UBS, la banque de tous les scandales
Depuis 2007 et la crise des subprimes, la banque suisse accumule les casseroles. Dernière en date, sa mise en examen pour "démarchage illicite" de Français fortunés.
La banque suisse UBS a été mise en examen dans la soirée du jeudi 6 juin pour "démarchage illicite". Une étape de plus dans sa descente aux enfers initiée avec la crise des subprimes. Francetv info revient sur ces agissements qui ont ébranlé l'établissement bancaire.
Démarcher de riches français
Dernière histoire en date, donc : UBS est soupçonnée d'avoir eu recours à un système destiné à convaincre des Français fortunés d'ouvrir des comptes non déclarés en Suisse, au début des années 2000. La mise en examen intervient six jours après celle de sa filiale française.
La banque aurait permis à ses commerciaux suisses de démarcher des clients en France (notamment à Roland-Garros), en violation de la législation, et d'avoir mis en place une double comptabilité pour masquer des mouvements de capitaux entre la France et la Suisse. Ces investigations sont nées en particulier d'une dénonciation d'anciens salariés, comme le montre France 24.
Une note anonyme transmise à l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP) détaille l'existence de "carnets du lait" entre 2002 et 2007. Ce système était destiné à enregistrer les ouvertures de comptes non déclarées en Suisse ou sur d'autres territoires réalisées par les commerciaux. Ces carnets se présentaient sous forme d'un cahier ou d'un fichier Excel.
Il permettait de ne pas laisser de trace dans le système informatique officiel de la banque, tout en garantissant le calcul des opérations des commerciaux pour leurs bonus de fin d'année, selon cette note.
La banque a par ailleurs été placée sous statut de témoin assisté pour blanchiment de démarchage illicite et blanchiment de fraude fiscale, et placée sous contrôle judiciaire avec une caution de 2,875 millions d'euros. Et en avril dernier, UBS était pointée du doigt dans l'Offshore Leaks, comme le relevait Presseurop, pour avoir incité ses clients à placer leur argent dans ses filiales situées dans des paradis fiscaux.
Abriter un compte non déclaré de Jérôme Cahuzac
Encore une affaire qui ne joue pas en faveur de l'image de la banque. Jérôme Cahuzac a été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale le 2 avril 2013.
A la mi-décembre 2012, celui qui était encore ministre du Budget annonçait avoir demandé à UBS de certifier qu’il n’a pas détenu de compte dans l’établissement. Refus d'UBS, qui explique qu’elle n’accède pas à ce type de requête, "par principe".
Mais les perquisitions menées en Suisse ont permis d'établir l'existence d'un compte bancaire non déclaré. Ce compte a été transféré au sein d'un autre établissement suisse, Reyl & Cie, pour être finalement déplacé dans une filiale de Julius Baer à Singapour.
Manipuler le Libor
Mercredi 19 décembre 2012, la banque était condamnée à payer une amende de 1,1 milliard d'euros pour avoir manipulé le Libor. Il s'agit du taux auquel les banques se prêtent de l'argent entre elles. Ce taux interbancaire – le plus important du monde – est établi quotidiennement par seize banques et sert de référence à plus de 350 000 milliards de dollars de produits financiers.
Comme l'expliquait Le Monde, "la manipulation était routinière et généralisée" au sein d'UBS. Courtiers et cadres haut placés se mettaient d'accord par courrier électronique ou simplement à l'oral. Barclays et une vingtaine d'autres banques étaient également mises en cause.
Etre victime d'un "Kerviel suisse"
Le 20 novembre 2012, Kweku Adoboli était reconnu coupable de fraude et condamné à sept ans de prison par un tribunal londonien. Cet ancien trader d'UBS a mis à mal la banque suisse avec des malversations s'élevant à 2,3 milliards de dollars.
L'accusation, qui l'a qualifié de "trader voyou", lui reprochait d'avoir dépassé les limites de courtage qui lui étaient fixées, en mettant sur pied des opérations fictives et en mentant à ses supérieurs pour chercher à faire progresser son bonus et ses perspectives de carrière.
Les agissements du trader avaient débuté en 2008 et duré jusqu'au moment de son arrestation, en pleine nuit, le 15 septembre 2011, dans son bureau de la City. Il a été surnommé le "Kerviel suisse", en référence au trader franças Jérôme Kerviel, qui avait fait perdre à la Société générale 4,9 milliards d'euros. UBS a dû payer 30 millions de livres (environ 37 millions d'euros) pour ne pas avoir repéré assez tôt les pertes causées par le trader.
Avoir aidé des Américains à échapper au fisc
En 2009, UBS se voit dans l'obligation de payer 780 millions de dollars à la justice américaine pour avoir aidé des contribuables américains à échapper au fisc, en dissimulant l'existence de comptes bancaires. La banque suisse a également accepté de révéler l'identité des clients qu'elle a aidés. Ce qui n'était pas évident, étant donné le secret bancaire cultivé par ce pays.
Perdre des milliards dans la crise des subprimes
Il s'agit de la plus grosse perte de ce fleuron de la finance suisse. La banque a perdu 50 milliards de dollars entre 2007 et 2008, rappelle Le Monde. "Elle crée une bad bank – littéralement, banque poubelle – pour isoler ces actifs toxiques", explique le quotidien. La Banque nationale suisse rachète 90% de ces actifs toxiques détenus par UBS, pour 54 milliards de dollars.
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