant Capitole ont observé quelques secondes de "prière silencieuse", en hommage "aux pères, aux mères, aux amis, voisins, collègues" victimes du Covid-19. Le bilan de l'épidémie est extrêmement lourd dans le pays, et vient de dépasser 400 000 victimes. "Nous entrons dans la période du virus qui sera peut-être la plus mortelle, a déclaré Joe Biden, nous devons mettre la politique de côté et enfin surmonter cette pandémie comme une nation unie."
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