Comment Barack Obama se prépare déjà à quitter la Maison Blanche
Pendant que le président américain s'active à l'international avant la fin de son mandat, en coulisses, ses équipes se préparent déjà à confier la Maison Blanche à son successeur.
Il n'a pas encore fait ses cartons, mais il a déjà commencé sa tournée d'adieu. En visite au Royaume-Uni, samedi 23 avril, Barack Obama a évoqué la fin de son mandat. "J'ai encore quelques mois, a-t-il plaisanté face à des jeunes Britanniques venus l'écouter à Londres, rapporte CNN (en anglais). Précisément huit mois et cinquante-deux jours. Je viens juste d'inventer ce chiffre ; en vrai, je ne sais pas."
Le président américain a beau faire de l'humour sur le sujet, il sait que son temps est compté. Le 20 janvier 2017, il devra passer la main et laisser le nouveau locataire de la Maison Blanche s'installer, à l'occasion de la traditionnelle cérémonie d'investiture. En attendant, Barack Obama tente de se forger un héritage, actant un rapprochement historique avec Cuba, concluant un accord sur le nucléaire iranien ou essayant de nommer un dernier juge à la Cour suprême.
Déjà des réunions avec les candidats
Mais en coulisses, il se prépare à confier les rênes du pouvoir à son sucessseur, quel qu'il soit. L'un de ses conseillers a déjà commencé à rencontrer l'entourage des candidats démocrates et républicains, mercredi 20 avril, raconte le New York Times (en anglais). Deux jours de réunions, de déjeuners et de dîners de travail pour préparer la transition, "une tâche qui ressemble à une fusion géante d'entreprises", écrit le quotidien américain.
Barack Obama a demandé à ses équipes de plancher sur le sujet dès l'automne, précise le journal. "Il nous a indiqué qu'il voulait que ce soit un processus sérieux", explique Anita Decker Breckenridge. Interrogée par The Atlantic (en anglais), la référente du dossier à la Maison Blanche explique avoir déjà commencé à rencontrer des officiels dans toute l'administration, afin de rassembler les informations nécessaires à une transition harmonieuse. Le président en exercice veut faire aussi bien, "sinon mieux" que le passage de témoin orchestré par son prédécesseur, George W. Bush.
En 2001, une Maison Blanche "vandalisée"
Ce dernier n'a pas eu la même chance. En 2001, quand il s'installe dans le fauteuil laissé vacant par Bill Clinton, le républicain découvre une Maison Blanche dans un état pas tout à fait optimal. A l'époque, l'organisme d'audit du Congrès américain évoque "dégâts, vols, vandalisme et farces" pour décrire les événements survenus pendant la période de transition. Près de 5 000 dollars ont par exemple été dépensés pour remplacer des claviers d'ordinateur défaillants, dont les lettres W – l'une des initiales du nouveau président – avaient été endommagées.
Le changement de président est d'autant plus délicat, cette année-là, que l'élection a traîné en longueur, avec le mélodrame du recomptage des votes en Floride. Joshua Bolten, alors chef de cabinet adjoint de George W. Bush, évoque un manque d'anticipation. "L'équipe de Clinton était courtoise à notre égard, mais ils n'ont pas vraiment fait d'efforts pour faciliter notre efficacité au premier jour", raconte-t-il à The Atlantic. Episode symptomatique, le jour des attentats du 11 septembre 2001, son prédécesseur lui téléphone : il se demande si l'équipe Bush a été mise au courant de l'existence du bunker de la Maison Blanche.
Un "plan de bataille" pour réussir la transition
"Les équipes de campagne ont toujours rechigné à planifier la transition en avance par peur de paraître présomptueux, donc ils ont fini par le faire à la dernière minute", analyse Max Stier, président du Partnership for Public Service, une organisation impliquée dans le processus, interrogé par le New York Times. "Ce n'est pas possible de commencer à s'en préoccuper juste après l'élection, explique Chris Lu, artisan de la transition Bush-Obama en 2009. En amont, il faut un plan de bataille. C'est un peu comme préparer le Débarquement."
Huit ans plus tard, au moment de quitter la Maison Blanche, George W. Bush a donc voulu anticiper. "On a parlé des attentats et on s'est dit 'Dieu merci, c'était le 11 septembre et pas le 11 février, parce que nous aurions être complètement incapables de gérer la situation à ce moment-là'", se souvient Clay Johnson III, alors haut responsable du bureau de la Gestion et du Budget des Etats-Unis. Pour éviter une telle déconvenue, en janvier 2009, les conseillers de George W. Bush ont donc simulé, aux côtés du staff de Barack Obama, des attaques explosives simultanées dans plusieurs villes américaines, rapporte le New York Times. Histoire d'être préparés au pire.
Six mois avant l'élection, le compte à rebours commence
Pour mieux encadrer ces passages de témoin, Barack Obama a promulgué à la mi-mars une nouvelle loi, explique l'agence Associated Press (en anglais). Avec ce texte, la Maison Blanche doit mettre en place des équipes issues des diverses agences fédérales dès le mois de mai – soit six mois avant l'élection – pour faciliter le partage d'informations avec les candidats, précise le Partnership for Public Service (en anglais).
Mais toutes les campagnes n'appréhendent pas l'enjeu de la même manière. Selon le New York Times, Bernie Sanders a demandé à son directeur de cabinet au Sénat de participer à la première réunion organisée en avril. Hillary Clinton, elle, a bien dépêché l'un des membres de son équipe – mais pas un haut gradé. L'ancienne secrétaire d'Etat n'a d'ailleurs pour l'instant pas affecté spécifiquement de conseiller aux préparatifs de la transition, note le journal. Elle est pourtant l'une des mieux placées, aujourd'hui, pour remporter le scrutin en novembre prochain.
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