Présidentielle américaine 2024 : qui est James David Vance, anti-trumpiste repenti et colistier de Donald Trump ?

L'ancien président républicain fait le pari de J.D. Vance, sénateur de l'Ohio pour l'accompagner. Le parlementaire pourrait l'aider à gagner plusieurs Etats clés lors du scrutin présidentiel de novembre.
Article rédigé par franceinfo
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Le sénateur J.D. Vance à Milwaukee, dans le Wisconsin (Etats-Unis), lors de la convention républicaine, le 15 juillet 2024. (SHUTTERSTOCK / SIPA)

A quatre mois de l'élection présidentielle, le tandem républicain pour le scrutin présidentiel est désormais connu. Donald Trump a désigné lundi 15 juillet lors de la convention républicaine de Milwaukee, James David Vance comme candidat à la vice-présidence. "Quel honneur de me présenter aux côtés du président Donald Trump, il a apporté la paix et la prospérité une fois, et avec votre aide, il le refera", a commenté le jeune sénateur de l'Ohio âgé de 39 ans, dans un message publié sur le réseau social X.

Si Donald Trump est élu à la présidence des Etats-Unis en novembre, cet auteur à succès issu d'un milieu modeste dans l'Ohio deviendrait le troisième plus jeune vice-président de l'histoire du pays. Cette nomination a fait réagir le camp démocrate, notamment la vice-présidente Kamala Harris sur X : "J.D. Vance soutient l'interdiction de l'avortement à l'échelle nationale". L'élu républicain est aussi bousculé dans son propre camp, notamment pour des déclarations et des propos polémiques tenus sur Donald Trump par le passé.

Un nouvel arrivant en politique

Comparé aux autres prétendants à la vice-présidence comme le sénateur Marco Rubio et le gouverneur du Dakota du Nord Doug Burgum, James David Vance bénéficie d'une expérience politique limitée. Elu pour la première fois en novembre 2022 sous l'étiquette républicaine et avec le soutien de Donald Trump, ce diplômé de la faculté de droit de l'université de Yale est un nouveau venu dans l'arène nationale.

Origine de la commune de Middletown dans l'Ohio, ce vétéran des Marines issu d'un milieu modeste se fait connaître à l'échelle nationale avec la publication en 2016 de son autobiographie Hillbilly Elegy: mémoire d'une famille et d'une culture en crise. Le sénateur y raconte son parcours et l'histoire de sa famille dans une Amérique marquée par la précarité et la toxicomanie. L'élu "offre une analyse sociologique compatissante et perspicace de la classe défavorisée blanche qui a contribué à alimenter la politique de rébellion, en particulier l'ascension de Donald Trump", écrit en août 2016, dans les colonnes du New York Times, la journaliste Jennifer Senior. Succès de librairie, le livre intègre en 2017 la liste des best-sellers du New York Times et est adapté quelques années plus tard sur la plateforme Netflix. 

En 2016, il fonde l'organisation Our Ohio Renewal (Le Renouveau de l'Ohio), une organisation à but non lucratif chargée de "résoudre les problèmes identifiés" dans son livre, comme la lutte contre la dépendance aux opioïdes, précise le New York Times. En 2021, l'association ferme ses portes faute de moyens. Un an auparavant, il lance une entreprise visant à financer des start-up implantées dans des villes défavorisées, précise la radio publique américaine NRP.

Isolationniste et partisan d'une politique dure sur l'immigration

Figure de tête du mouvement conservateur informel appelé "la Nouvelle Droite", J.D. Vance tente de donner une orientation plus radicale au courant isolationniste et anti-immigration de Donald Trump. Concernant la politique étrangère, le sénateur de l'Ohio s'oppose ouvertement à l'implication de Washington dans les conflits étrangers et à l'aide militaire accordée par les Etats-Unis à Kiev dans sa guerre contre la Russie, analyse le média Politico en mars.

Le parlementaire apparaît encore plus radical sur d'autres questions, comme l'avortement, où il s'est prononcé contre des exceptions aux interdictions, même en cas de viol ou d'inceste. "Contrairement aux partisans républicains plus conventionnels (...), la cohorte de la Nouvelle Droite de J.D. Vance considère que Donald Trump n'est que la première étape d'une révolution populiste-nationaliste plus large qui est déjà en train de remodeler la droite américaine", assure Politico.

Un ancien critique virulent de Donald Trump

En octobre 2016, à quelques semaines du scrutin présidentiel, J.D. Vance est l'invité du journaliste de CBS Charlie Rose. Interrogé sur son rapport au candidat républicain, l'écrivain explique ne ressentir aucune affinité politique pour l'ex-magnat de l'immobilier. "Je ne suis pas un partisan de Trump, je ne l'ai jamais aimé". Candidat républicain au Sénat quelques années plus tard, d'anciens messages publiés par J.D. Vance notamment sur Facebook sont exhumés par son ancien colocataire à l'université et actuel sénateur démocrate du Sénat de l'Etat de Géorgie, raconte la chaîne MSNBC en avril 2022. Dans un de ces messages, J.D. Vance affirme que l'ancien président pourrait être l'"Hitler de l'Amérique".

Depuis, l'essayiste a prouvé sa loyauté à Donald Trump en défendant bec et ongles sa thèse infondée de l'élection volée en 2020 et son idéologie "Make America Great Again". Interrogé sur ce revirement par un journaliste de la chaîne conservatrice américaine Fox News en juin, le sénateur a tenté de faire amende honorable. "Ecoutez, je me suis trompé (...). C'était un grand président, et c'est l'une des raisons pour lesquelles je travaille si dur pour m'assurer qu'il obtienne un second mandat", a-t-il expliqué. Samedi, quelques heures seulement après les tirs ayant visé l'ancien président, J.D. Vance a accusé sur le réseau social X, Joe Biden d'avoir "directement causé cette tentative d'assassinat", avec sa rhétorique sur les dangers du trumpisme.

Un atout électoral pour conquérir la "Rust Belt" 

Invité de Fox News lundi, le sénateur de l'Ohio a dévoilé au présentateur Sean Hannity les dessous du coup de fil qu'il a reçu de Donald Trump lui proposant le poste de vice-président. "Il m'a simplement dit : 'Ecoutez, je pense que nous devons sauver ce pays, que vous êtes l'homme qui peut m'aider de la meilleure façon (...). Vous pouvez m'aider à gagner. Vous pourriez m'aider dans certains Etats du Midwest comme la Pennsylvanie ou le Michigan'", rapporte le parlementaire.

Le colistier choisi par l'ex-magnat des affaires vise donc à séduire l'électorat de la classe moyenne et ouvrière blanche de la "Rust Belt" (la ceinture de la rouille). Cet ensemble d'Etats désindustrialisés, qui s'étend de la région des Grands Lacs à la Pennsylvanie, peut faire basculer le résultat du scrutin présidentiel le 5 novembre prochain. En 2020, Joe Biden avait réussi à s'imposer dans plusieurs de ces Etats clés comme le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie, trois territoires désormais dans le viseur de Donald Trump. 

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