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Affaire Benalla : les questions et contradictions soulevées par l'interview de l'ancien garde du corps de Macron

Alexandre Benalla, l'ancien garde du corps d'Emmanuel Macron remercié pour avoir frappé un manifestant, s'est expliqué sur son geste dans un entretien au "Monde" paru jeudi.

Article rédigé par franceinfo
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Alexandre Benalla (à droite), le 1er mars 2017 aux côtés d'Emmanuel Macron au salon de l'Agriculture. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Il est sorti de son silence. Dans un entretien au Monde, publié jeudi 26 juillet, Alexandre Benalla est longuement revenu sur l'affaire qui porte son nom. L'ancien garde du corps d'Emmanuel Macron a été remercié la semaine dernière après les révélations du quotidien sur son comportement lors d'une manifestation du 1er-Mai où il a frappé violemment des manifestants.

S'il apporte des réponses, cet entretien pose aussi de nombreuses questions et fait émerger quelques contradictions. Franceinfo fait le point.

Le badge de l'Assemblée

Interrogé sur le fameux badge H, un sésame de haut niveau qui lui donnait accès à l'hémicycle de l'Assemblée nationale, Alexandre Benalla fait une réponse curieuse. "Je l’ai demandé tout simplement parce que j’aime aller à la salle de sport de l’Assemblée", assure-t-il. Une justification qui ne résiste pas au plan de l'Assemblée nationale, pointe une journaliste du Monde. Contactés par franceinfo, deux collaborateurs de l'Assemblée nationale indiquent qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un badge H pour accéder à la salle de sport.

Contacté par franceinfo, l'Assemblée nationale confirme qu'un simple badge de l'Association sportive et culturelle (ASCAN) permet d'accéder à la salle de sport pour les personnes externes. "Toutefois une personne disposant déjà d'un badge d'accès à l'Assemblée nationale délivré à un autre titre n'a pas besoin d'obtenir ce badge spécifique", indique-t-elle. En résumé, Alexandre Benalla pouvait se servir de son badge H pour aller à la salle de sport mais il n'était pas nécessaire d'avoir un badge de si haut niveau pour s'y rendre.

Les bagages des joueurs de l'équipe de France

C'est probablement la contradiction la moins importante de cet entretien. Interrogé sur l'épisode du bus des Bleus, Alexandre Benalla répond vivement à Christophe Castaner : "Je ne m'occupe pas des bagages des joueurs !". Le délégué général de La République en marche avait en effet expliqué le contraire sur BFMTV. Alexandre Benalla se défend également d'avoir demandé que le bus accélère pour que les joueurs soient à l'Elysée avant les journaux de 20 heures, comme l'indiquait Le Canard Enchaîné.

Son habilitation secret-défense :

Interrogé sur le fait qu'il était habilité "secret-défense", Alexandre Benalla répond qu'il s'agit d'une habilitation classique pour un membre du cabinet présidentiel. "Au cabinet, tout le monde est habilité", assure-t-il. Une affirmation qui surprend un ancien membre du cabinet de François Hollande à l'Elysée : c'est "du jamais vu si c'est le cas", s'est exclamé Romain Pigenel sur Twitter.

Ses liens avec la préfecture de police

Qui a autorisé Alexandre Benalla à "observer" la manifestation du 1er-Mai ? Le préfet de police, Michel Delpuech, a indiqué ne pas avoir été informé de cette invitation et a dénoncé un "copinage malsain". Le directeur de l'ordre public de la préfecture de police de Paris (DOPC), Alain Gibelin, a assuré que Benalla n'avait "aucune autorisation" d'être là.

L'intéressé renvoie la responsabilité à Laurent Simonin, chef d'état-major, qui l'a invité par SMS puis téléphone. "Contrairement à ce que dit le préfet de police, quand il parle de copinage malsain, je n’ai jamais pris une bière ou mangé au restaurant avec Laurent Simonin", précise-t-il. Alexandre Benalla explique un peu plus loin dans l'interview qu'Alain Gibelin était informé en amont de sa participation : à la fin d'un déjeuner, "il m’a demandé si je venais toujours le 1er mai et si j’avais reçu l’équipement que je devais recevoir".

La violence de son intervention

Invité à s'exprimer sur son intervention, Alexandre Benalla assure qu'"il n'y a aucun coup". Sur les images amateures, on le voit pourtant clairement assener plusieurs coups sur la tête du jeune homme, au sol, entouré de CRS, au moment où le chargé de mission de l'Elysée intervient. Un témoin, le photographe Naguib Michel Sidhom décrivait ainsi la scène : Alexandre Benalla "revient, attrape par derrière le garçon est lui assène des coups. Ces coups ont continué, y compris quand il était à terre, c'est-à-dire qu'il est relevé, remis à terre et de nouveau frappé."

Alexandre Benalla compare ensuite son geste à celui qu'il aurait effectué sur Emmanuel Macron lorsque celui-ci a reçu un œuf au salon de l'Agriculture. Une comparaison qui ne résiste pas aux images de cet incident.

Ses liens avec Gérard Collomb

Le ministre de l'Intérieur connaissait-il Alexandre Benalla ? Devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, Gérard Collomb a affirmé ne pas connaître "personnellement" le chargé de mission. Dans l'entretien au Monde, ce dernier glisse incidemment que le ministre le tutoie. "Gérard Collomb m’identifie visuellement, il sait que je travaille à la présidence de la République. Je peux le croiser deux, trois, quatre fois par semaine sur des déplacements ou quand il vient à la présidence. Alors, est-ce qu’on se connaît ? Visuellement, oui. Est-ce qu’il sait qui je suis et ce que je fais exactement ? Je n’en suis pas sûr", développe-t-il.

Sur sa présence à des réunions malgré sa suspension

Devant l'Assemblée nationale, Alain Gibelin avait assuré avoir croisé Alexandre Benalla à des réunions pendant sa suspension, avant de se rétracter. "Il ment (...) Je n’ai participé à aucune réunion, ni à la présidence de la République, ni par email, ni par téléphone", accuse le chargé de mission, avant de formuler une hypothèse : "Je pense qu’Alain Gibelin s’en veut de ne pas avoir prévenu le préfet de police (...) Il était parfaitement au courant et n'en a pas rendu compte à sa hiérarchie". Alexandre Benalla indique avoir passé une grande partie de sa suspension, du 4 au 15 mai, en Bretagne.

Sur les images de vidéosurveillance

Dans cette affaire, trois policiers ont été mis en examen pour détournement d'images issues d'une vidéo protection et violation du secret professionnel. Ils sont accusés d'avoir transmis à Alexandre Benalla les images de vidéosurveillance de l'intervention de la place de la Contrescarpe après la révélation du scandale. Sur ce point, le garde du corps assure qu'il n'a rien demandé.

Il indique qu'un contact à la préfecture de police l'a appelé pour lui proposer de lui fournir les images afin qu'il se défende. "Bien sûr que ça m’intéresse, si on peut prouver que les gens en face ne sont pas de simples passants mais des casseurs", commente Benalla. Un CD lui est alors donné en main propre. Alexandre Benalla assure qu'il ne l'a pas regardé et qu'il l'a transmis à un "conseiller communication" de l'Elysée. L'Elysée indique à franceinfo avoir simplement "procédé à un signalement auprès du procureur en signalant les faits". "Nous n'avons pas gardé de copie de ces images", assure le palais.

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