Présidentielle américaine 2024 : élus, stars du cinéma, donateurs… Les appels au retrait de Joe Biden se multiplient dans son camp
A quatre mois de l'élection présidentielle américaine, Joe Biden joue sa survie politique à chaque apparition publique. Le locataire de la Maison Blanche, âgé de 81 ans, fait face à un nouveau test, jeudi 11 juillet, en donnant une conférence de presse, un exercice qu'il affectionne peu. A 23h30 (heure de Paris), au centre de conférences qui accueille cette semaine un sommet de l'Otan à Washington, le président démocrate devra faire preuve de répartie, s'exprimer clairement et d'une voix assurée, sans notes et sans prompteur.
C'est tout ce qui lui a manqué le 27 juin, lors d'un débat qui s'est révélé catastrophique pour lui face à son adversaire républicain Donald Trump. Malgré les doutes nés quant à sa capacité à l'emporter le 5 novembre puis à gouverner pendant quatre ans, le démocrate se dit "fermement décidé à rester dans la course". Joe Biden en est persuadé : l'électeur de base le soutient, et les discussions autour de sa candidature ne sont qu'élucubrations des "élites" politiques, des grands donateurs et des journalistes d'opinion, a-t-il affirmé dans une interview donnée lundi à MSNBC.
Pour autant, les appels à un retrait du président des Etats-Unis se multiplient. Franceinfo fait le point sur ces défections au sein de son camp.
Des élus démocrates
Peter Welch, élu du Vermont, est le premier sénateur démocrate à avoir explicitement appelé Joe Biden à "se retirer de la course" à la Maison Blanche "pour le bien du pays", dans une tribune publiée mercredi par le Washington Post. La veille, l'un de ses collègues, le sénateur du Colorado, Michael Bennet, avait affirmé que Joe Biden perdrait s'il restait dans la course et entraînerait avec lui les parlementaires démocrates en lice pour les élections législatives qui se tiendront en même temps que la présidentielle, en novembre. "Donald Trump est, je pense, sur la voie de la victoire et celle-ci pourrait être écrasante, avec le Sénat et la Chambre", a-t-il déclaré sur CNN, ajoutant que la Maison Blanche n'avait "rien fait" pour démontrer l'existence d'un plan de bataille pour gagner en novembre.
Le même jour, le média en ligne Axios affirmait que le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, avait signalé en privé à des donateurs qu'il était ouvert à l'idée de remplacer Joe Biden. Toutefois, dans un communiqué diffusé par son bureau dans la soirée, il a déclaré soutenir le président et être "déterminé à faire en sorte que Donald Trump soit battu en novembre".
Plusieurs élus démocrates de la Chambre des représentants, ont également fait part de leur inquiétude sur la candidature de Joe Biden : neuf d'entre eux ont publiquement demandé à ce que le président américain jette l'éponge, selon le décompte, en date de jeudi, du New York Times. Pat Ryan a franchi ce pas mercredi, au nom "de l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants".
Figure important du parti au XXIe siècle, l'ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a aussi invité avec insistance le président américain à "prendre une décision", sur la chaîne MSNBC. Sous-entendant que celle qu'il a déjà prise, à savoir rester dans la course, n'est forcément pas la bonne. D'autres au contraire, nombreux d'après les comptes du New York Times, se rangent derrière lui. C'est notamment le cas de deux figures de l'aile gauche du parti, qui ne partagent pas la même ligne politique que Joe Biden, la représentante Alexandria Ocasio-Cortez et le sénateur Bernie Sanders, rapporte NBC.
Des personnalités d'Hollywood
Des défections sont aussi apparues dans le monde du cinéma, jusqu'ici un relais médiatique et financier puissant pour Joe Biden. "J'aime Joe Biden. Mais il nous faut un autre candidat", a ainsi écrit mercredi l'acteur George Clooney dans le New York Times. Ce partisan du Parti démocrate rappelle avoir participé mi-juin à une soirée de levée de fonds pour le président américain : "C'est terrible à dire, mais le Joe Biden avec qui j'étais il y a trois semaines n'est pas le (...) Joe Biden de 2010. Ni même le Joe Biden de 2020. Il était le même homme que nous avons vu lors du débat" raté du 27 juin face à Donald Trump.
Le réalisateur Rob Reiner (Quand Harry rencontre Sally, Misery, Des hommes d'honneur) est allé dans le même sens, mercredi, sur X. "Nous aimons et respectons Joe Biden", mais "la démocratie fait face à une menace existentielle. Nous avons besoin de quelqu'un de plus jeune".
Interrogé mercredi dans le célèbre talk-show The View, l'acteur Michael Douglas s'est pour sa part dit "très très inquiet", ajoutant que les arguments de George Clooney étaient "valides". La productrice et héritière Abigail Disney a affirmé le 4 juillet sur CNBC qu'elle prévoyait de suspendre ses dons à la campagne démocrate tant que Joe Biden se maintiendrait.
Le comité de rédaction du "New York Times"
Le 28 juin, au lendemain du premier débat Biden-Trump, le comité de rédaction du journal américain New York Times a appelé le président à se retirer de la course. Dans un éditorial intitulé "pour servir le pays, le président Biden doit quitter la course", le quotidien a décrit Joe Biden comme étant "l'ombre d'un dirigeant", après que le président de 81 ans a "échoué à son propre test" lors du débat face à Donald Trump.
"M. Biden a été un président admirable. Sous son commandement, la nation a prospéré et a commencé à relever une série de défis à long terme, et les plaies ouvertes par M. Trump ont commencé à se refermer. Mais le plus grand service public que pourrait rendre aujourd'hui M. Biden serait d'annoncer qu'il ne se représentera pas à l'élection", a écrit le comité de rédaction, qui rassemble des éditorialistes de renom et qui est censé refléter les valeurs du média.
Des donateurs de la campagne
Alors qu'aux Etats-Unis, la majorité des ressources dont disposent les candidats à l'élection présidentielle proviennent des dons de leurs partisans, la chaîne NBC cite mercredi une source proche de la campagne de Joe Biden, selon laquelle les levées de fonds sont désormais "désastreuses". "L'apport d'argent s'est complètement arrêté", ajoute auprès de la chaîne une autre source proche du dossier.
Auprès de NBC, la porte-parole de la campagne de Joe Biden, Lauren Hitt, réfute toutefois l'idée d'une baisse des ressources financières. "En ce qui concerne la collecte de fonds auprès des citoyens, ce début de mois de juillet a été le meilleur pour la campagne", a-t-elle assuré. "Du côté des gros donateurs, nous avons également eu des gens qui ont atteint le maximum [légal] depuis le débat."
Après son débat raté, Joe Biden a pourtant tenté de rassurer les donateurs les plus généreux. "Je n'ai pas passé une bonne soirée, mais Trump non plus", a relaté le candidat démocrate lors d'une des collectes organisées dans les Etats de New York et du New Jersey, fin juin. "Je comprends votre inquiétude après le débat", a-t-il encore déclaré, tout en lançant : "Je vais me battre davantage."
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